LEMONDE.FR | 08.01.04 | 20h38
• MIS A JOUR LE 09.01.04 | 12h42
Tripoli et les familles des victimes
ont conclu un accord vendredi. Le ministre des affaires étrangères
libyen, Abdelrahmane Chalgham, s'entretiendra à Paris avec
Jacques Chirac.
Un accord d'indemnisation d'un montant total
de 170 millions de dollars (134 millions d'euros) a été
conclu, vendredi 9 janvier, entre Tripoli et les familles des
victimes de l'attentat de décembre 1989 contre un DC-10
de la compagnie française UTA, attribué à
la Libye. La France attendait depuis plusieurs mois un tel événement,
alors que les Etats-Unis ont déjà obtenu une indemnisation
pour un attentat contre un avion de la compagnie américaine
PanAm, également attribué à la Libye. Un
quart de la somme sera versé immédiatement, avant
trois autres paiements étalés sur six mois, a-t-on
appris auprès des familles.
L'accord a été paraphé peu après
11 h 10 par Guillaume Denoix de Saint-Marc, porte-parole du collectif
des familles françaises des victimes de l'attentat du DC-10
d'UTA, Me Francis Szpiner, représentant l'organisation
SOS-Attentats, le directeur de la fondation Kadhafi, Saleh Abdoul
Salam, un représentant de la Caisse des dépôts
et consignations (CDC), Pierre Ducret, et un notaire. Dix-sept
personnes représentant onze familles ont assisté
à la cérémonie dans un cabinet d'avocat du
8e arrondissement de Paris.
"C'est un geste gratuit (de la fondation Kadhafi) et
donc un signe de reconnaissance, de réparation de la part
du peuple libyen", a dit Guillaume Denoix de Saint Marc.
Il a insisté sur le fait qu'il n'y avait "aucune
contrepartie" à cet accord.
Cet accord franco-libyen s'est conclu en marge d'une visite du
ministre des affaires étrangères libyen vendredi
dans la capitale française. Il a été annoncé
jeudi par Saïf Al-Islam, l'un des fils du dirigeant Mouammar
Kadhafi, qui préside la fondation de bienfaisance Kadhafi
représentant la Libye dans cette affaire. "(Vendredi),
la fondation et le collectif des familles des victimes vont signer
un accord", avait-il déclaré.
INTERVENTION DU CHEF DE L'ÉTAT
Jeudi soir, Guillaume Denoix de Saint-Marc avait affirmé
qu'un accord "avait été trouvé"
et devrait être signé vendredi. Plus tôt
jeudi, il avait indiqué que "les discussions étaient
constructives, mais (qu') il y avait encore des problèmes
lourds à résoudre", sans préciser
la nature de ces difficultés.
Le ministre des affaires étrangères libyen, Abdelrahmane
Chalgham, a quitté jeudi Tripoli pour Paris, où
il s'entretiendra avec les responsables français des relations
bilatérales et de l'affaire de l'UTA. M. Chalgham rencontrera
Dominique de Villepin et sera reçu par le chef de l'Etat,
Jacques Chirac, a-t-on précisé de source officielle
française. Le ministre libyen discutera "des moyens
de renforcer les relations entre les deux pays et évoquera
entre autres l'affaire de l'indemnisation" des familles
des victimes de l'attentat qui avait eu lieu au-dessus du désert
du Ténéré, au Niger, a-t-on ajouté
de source libyenne. 170 personnes de 17 nationalités, dont
54 Français, y avaient péri.
La signature d'un accord d'indemnisation a été
ces derniers mois présentée à plusieurs reprises
comme imminente sans qu'elle se concrétise. Un accord de
principe avait été signé le 11 septembre
entre les représentants des familles de victimes et la
fondation Kadhafi, prévoyant un engagement à conclure
les négociations d'indemnisation dans un délai d'un
mois. A la veille de l'expiration de ce délai, le président
Jacques Chirac avait rappelé à la Libye ses engagements,
avertissant que s'ils n'étaient pas tenus, la France en
tirerait des conséquences "sans agressivité
et sans faiblesse". Cette mise en garde avait conduit
à une reprise du dialogue.
Hassouna Al-Chaouch, le porte-parole du ministère des
affaires étrangères libyen, avait estimé
qu'"avec cet accord, l'affaire sera définitivement
close", et que "plus rien ne viendra affecter les
relations entre la Libye et la France".
Avec AFP
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