PARIS (AFP) - Les familles de victimes du DC-10 d'UTA recevront
chacune 1 million de dollars par victime en quatre versements, a
annoncé vendredi à Paris, peu avant la signature de
l'accord, le porte-parole du collectif des familles, Guillaume Denoix
de Saint-Marc.
Au total, 42,5 million de dollars doivent être versés
ce jour. Les trois autres versements seront opérés
dans les six mois à venir, selon la même source.
"Le processus a été mis en place sans contrepartie",
a déclaré M. Denoix de Saint-Marc qui a évoqué
"un geste gratuit".
"Concernant les six Libyens dont un beau-frère du
président Kadhafi condamné à la perpétuité
en 1999, leur sort est laissé à la justice française
qui doit statuer en toute indépendance", selon la
même source.
Le mandat d'arrêt contre ces six Libyens court jusqu'en
2019.
Interrogé sur la plainte déposée par SOS
Attentats contre le président Kadhafi devant la Cour européenne
des Droits de l'Homme, M. Denoix de Saint-Marc a rappelé
que "normalement, SOS Attentats s'est engagé à
retirer cette plainte en cas d'accord".
Une délégation libyenne était arrivée
vendredi à 09h20 au siège d'un cabinet d'avocat
parisien.
"Nous sommes heureux d'être arrivés à
un accord qui met fin à plusieurs années de négociations",
a déclaré le directeur de la Fondation Kadhafi,
Abdu Salam, avant de pénétrer dans le cabinet d'avocat.
Il a par ailleurs fait part d'un accord passé avec les
familles pour l'organisation commune d'une cérémonie
sur les lieux de la catastrophe au Niger, qui, selon lui, symboliserait
la réconciliation entre les deux pays.
La France attendait depuis plusieurs mois un tel accord, alors
que les Etats-Unis, qui ont déjà obtenu une indemnisation
pour un attentat, également attribué à la
Libye, contre un avion de la compagnie américaine Panam,
ont par ailleurs obtenu, avec le concours de la Grande-Bretagne,
que Tripoli renonce à ses armes de destruction massive.
Cet accord franco-libyen devrait intervenir en marge d'une visite
du ministre libyen des Affaires étrangères dans
la capitale française, qui doit rencontrer vendredi son
homologue français Dominique de Villepin et le président
Jacques Chirac.
L'accord d'indemnisation, attendu depuis plusieurs mois, a été
annoncé jeudi au plus haut niveau du régime libyen,
puisque c'est l'un des fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi,
Saïf al-Islam, qui l'a indiqué à l'AFP.
Le président du Sénat français (chambre
haute) Christian Poncelet a pour sa part annoncé, jeudi,
que la question de l'indemnisation des victimes du DC-10 d'UTA
était "réglée", à l'issue
d'un entretien jeudi soir avec le ministre libyen des Affaires
étrangères Abdelrahmane Chalgham.
Le ministre libyen des Affaires étrangères Abdelrahmane
Chalgham est arrivé jeudi à Paris où il a
débuté dès jeudi soir des entretiens avec
les responsables français à propos des relations
bilatérales et de l'affaire de l'UTA.
Le ministre libyen discutera "des moyens de renforcer les
relations entre les deux pays et évoquera entre autres
l'affaire de l'indemnisation" des familles des victimes de
l'attentat de décembre 1989 contre le DC-10 d'UTA au-dessus
du Niger, a-t-on indiqué à Tripoli.
La signature d'un accord d'indemnisation a été
ces derniers mois présentée à plusieurs reprises
comme imminente sans qu'elle se concrétise. L'attentat
contre le DC-10 d'UTA avait fait 170 morts de 17 nationalités,
dont 54 Français, en 1989, au-dessus du désert du
Ténéré, au Niger.
Un accord de principe avait été signé le
11 septembre entre les représentants des familles de victimes
et la Fondation Kadhafi, prévoyant un engagement à
conclure les négociations d'indemnisation dans un délai
d'un mois.
A la veille de l'expiration de ce délai, le président
Jacques Chirac avait rappelé à la Libye ses engagements,
avertissant que s'ils n'étaient pas tenus la France en
tirerait des conséquences "sans agressivité
et sans faiblesse". Cette mise en garde avait conduit à
une reprise du dialogue.
M. Chalgham, s'entretiendra avec M. de Villepin "vendredi
à 16H00 (15H00 GMT)" et les deux ministres tiendront
un point de presse commun "à l'issue de cet entretien"
une heure plus tard, a précisé jeudi le ministère
français des Affaires étrangères. |