Quinze ans après l'attentat contre le DC-10 d'UTA au-dessus
du désert du Ténéré, le dossier franco-libyen
devrait être réglé aujourd'hui par le biais
de deux accords. Les familles et la fondation Kadhafi doivent signer
un accord d'indemnisation d'un montant de 170 millions de dollars.
Le 2ème réglement serait politique entre la France
et la Libye. L'explosion DC-10 d'UTA le 19 septembre 1989, imputée
à six agents libyens, a fait 170 morts de 17 nationalités,
dont 54 Français.
Guillaume Denoix de Saint Marc, président du collectif des
familles du DC-10 d'UTA, qui représente près de 130
familles, a annoncé jeudi soir qu'un accord d'indemnisation
avait été trouvé avec la fondation Kadhafi,
présidée par le fils de Mouammar Kadhafi et chargée
du dossier par Tripoli. "L'essentiel a été réglé",
a-t-il expliqué. "Nous mettons en place la logistique
technique pour que la signature se fasse demain matin". Il
s'est refusé à donner le montant de l'accord mais
a précisé qu'il ne comportait aucune "contre-partie
sauf à se désister de toute action (en justice) dans
le futur".
De plus, le ministre libyen des Affaires étrangères,
Abderrahmane Chalgham, est arrivé jeudi en fin de journée
à Paris pour une visite officielle de deux jours. Il doit
être reçu vendredi après-midi par Dominique
de Villepin au Quai d'Orsay, où les deux hommes doivent
tenir une conférence de presse à 17h00. Abderrahmane
Chalgham est attendu ensuite à l'Elysée, où
il doit s'entretenir avec Jacques Chirac à 18h30.
En début de soirée, lors d'un entretien avec le
président du Sénat, le chef de la diplomatie libyenne
a confirmé à Christian Poncelet que deux accords
seraient signés vendredi. D'une part, les familles et la
fondation Kadhafi signeront un accord d'indemnisation d'un montant
de 170 millions de dollars, a-t-on appris au palais du Luxembourg.
Cette somme viendra s'ajouter à ce qui a déjà
été versé dans le cadre du procès
qui s'est tenu en 1999. Certains proches des victimes du vol UTA
avaient alors touché de 3.000 à 30.000 euros mais
une partie des familles n'a jamais été indemnisée.
"Le deuxième accord est politique entre la France
et la Libye", a-t-on ajouté dans l'entourage de Christian
Poncelet. Il sera signé par les deux ministres des Affaires
étrangères en fin d'après-midi.
"C'est une sorte de feuille de route qui va être signée
pour, à l'avenir, renforcer et relancer les relations entre
la France et la Libye", a-t-on précisé de même
source.
PROBLEMES TECHNIQUES A REGLER
Le Collectif des familles des victimes avait fait savoir jeudi
qu'une nouvelle séance de négociations entre les
délégations libyenne et française avait débuté
mardi en région parisienne.
SOS-Attentats, qui a représenté les familles en
justice, s'est réjouie de la "tournure officielle"
des événements. "C'est notre souhait depuis
le début que l'affaire soit prise au niveau gouvernementale",
a expliqué une responsable.
Les négociations sur le dossier du DC-10 ont été
relancées au mois d'août après le versement
par Tripoli de 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes
de l'attentat de Lockerbie (Ecosse) contre un Boeing de la Panam,
qui a fait 270 morts en décembre 1988. Un accord de principe
avait été trouvé entre SOS-Attentats, le
collectif et la fondation Kadhafi le 11 septembre dernier, ce
qui avait permis la levée des sanctions de l'Onu contre
la Libye.
La finalisation de l'accord aurait dû intervenir avant
le 11 octobre, mais les négociations ont connu depuis lors
plusieurs rebondissements. Deux séances de négociations
à Paris ont achoppé et Jacques Chirac est intervenu
personnellement fin octobre dans le dossier pour rappeler la Libye
à ses engagements. Le fils du colonel-président,
Seïf al-Islam, a réclamé des compensations,
en demandant notamment que soit trouvée une "solution"
pour les six Libyens condamnés par contumace en 1999 ainsi
qu'une indemnisation pour les familles de trois aviateurs libyens
tués par l'armée française dans les années
1980 au Tchad.
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