Rencontre de MM. Dominique de Villepin et Abdulrahman Chalgham
Point de presse du ministre, M. Dominique
de Villepin,
à l'issue de son entretien avec son homologue Libyen, M.
Abdulrahman Chalgham
(Paris, le 9 janvier 2004)
Au terme de notre entretien et après la signature que nous
venons d'effectuer de la déclaration conjointe franco-libyenne,
je suis heureux de saluer mon homologue, M. Chalgham. C'est un
moment important qui ouvre de nouvelles perspectives pour la relation
entre nos deux pays, la France et la Libye.
Cette déclaration intervient après l'accord conclu
ce matin entre les représentants des familles des victimes
de l'attentat d'UTA et de la Fondation Kadhafi, dont je me réjouis.
Les représentants des deux parties, qui sont présents
ici, se sont déjà exprimés sur ce texte.
Nos pensées vont en ce moment avec émotion aux victimes
de cet attentat. Cet accord va contribuer de manière significative
au règlement de cette douloureuse affaire.
Le résultat qui a été obtenu répond
à l'exigence d'équité qui est la nôtre
depuis un an. Les familles de toute nationalité vont pouvoir
bénéficier d'une indemnisation additionnelle d'un
million de dollars chacune. Conformément à leurs
engagements d'octobre 2002, les autorités libyennes appliqueront
par ailleurs les décisions de la justice française,
concernant les personnes non-indemnisées en 1999.
L'ensemble de notre relation entre la France et la Libye va donc
bénéficier d'une nouvelle dynamique. C'est une nouvelle
étape qui s'ouvre.
Nous mènerons en particulier, nous en avons discuté
avec M. Chalgham, un dialogue politique approfondi en faveur de
la paix et, notamment en faveur du développement du continent
africain :
La France et la Libye auront à cœur de contribuer
au règlement des crises, dans la transparence et l'ouverture.
Elles pourront étudier leur participation commune à
des projets de coopération.
Nous continuerons à promouvoir également le dialogue
5+5 qui regroupe l'Europe du Sud et le Maghreb, à un moment
où la Libye va exercer la présidence de l'Union
du Maghreb Arabe.
Nos relations bilatérales vont pouvoir connaître
des développements nouveaux : je pense à notre coopération
technique pour la formation des responsables, l'enseignement du
français, l'environnement, ou encore le patrimoine. Je
pense aux entreprises françaises qui pourront participer
pleinement au mouvement d'ouverture économique mené
par le Premier ministre libyen, M. Ghanem.
Nous sommes favorables à une normalisation progressive
des relations entre l'Union européenne et la Libye. Elle
nécessitera le règlement de l'affaire relative à
l'attentat survenu en 1986 dans la discothèque La Belle
à Berlin. Nous estimons par ailleurs que la Libye - et
je l'ai réaffirmé à M. Chalgham - a une vocation
naturelle à adhérer au Processus de Barcelone.
Dans le domaine multilatéral, nous voulons avancer. A cet
égard je salue de nouveau la décision annoncée
le 19 décembre dernier par Tripoli de renoncer à
tout programme d'acquisition d'armes de destruction massive. Nous
sommes maintenant prêts à aider la Libye à
entamer ou à poursuivre les procédures nécessaires
dans les enceintes appropriées, notamment en ce qui concerne
le domaine nucléaire.
Dans le domaine des droits de l'homme, nous resterons également
vigilants.
Enfin, dans celui de la lutte collective contre le terrorisme
international, la France et la Libye souhaitent s'engager ensemble
de manière encore plus déterminée.
Ces relations rénovées devront être fondées
sur la clarté et sur la confiance. Nos deux pays ont vocation
à travailler ensemble, dans la double perspective de la
réintégration de la Libye au sein de la communauté
internationale et de son rapprochement avec l'Europe.
Voilà maintenant de nombreuses années que ce processus
est engagé. Nous sommes heureux de franchir une nouvelle
étape. Vous connaissez les liens de l'histoire, de la géographie,
de la culture qui unissent nos deux peuples, nos deux pays, et
nous sommes heureux de pouvoir aborder maintenant cette nouvelle
étape. Je laisse donc la parole à M. Chalgham, mon
collègue libyen.
Etes-vous satisfaits des engagements pris par la Libye en
matière de terrorisme?
Vous avez entendu la déclaration de M. Chalgham comme vous
avez entendu au cours des derniers mois les engagements qui ont
été pris par la Libye. Ces engagements remontent
au 11 septembre 2001, puisque la Libye juste après les
attentats était amenée à prendre une position
très forte sur cette question du terrorisme. C'est bien
sûr notre souhait que d'accomplir, d'engager, d'accompagner
cette coopération et je crois que tout ce qui a été
fait au cours des derniers mois, en particulier avec nos partenaires
britanniques et américains, a fait l'objet d'un travail
très soigneux conduisant à ces engagements pris
en commun avec la Libye sur la prolifération.
Notre souhait, c'est bien évidemment, que toute la Communauté
internationale puisse accompagner ces engagements et faire en
sorte qu'on entre dans une étape nouvelle. Donc je pense
que des progrès très forts ont été
accomplis au cours des derniers mois.
Dans le cadre du règlement de l'affaire Lockerbie comme
de l'affaire UTA, vous le savez, tout ceci a été
situé dans un contexte international qui a conduit à
des résolutions des Nations unies, a une décision
globale de la Communauté internationale, parallèlement,
vous le savez du côté français, une négociation
a été conduite entre les familles des victimes qui
sont représentées ici ainsi que la Fondation Kadhafi.
Et le règlement supplémentaire de cette indemnisation
qui a été décidé l'a été
directement dans un cadre privé entre la Fondation Kadhafi
et les familles françaises. Il s'agit donc bien d'une déclaration,
d'un accord signé entre les familles des victimes et la
Fondation. Pour le reste, nous nous situons dans le cadre des
relations bilatérales entre la France et la Libye, donc
au-delà de cet accord conclu entre la Fondation et les
familles des victimes qui ont convenu, ensemble avec la Libye,
des termes d'un accord concernant la triste affaire de l'attentat
UTA.
La justice française avait condamné
les 6 ressortissants libyens par contumace. Est-ce que la Libye
vous a demandé quelque chose de précis concernant
ce jugement, spécialement M. Sanoussi, qui est le beau-frère
du colonel Kadhafi ?
En ce qui concerne le point que vous avez évoqué,
les 6 ressortissants libyens condamnés par contumace, comme
vous le savez, la procédure judiciaire engagée en
France a conduit à la condamnation en mars 1999, par la
Cour d'Assises de Paris, de six responsables libyens, dans l'attentat
commis contre le vol UTA. Ces individus font l'objet, depuis lors,
de mandats internationaux qui demeurent valables en ce qui concerne
la France.
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