victimes attentat

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(vendredi 3 septembre 2004, 14h24)

La Libye veut solder le passé d'"Etat voyou" qui lui est accolé depuis 20 ans


TRIPOLI (AFP) - La Libye a signé vendredi l'accord définitif d'indemnisation des victimes de l'attentat contre la discothèque berlinoise La Belle en 1986, cherchant à effacer l'image d'"Etat voyou" qui a été la sienne pendant plus de vingt ans, afin de promouvoir sa nouvelle politique d'ouverture.

L'attentat contre la discothèque La Belle avait été attribué partiellement par la justice allemande aux services secrets libyens.

La Fondation Kadhafi, créée pour régler les contentieux internationaux impliquant la Libye, et gérée par le fils du dirigeant libyen, Seif al-Islam, s'était engagée à verser 35 millions de dollars (28 millions d'euros) à 168 victimes, essentiellement des Allemands.

Le règlement définitif de ce dernier contentieux concernant des attentats attribués à des agents des services secrets libyens, doit ouvrir la voie à une visite à Tripoli à l'automne, du chancelier Gerhard Schroeder.

Elle devrait lever aussi le dernier obstacle devant une visite en Libye du président français Jacques Chirac, qui avait, par solidarité avec Berlin, conditionné son déplacement au règlement du contentieux germano-libyen.

Ces deux visites, après celle du Premier ministre britannique Tony Blair, fin mars, du Premier ministre italien Sylvio Berlusconi, en août, et alors que Romano Prodi, président sortant de la Commission européenne, vient d'assister au 35ème anniversaire de la "Révolution du Fateh", le 1er septembre 1969, devraient marquer un nouveau pas dans la réintégration de la Libye dans la communauté internationale.

Le gouvernement allemand a déjà réintroduit ses garanties d'exportation "Hermes" en faveur des entreprises allemandes commerçant vers la Libye, estimant qu'"il y a en Libye de bonnes opportunités de faire des affaires pour les Allemands".

En avril 2003, la Libye avait reconnu sa responsabilité civile dans l'attentat contre un Boeing qui a explosé en vol au dessus de Lockerbie (Ecosse) en décembre 1988, faisant 270 morts, et accepté de dédommager les familles.

La fondation Kadhafi a aussi signé un accord avec la France pour dédommager les victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989, qui avait fait 170 morts, en s'engageant à verser 170 millions de dollars aux familles. Le dédommagement des victimes de La Belle classent le dossier des attentats attribués à Tripoli.

La Libye s'est engagée par ailleurs à faire "toute la lumière" sur la disparition sur son sol, selon ses partisans, il y a 26 ans, de l'imam Moussa Sadr, chef charismatique de la communauté chiite libanaise, qui avait fondé au début des années 1970 le "mouvement des déshérités" Amal.

Le 2 août, le procureur général libanais a ordonné la réouverture du dossier et demandé de procéder à l'interrogatoire de toutes les personnes qui pourraient être impliquées dans la mystérieuse disparition.

La plainte déposée par les familles des disparus vise nommément le colonel Kadhafi, l'ex-Premier ministre libyen Abdel Salam Jalloud et l'ancien ambassadeur de Libye au Liban Achour al-Fartass. Tripoli a constamment nié sa responsabilité dans cette affaire et affirmé que l'imam Sadr et ses deux compagnons avaient gagné l'Italie à la fin de leur séjour en Libye en 1978.

La Libye, qui cherche avec obstination à regagner la confiance de la communauté internationale, avait fait un pas de géant en révélant en décembre 2003 son programme d'armes de destruction massive (ADM) et en s'engageant à y renoncer, après des négociations secrètes avec Washington et Londres.

Mais, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui a salué sa démarche, demande encore à Tripoli d'éclaircir des "questions critiques" concernant les sources étrangères et les intermédiaires, qui avaient permis à la Libye d'acquérir des équipements nucléaires sensibles, sans doute sur le marché noir.

Deux ressortissants allemands, Gerhard W. et Gotthard L. sont dans le collimateur de la justice allemande pour leur rôle d'intermédiaire éventuel dans ces achats.

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