Par Lisa Jucca
BRUXELLES (Reuters) - Poursuivant ses efforts pour sortir la
Libye d'un long isolement diplomatique, le colonel Mouammar Kadhafi
effectue mardi sa toute première visite au siège
de l'Union européenne à Bruxelles, où il
cherchera à obtenir que Tripoli soit admis au sein du partenariat
Euro-Méditerranée.
Cette visite historique - la première de Kadhafi en Europe
depuis 1989 - couronne les efforts de la Libye pour se réinsérer
dans le concert des nations, après les accords conclus
par Tripoli pour verser des indemnités aux familles des
victimes des attentats de Lockerbie et contre un avion d'UTA,
et après l'annonce spectaculaire, à la fin de l'an
dernier, du renoncement du régime libyen à tout
programme d'armes de destruction massive.
Le Premier ministre britannique, Tony Blair, a déjà
voulu saluer personnellement ces efforts de rapprochement en effectuant
lui-même une visite en Libye, fin mars, la première
d'un dirigeant occidental dans cette ex-colonie italienne depuis
son accession à l'indépendance, en 1951.
A Bruxelles, le président de la Commission européenne,
Romano Prodi, accueillera sur un tapis rouge son hôte libyen,
lequel rencontrera l'exécutif européen au grand
complet, ainsi que le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt.
Sa visite, a estimé le porte-parole de la Commission européenne,
Reijo Kemppinen, confirmera la volonté de la Libye de se
tourner vers l'Europe, dans le contexte du "processus de
Barcelone", ainsi que l'Union européenne nomme le
pacte commercial et culturel et le dialogue politique noué
entre elle et onze pays des rivages sud et est de la Méditerranée.
DÉCOURAGER L'OPPOSITION AU RÉGIME
Toutefois, a-t-il ajouté, tous les problèmes ne
sont pas aplanis pour la Libye, qui doit encore régler
ses contentieux avec l'Allemagne et la Bulgarie. L'Allemagne exige
des dédommagements pour l'attentant, attribué aux
services libyens et commis en 1986 contre la boîte de nuit
berlinoise "La Belle", fréquentée par
des soldats américains.
Le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, a déclaré
à la presse à Luxembourg que des négociations
étaient en cours avec Tripoli et, a-t-il ajouté,
"sans vouloir faire montre d'un optimisme excessif, je pense
que les chances de parvenir à un règlement sont
bonnes".
Sofia réclame de son côté la libération
de six médecins bulgares emprisonnés en Libye depuis
1999.
La justice libyenne, qui les accuse d'avoir délibérément
contaminé 426 enfants avec le virus VIH, doit rendre son
verdict le 6 mai, alors même que les ministres des Affaires
étrangères du partenariat Euro-Méditerranée
seront réunis à Dublin.
L'adhésion de la Libye au processus de Barcelone doit
être adoptée à l'unanimité.
A Tripoli, les autorités libyennes ont estimé que
la visite bruxelloise du colonel Kadhafi participait d'une rapide
normalisation des relations avec l'Occident et consacrerait le
retour de leur pays au sein de la communauté internationale.
Elles espèrent bien aussi que ce retour en grâce
de la Libye sur la scène internationale fera perdre aux
opposants au régime - dans le pays comme en exil - tout
espoir de défier sérieusement le pouvoir du chef
de la révolution libyenne.
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