PARIS (AP) - Premier pas important dans la normalisation des relations
entre Paris et Tripoli. Jacques Chirac a reçu lundi à
l'Elysée le Premier ministre libyen Choukri Ghanem, qui entamait
une visite officielle de trois jours marquant une nouvelle étape
dans le réchauffement entre les deux pays.
C'est la signature de l'accord sur l'indemnisation des victimes
du DC-10 d'UTA le 9 janvier dernier, et la décision du
colonel Kadhafi de renoncer à tous ses programmes d'armes
de destruction massive, annoncée en décembre, qui
a permis d'entamer cette normalisation. Les relations ont pu être
relancées sur de nouvelles bases, précisait-on à
l'Elysée.
A l'occasion de l'entretien, qui a duré un peu moins d'une
heure, l'Elysée a précisé que le principe
d'une visite de Jacques Chirac en Libye avait été
"accepté", mais "aucune date fixée".
Le président français lui a fait savoir que cette
visite aurait lieu "très bientôt", a précisé
pour sa part Choukri Ghanem.
L'invitation du Guide de la révolution libyenne à
Jacques Chirac lui avait été transmise par son fils
Saïf al-Islam, l'un des artisans de l'accord de règlement
sur UTA, lors de sa visite début mars à Paris.
Quant à une éventuelle visite du colonel Kadhafi
en France, elle ne pourra intervenir qu'après la venue
de Jacques Chirac en Libye, avait précisé à
l'époque Saïf Al-Islam.
Lundi, le Premier ministre libyen s'est ensuite rendu à
l'Hôtel Matignon, où il a signé plusieurs
accords économiques et de coopération, avant de
dîner avec ses hôtes.
Les accords signés lundi avec le Premier ministre Jean-Pierre
Raffarin visent notamment à favoriser les investissements
réciproques, en leur donnant un environnement juridique
plus sûr. La Libye, qui avait accumulé une dette
de 44,4 millions d'euros à l'égard de la compagnie
française d'assurance-crédit à l'export COFACE,
a accepté lundi de s'acquitter de sa dette. Les deux pays
souhaitent également intensifier leurs relations dans les
domaines du pétrole, du gaz et de l'électricité,
mais aussi du tourisme.
Les ministres des Finances de deux pays doivent se rencontrer
pour discuter du développement de la coopération
économique entre les deux pays.
Paris et Tripoli entendent par ailleurs renforcer leur coopération
en matière culturelle, scientifique et technique. Ils envisagent
notamment, à terme, la création d'un centre culturel
libyen à Paris. L'accueil des étudiants libyens
en France sera aussi facilité.
"Nos deux pays coopèrent. Nous avons quasiment les
mêmes vues au sujet des différents problèmes,
que ce soit au Proche-Orient ou en Irak", a déclaré
le Premier ministre libyen.
"Les relations économiques entre la Libye et la France
sont en plein développement et en pleine évolution",
a ajouté M. Ghanem, qui a aussi voulu remercier le président
français sur ses prises de position sur les Palestiniens
et sur l'Irak.
Au cours de sa visite, il se rendra également à
Toulouse, et rencontrera mercredi le chef de la diplomatie française
Michel Barnier.
Dans le même temps, à Bruxelles, des responsables
de l'UE et du gouvernement belge ont expliqué être
en pourparlers avec la Libye sur une éventuelle visite
au siège de l'Union européenne du dirigeant libyen,
mais précisé qu'aucune date n'avait été
fixée.
En revanche, le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères Rudy Huygelen a démenti des informations
publiées dans la presse selon lesquelles cette visite aurait
lieu le 27 avril. "Cela n'est pas confirmé",
a-t-il dit.
En janvier, après l'annonce choc de Tripoli et sa décision
d'ouvrir son pays aux inspections en matière nucléaire,
le président de la Commission Romano Prodi avait invité
le colonel Kadhafi à venir à Bruxelles. Mais on
précisait lundi à la commission que la date en est
toujours en discussion.
Rudy Huygelen a en revanche précisé que si le dirigeant
libyen venait à Bruxelles pour des discussions à
l'UE, il aurait aussi des entretiens bilatéraux avec les
dirigeants belges.
Tripoli n'a pas reconnu formellement sa responsabilité
dans l'attentat du vol 772 d'UTA, le 19 septembre 1989 au-dessus
du Niger, qui avait fait 170 morts.
AP
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