PARIS (AFP) - L'accord d'indemnisation des familles de victimes
de l'attentat du DC-10 d'UTA, signé vendredi à Paris
avec les Libyens, a levé le dernier obstacle à une
normalisation des relations entre Paris et Tripoli, quatorze ans
après l'attentat contre l'avion français attribué
à la Libye.
Cet accord "ouvre de nouvelles perspectives entre notre
pays et la Libye", a déclaré le ministre français
des Affaires étrangères, Dominique de Villepin lors
d'une conférence de presse tenue avec son homologue libyen
Abdelrahmane Chalgham.
"Il répond à l'exigence d'équité
qui est la notre depuis un an", a estimé le ministre
français. "Nos pensées vont avec émotion
aux victimes de cet attentat".
De son côté, M. Chalgham a déclaré
que "les relations bilatérales (entre la France et
la Libye) étaient bonnes : elles vont devenir excellentes".
Il a souhaité une relance des relations économiques
et notamment "une sorte de feuille de route pour les entreprises
françaises et libyennes en Libye".
M. Chalgham a aussi appelé à la collaboration des
deux pays dans la résolution des conflits africains.
L'accord portant sur le versement, en quatre fois, d'un million
de dollars pour chaque victime a été signé
vendredi matin à Paris entre les représentants des
familles et la fondation de bienfaisance libyenne Kadhafi.
Au total, la Libye s'est engagée à verser 170 millions
de dollars pour cet attentat perpétré en septembre
1989 et qui a fait 170 morts de 17 nationalités, dont 54
Français, lorsque l'appareil s'est écrasé
dans le désert du Ténéré (Niger).
La France est désormais favorable à une "normalisation
progressive" des relations entre l'Union européenne
et Tripoli, a souligné M. de Villepin à l'issue
d'un entretien avec son homologue libyen, tout en précisant
que cette normalisation à l'échelle de l'UE "nécessitera
le règlement de l'affaire relative à l'attentat
survenu en 1986 à la discothèque La Belle".
Trois personnes avaient été tuées et 260
autres blessées lors d'un attentat attribué à
la Libye en 1986 dans cet établissement de nuit de Berlin-Ouest
fréquenté essentiellement par les militaires américains.
Le gouvernement allemand attend toujours des "faits",
près de cinq mois après l'annonce de la Libye qu'elle
allait dédommager les victimes de l'attentat, a indiqué
vendredi le ministère allemand des Affaires étrangères.
Les Européens doivent par ailleurs décider collectivement
d'une levée de l'embargo sur les armes concernant la Libye,
selon le ministère français des Affaires étrangères.
La Libye, accusée dans le passé de soutenir le
terrorisme, n'a toujours pas effectué son retour définitif
au sein de la communauté internationale.
Si l'embargo concernant la Libye a été levé
en septembre dernier par le Conseil de Sécurité
de l'ONU, les Etats-Unis maintiennent leurs sanctions unilatérales
et l'inscription de la Libye sur leur listes des Etats qui soutiennent
le terrorisme.
Le président américain George W. Bush a prolongé
le 5 janvier dernier les sanctions américaines imposées
à la Libye depuis 1986, affirmant que Tripoli devait poursuivre
par des "mesures concrètes" sa politique d'ouverture
sur les armes non conventionnelles.
L'accord entre les familles des victimes du vol UT772 et la Fondation
Kadhafi demeure bien moins avantageux que celui conclu en août
dernier entre Washington, Tripoli et Londres, sur le versement
de quelque 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes
de l'attentat de Lockerbie (270 morts en décembre 1988),
soit dix millions de dollars par familles. |