BRUXELLES (AFP) - Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi effectue
mardi une visite officielle en Belgique et auprès de la
Commission européenne, son premier voyage en dehors du
continent africain et du Moyen-Orient depuis près de quinze
ans.
Le chef de l'Etat libyen, qui retrouve peu à
peu grâce aux yeux de la communauté internationale,
aura des entretiens mardi matin et au déjeuner avec le
président de la Commission européenne Romano Prodi
et des commissaires européens.
Il sera ensuite reçu dans la soirée avec tous
les honneurs au Palais d'Egmont, à Bruxelles, par le Premier
ministre belge Guy Verhofstadt, suivi d'un diner officiel en présence
de représentants du monde politique et économique.
"Le président Prodi a travaillé d'arrâche-pied
sur ce dossier depuis le début de son mandat (...) et attend
avec impatience une telle visite", a affirmé lundi
son porte-parole Reijo Kemppinen, en rappelant que les deux hommes
entretenaient une relation privilégiée depuis longtemps.
Il n'était pas immédiatement clair s'il y aurait
une conférence de presse commune à l'issue de cette
rencontre, les deux parties ayant prévu de faire "une
déclaration" à la forme encore non précisée,
selon le porte-parole.
Sur le fond, cette visite -- la première du dirigeant
libyen auprès de la Commission européenne --, "suit
une accélération des relations bilatérales
entre les Etats membres de l'UE et la Libye", a relevé
M. Kemppinen.
Plusieurs dirigeants européens, dont le chef du gouvernement
italien Silvio Berlusconi et le Premier ministre britannique Tony
Blair, se sont en effet récemment rendus en Libye.
L'essentiel des discussions tournera autour de l'entrée
éventuelle de la Libye, comme elle le souhaite, dans le
partenariat Euromed qui lie l'UE aux pays du pourtour méditerranéen,
a-t-on souligné de même source.
Tripoli reste le seul pays de cette région à ne
pas avoir de relations formelles avec l'UE.
La normalisation complète des relations -- et notamment
la levée d'un embargo européen sur les ventes d'armes
-- dépend toutefois encore du règlement du dossier
de l'attentat anti-américain de la discothèque "La
Belle" à Berlin en 1986, qui avait fait trois morts
et 260 blessés.
Des négociations sont en cours pour un dédommagement
des victimes, promis par la Libye en août 2003.
La dernière visite officielle du dirigeant libyen hors
des pays d'Afrique et du Proche-Orient remonte à 1989,
lorsqu'il avait participé à Belgrade à un
sommet des pays non-alignés.
La Libye sort peu à peu de son isolement international
depuis qu'elle a accepté, en août 2003, de reconnaître
formellement sa responsabilité dans l'attentat contre un
Boeing de la Panam au-dessus de Lockerbie (Ecosse), qui avait
tué 270 personnes le 21 décembre 1988.
Par ailleurs, Tripoli a signé avec Paris un accord sur
l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat contre
un DC-10 d'UTA en 1989 (170 morts).
La Libye, qui a été considérée pendant
longtemps comme faisant partie des Etats "voyous", a
également annoncé le démantèlement
sous contrôle international de son programme d'armes de
destruction massive, amenant Washington a annoncer la semaine
dernière l'assouplissement de ses sanctions économiques.
La visite du dirigeant libyen à Bruxelles est prévue
de durer jusqu'à mercredi où il aura des entretiens
avec des hommes d'affaires belges et se rendra au Parlement du
royaume, a indiqué lundi le ministère des Affaires
étrangères.
Comme la plupart des dignitaires étrangers en visite d'Etat
en Belgique, M. Kadhafi résidera au château du Val
Duchesse, dans l'agglomération de Bruxelles, où
il est prévu d'y installer une grande tente. De source
officielle à Tripoli, le dirigeant a également prévu
d'emmener avec lui ses femmes gardes du corps.
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