victimes attentat

(lundi 26 avril 2004, 21h31)

Kadhafi entend sceller à Bruxelles le rapprochement avec l'UE


Par Lisa Jucca

BRUXELLES (Reuters) - Poursuivant ses efforts pour sortir la Libye d'un long isolement diplomatique, le colonel Mouammar Kadhafi effectue mardi sa toute première visite au siège de l'Union européenne à Bruxelles, où il cherchera à obtenir que Tripoli soit admis au sein du partenariat Euro-Méditerranée.

Cette visite historique - la première de Kadhafi en Europe depuis 1989 - couronne les efforts de la Libye pour se réinsérer dans le concert des nations, après les accords conclus par Tripoli pour verser des indemnités aux familles des victimes des attentats de Lockerbie et contre un avion d'UTA, et après l'annonce spectaculaire, à la fin de l'an dernier, du renoncement du régime libyen à tout programme d'armes de destruction massive.

Le Premier ministre britannique, Tony Blair, a déjà voulu saluer personnellement ces efforts de rapprochement en effectuant lui-même une visite en Libye, fin mars, la première d'un dirigeant occidental dans cette ex-colonie italienne depuis son accession à l'indépendance, en 1951.

A Bruxelles, le président de la Commission européenne, Romano Prodi, accueillera sur un tapis rouge son hôte libyen, lequel rencontrera l'exécutif européen au grand complet, ainsi que le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt.

Sa visite, a estimé le porte-parole de la Commission européenne, Reijo Kemppinen, confirmera la volonté de la Libye de se tourner vers l'Europe, dans le contexte du "processus de Barcelone", ainsi que l'Union européenne nomme le pacte commercial et culturel et le dialogue politique noué entre elle et onze pays des rivages sud et est de la Méditerranée.

DÉCOURAGER L'OPPOSITION AU RÉGIME

Toutefois, a-t-il ajouté, tous les problèmes ne sont pas aplanis pour la Libye, qui doit encore régler ses contentieux avec l'Allemagne et la Bulgarie. L'Allemagne exige des dédommagements pour l'attentant, attribué aux services libyens et commis en 1986 contre la boîte de nuit berlinoise "La Belle", fréquentée par des soldats américains.

Le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, a déclaré à la presse à Luxembourg que des négociations étaient en cours avec Tripoli et, a-t-il ajouté, "sans vouloir faire montre d'un optimisme excessif, je pense que les chances de parvenir à un règlement sont bonnes".

Sofia réclame de son côté la libération de six médecins bulgares emprisonnés en Libye depuis 1999.

La justice libyenne, qui les accuse d'avoir délibérément contaminé 426 enfants avec le virus VIH, doit rendre son verdict le 6 mai, alors même que les ministres des Affaires étrangères du partenariat Euro-Méditerranée seront réunis à Dublin.

L'adhésion de la Libye au processus de Barcelone doit être adoptée à l'unanimité.

A Tripoli, les autorités libyennes ont estimé que la visite bruxelloise du colonel Kadhafi participait d'une rapide normalisation des relations avec l'Occident et consacrerait le retour de leur pays au sein de la communauté internationale.

Elles espèrent bien aussi que ce retour en grâce de la Libye sur la scène internationale fera perdre aux opposants au régime - dans le pays comme en exil - tout espoir de défier sérieusement le pouvoir du chef de la révolution libyenne.

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