victimes attentat

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(mercredi 1er septembre 2004, 18h30)

La Libye fête l'anniversaire de la révolution de 1969, sur fond d'ouverture


TRIPOLI (AFP) - La Libye a fêté mercredi dans la discrétion le 35e anniversaire de la "révolution du 1er septembre", alors que le pays est engagé dans un prcoesus d'ouverture tous azimuts après plus de deux décennies de repli.

Le temps fort de ces festivités, ponctués de feux d'artifices sur les places publiques, a été le discours de deux heures, plus court que d'habitude, prononcé dans sa ville natale de Syrte par le "Frère-Guide", le colonel Mouammar Kadhafi, en costume blanc cassé, devant des centaines de cadres des "Comités Populaires".

Romano Prodi, président sortant de la Commission européenne, était l'hôte de marque de ces festivités. Sa présence est considérée par Tripoli comme une caution apporté par l'Union Européenne (UE) au nouveau cap suivi par la Libye après deux décennies de repli.

"Le monde a changé" a été le liemotiv du discours du colonel Kadhafi pour expliquer sa politique d'ouverture tous azimuts vers l'Occident, Etats-Unis en tête. "Nous nous sommes beaucoup insultés, mais en fin de compte nous étions tous perdants", a-t-il dit pour justifier le virage pris.

Dans les chancelleries occidentales des décisions importantes étaient attendues, notamment la création d'un poste de Président de l'Etat, qui ne sont pas venues. Le colonel Kadhafi ne détient officiellement aucune fonction étatique. Il est le "fondateur, l'inspirateur, le guide" de la révolution, qui a renversé la monarchie des Senoussi en 1969, et créé la "Jamhariyah" ("Etat des masses"), gouverné en théorie par les "comités populaires".

Le colonel Khadafi a appelé à cette occasion les "penseurs, professeurs et intellectuels" aux Etat-Unis à adopter "l'Etat des masses", "théorie médiane entre le capitalisme et le communisme", et à "offrir ce modèle au monde dans le cadre du nouvel ordre mondial".

"Comme l'Union soviétique s'est effondrée, le capitalisme, l'impérialisme et la théorie représentative (démocratie parlementaire) vont s'écrouler aussi", a prophétisé le colonel Khadafi. Son discours était entrecoupé de militants qui se dressaient soudain dans la salle pour chanter ses louanges, lui apporter le soutien bruyant de leurs mandants ou lui souhaiter la "victoire d'Allah".

Le "Frère-Guide" a rappelé sur un ton apaisé les péripéties des relations tourmentées de la Libye avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France après les attentats de la discothèque La Belle de Berlin en 1986, contre un Boeing de la Pan Am au dessus de Lockerbie (Ecosse) en 1988 et contre un DC-10 de l'UTA en 1989.

"La Libye a fait preuve d'une volonté inébranlable dans son refus de la capitulation et est parvenue à des solutions pacifiques (...) avec des grandes puissances avec lesquelles elle aurait pu entrer en conflit, comme (cela s'est passé) en Irak et en Yougolsavie", a dit le colonel Kadhafi, en mettant cette "issue pacifique" à l'actif de sa politique de "la main tendue".

Depuis avril 2003, la Libye a reconnu sa responsabilité civile dans l'attentat de Lockerbie (270 morts), signé un accord avec la France pour dédommager les victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA (170 morts) et a conclu, en août, un accord sur le dédommagement de victimes de l'attentat contre la discothèque La Belle.

M. Khadafi, qui avait surpris le monde en décembre 2003 en reconnaissant que la Libye développait un programme d'armes de destruction massive (ADM) et qu'elle s'engageait à y renoncer, a conseillé à toutes les puissances nucléaires "des Etats-Unis à la Chine, à suivre l'exemple libyen en se débarrassant de leurs ADM".

Tripoli et Washington ont renoué leurs relations diplomatiques en juin après une rupture de 24 ans. Les compagnies pétrolières américaines se préparent à revenir en masse en Libye.

Par ailleurs la flotte américaine se prépare à mouiller pour la première fois depuis 25 ans en Libye pour débarquer une cargaison de vivres à destination du Darfour (au Soudan), dans le cadre d'une opération humanitaire à laquelle Tripoli, à la grande satisfaction de Washington, a accepté de s'associer.

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