PARIS (Reuters) - Jacques Chirac a exprimé vendredi l'espoir
que 2004 marque la reprise de "relations cordiales et confiantes"
entre la Libye et la France après le règlement du
contentieux sur le dossier du DC-10 d'UTA.
"Le président de la République s'est dit heureux
du règlement du contentieux lié à l'affaire
UTA. Il a exprimé l'espoir que l'année 2004 soit
l'année de la reprise des relations cordiales et confiantes
entre la Libye et la France", a rapporté sa porte-parole,
Catherine Colonna, à l'issue d'un entretien à l'Elysée
entre le chef de l'Etat et le ministre libyen des Affaires étrangères,
Abderrahmane Chalgham.
Ce dernier a salué "un nouveau départ",
après un entretien de près de trois quarts d'heure.
"Il n'y avait pas de désaccord entre la France et
la Libye. Les relations et les contacts existaient toujours, étaient
continus", a-t-il souligné.
"Aujourd'hui, l'affaire UTA est derrière nous, aujourd'hui,
nous considérons que nous allons prendre un nouveau départ
dans les relations bilatérales dans tous les domaines entre
la France et la Libye", a ajouté le chef de la diplomatie
libyenne.
Prié de dire si une visite en France du dirigeant libyen,
le colonel Mouammar Kadhafi, était envisageable, il a répondu:
"Pourquoi pas ? Cependant, le colonel Kadhafi préfère
rester dans le désert entre ses livres et ses chameaux".
Le ministre français des Affaires étrangères,
Dominique de Villepin, et son homologue libyen avaient auparavant
signé une déclaration conjointe en vue de relancer
les relations bilatérales et le dialogue "5+5",
quelques heures après la conclusion d'un accord sur l'indemnisation
des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA
en septembre 1989.
"La France et la Libye s'engagent en particulier à
coordonner leur action pour contribuer à la paix, à
la stabilité et au respect du droit international",
précise la déclaration.
Paris et Tripoli "poursuivront, dans le même esprit,
le travail déjà engagé à travers le
dialogue 5+5 (...) et l'approfondissement d'une concertation active
entre le nord et le sud de la Méditerranée occidentale".
"NOUVELLES PERSPECTIVES"
"C'est un moment important qui ouvre de nouvelles perspectives
pour les relations entre nos deux pays (...) L'ensemble de notre
relation va bénéficier d'une nouvelle dynamique.
C'est une nouvelle étape qui s'ouvre", a estimé
Dominique de Villepin.
Le forum "5+5", créé en 1990, réunit
cinq Etats du sud de l'Europe (Portugal, Espagne, France, Italie,
Malte) et les cinq Etats membres de l'Union du Maghreb arabe (Maroc,
Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie).
Le choix de la Libye de régler le dossier Lockerbie, l'affaire
UTA, la question des armes de destruction massive ainsi que les
réformes économiques qu'elle a lancées "forme
un tout sur le plan politique pour avoir une Libye moderne qui
soit un exemple dans la région", a souligné
pour sa part Abderrahmane Chalgham.
Depuis plusieurs mois, en particulier depuis l'accord conclu
cet été entre Tripoli, Washington et Londres, sur
l'indemnisation des victimes de l'attentat de Lockerbie (270 morts
en décembre 1988), la Libye multiplie les initiatives pour
normaliser ses relations avec les pays occidentaux.
Fin décembre, elle a annoncé l'abandon de son programme
d'armes de destruction massive, à la suite de négociations
secrètes avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Selon
le ministère libyen des Affaires étrangères,
de nouvelles discussions tripartites sont prévues cette
semaine à Londres.
Une étape supplémentaire avait été
franchie jeudi, Israël se disant prêt au dialogue avec
la Libye si Tripoli renonce au terrorisme et détruit son
arsenal non conventionnel. Plusieurs rencontres secrètes
israélo-libyennes auraient eu lieu fin décembre,
ce que Tripoli a toutefois démenti, et le chef de la diplomatie
libyenne de nouveau à Paris.
"Aucun contact, à quelque niveau que ce soit, ne
peut se tenir sans le ministre des Affaires étrangères",
a-t-il dit, en dénonçant des "rumeurs".
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