BERLIN (AFP) - Un accord a été conclu mardi sur
un dédommagement de 35 millions de dollars (28 millions
d'euros) pour les victimes non américaines de l'attentat
à la discothèque "La Belle" en 1986 à
Berlin-Ouest, levant un des derniers obstacles à la réintégration
de la Libye dans la communauté internationale.
Depuis janvier dernier, sept séries de négociations
ardues entre leurs avocats et une délégation libyenne,
s'étaient succédé en vue d'une indemnisation
des victimes de cet attentat meurtrier, qui selon l'enquête
allemande avait été planifié depuis l'ambassade
de Libye à Berlin-Est.
Un mémorandum d'accord a été paraphé
et l'accord définitif sera signé à Tripoli
le 3 septembre, a annoncé le directeur de la Fondation
Kadhafi, Salah Abdel Salam.
La Fondation dirigée par un fils du numéro un
libyen, Seïf al-Islam Kadhafi, avait proposé en
août 2003 à titre de "geste humanitaire"
de dédommager les victimes, bien que Tripoli n'ait jamais
reconnu sa responsabilité, mais les sommes qu'elle proposait
étaient jugées insuffisantes.
Le gouvernement allemand a aussitôt exprimé sa
vive satisfaction, et en a tiré les conséquences,
annonçant que le chancelier Gerhard Schroeder avait accepté
une invitation du chef de la révolution libyenne à
se rendre assez vite à Tripoli.
Le gouvernement et l'économie allemands sont disposées
à coopérer intensivement avec la Libye et Berlin
a aussi promis d'¦uvrer à Bruxelles pour une "nouvelle
qualité" des relations avec l'Union européenne,
a indiqué un porte-parole du gouvernement.
Le ministère allemand des Affaires étrangères
avait fait savoir tout au long des tractations qu'il "accompagnait"
les négociations en cours, auxquelles il n'était
pas directement associé.
L'avocat français Stephan Maigné, qui a suivi
les négociations, a estimé que "l'accord
conclu était tout à fait convenable et représentait
le maximum de ce qu'on pouvait atteindre, des sommes plus élevées
n'étant pas possibles".
Après les accords survenus pour les indemnisations des
victimes des attentats de Lockerbie et d'UTA, un dernier volet
se referme, a noté l'avocat.
Il a relevé aussi que c'était la première
fois qu'une association représentant un Etat versait
des dédommagements pour des personnes ayant été
blessées dans un attentat.
"Tout dépendra bien sûr, a-t-il dit, du versement
effectif" des indemnisations en trois tranches, la dernière
devant être versée d'ici mars 2005.
L'explosion dans la discothèque avait fait trois morts
--deux GI's et une femme turque-- et 260 blessés, certains
mutilés à vie.
Le dédommagement conclu à Berlin prévoit
de verser un million de dollars à la famille de la victime
turque, 350.000 dollars à chacun des onze blessés
très graves, invalides à 80%, et 188.000 dollars
à 157 autres blessés, tous sérieusement
atteints. Il ne concerne pas les victimes américaines,
dont des nombreux GI's.
700.000 dollars vont être en outre versées à
la discothèque détruite.
En 2001, la justice allemande avait mis en exergue la "co-responsabilité
considérable" des services secrets libyens, accusés
d'avoir dirigé la planification de l'attentat à
partir de l'ambassade à Berlin-Est.
Un Palestinien, un Libyen et deux Allemands avaient été
condamnés en 2001 par la cour d'assises de Berlin à
des peines de 12 à 14 ans de réclusion criminelle.
La Libye avait entamé l'an dernier une politique de
réconciliation avec l'Occident, et plusieurs dirigeants,
dont le Premier ministre Tony Blair, avaient rendu visite à
Kadhafi.
Pour l'attentat contre un avion de la PanAm au dessus du village
écossais de Lockerbie (270 morts), Tripoli s'était
déclaré prêt à verser 2,7 milliards
de dollars.
En janvier, la Libye a accepté de verser des indemnisations
aux familles des 170 victimes d'un DC-10 français d'UTA,
qui s'était écrasé en 1989 au Niger. La
Libye s'est engagée à verser 170 millions de dollars.