PARIS (AFP) - Un accord d'indemnisation entre Tripoli et les familles
des victimes de l'attentat de décembre 1989 contre un DC-10
de la compagnie française UTA, attribué à la
Libye, devrait être conclu vendredi ont annoncé jeudi
tant les responsables libyens que les familles des victimes.
Une délégation libyenne est arrivée vendredi
à 09h20 au siège d'un cabinet d'avocat parisien.
L'accord doit être signé avec la délégation
libyenne en fin de matinée, a annoncé à l'AFP
le porte-parole du collectif des familles, Guillaume Denoix de
Saint-Marc. Les familles devraient recevoir un million de dollars
par victime, selon une source proche des négociations.
"Nous sommes heureux d'être arrivés à
un accord qui met fin à plusieurs années de négociations",
a déclaré le directeur de la Fondation Kadhafi,
Abdu Salam, avant de pénétrer dans le cabinet d'avocat.
Il a par ailleurs fait part d'un accord passé avec les
familles pour l'organisation commune d'une cérémonie
sur les lieux de la catastrophe au Niger, qui, selon lui, symboliserait
la réconciliation entre les deux pays.
Selon une source diplomatique, la Libye aurait accepté
de verser par l'intermédiaire de la fondation Kadhafi un
million de dollars par famille des 170 victimes de l'attentat,
soit un total de 170 millions de dollars.
La France attendait depuis plusieurs mois un tel accord, alors
que les Etats-Unis, qui ont déjà obtenu une indemnisation
pour un attentat, également attribué à la
Libye, contre un avion de la compagnie américaine Panam,
ont par ailleurs obtenu, avec le concours de la Grande-Bretagne,
que Tripoli renonce à ses armes de destruction massive.
Cet accord franco-libyen devrait intervenir en marge d'une visite
du ministre libyen des Affaires étrangères dans
la capitale française, qui doit rencontrer vendredi son
homologue français Dominique de Villepin et le président
Jacques Chirac.
Le futur accord d'indemnisation, attendu depuis plusieurs mois,
a été annoncé jeudi au plus haut niveau du
régime libyen, puisque c'est l'un des fils du dirigeant
libyen Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, qui l'a indiqué
à l'AFP.
"Demain (vendredi), la Fondation (de bienfaisance Kadhafi)
et le collectif des familles des victimes vont signer un accord",
a déclaré Saïf al-Islam Kadhafi, président
de cette fondation qui représente la Libye dans cette affaire.
Le président du Sénat français (chambre
haute) Christian Poncelet a pour sa part annoncé, jeudi
également, que la question de l'indemnisation des victimes
du DC-10 d'UTA était "réglée",
à l'issue d'un entretien jeudi soir avec le ministre libyen
des Affaires étrangères Abdelrahmane Chalgham. "Si
Dieu le veut, demain à cette heure-ci, l'affaire de l'UTA
sera derrière nous", a confirmé M. Chalgham.
M. Chalgham s'est refusé à préciser le montant
des indemnisations accordées aux 170 victimes. "Laissez
nous quelque chose à dire demain à notre conférence
de presse", a-t-il dit.
Un accord sur l'indemnisation des victimes du DC-10 d'UTA "a
été trouvé" et devrait être signé
vendredi, a quant à lui affirmé jeudi le porte-parole
du collectif des familles, Guillaume Denoix de Saint-Marc.
Le ministre libyen des Affaires étrangères Abdelrahmane
Chalgham est arrivé jeudi à Paris où il a
débuté dès jeudi soir des entretiens avec
les responsables français à propos des relations
bilatérales et de l'affaire de l'UTA.
Le ministre libyen discutera "des moyens de renforcer les
relations entre les deux pays et évoquera entre autres
l'affaire de l'indemnisation" des familles des victimes de
l'attentat de décembre 1989 contre le DC-10 d'UTA au-dessus
du Niger, a-t-on indiqué à Tripoli.
La signature d'un accord d'indemnisation a été
ces derniers mois présentée à plusieurs reprises
comme imminente sans qu'elle se concrétise. L'attentat
contre le DC-10 d'UTA avait fait 170 morts de 17 nationalités,
dont 54 Français, en 1989, au-dessus du désert du
Ténéré, au Niger.
Un accord de principe avait été signé le
11 septembre entre les représentants des familles de victimes
et la Fondation Kadhafi, prévoyant un engagement à
conclure les négociations d'indemnisation dans un délai
d'un mois.
A la veille de l'expiration de ce délai, le président
Jacques Chirac avait rappelé à la Libye ses engagements,
avertissant que s'ils n'étaient pas tenus la France en
tirerait des conséquences "sans agressivité
et sans faiblesse". Cette mise en garde avait conduit à
une reprise du dialogue.
M. Chalgham, s'entretiendra avec M. de Villepin "vendredi
à 16H00 (15H00 GMT)" et les deux ministres tiendront
un point de presse commun "à l'issue de cet entretien"
une heure plus tard, a précisé jeudi le ministère
français des Affaires étrangères. |