victimes attentat

(Mercredi 6 octobre 2004, 08h39)

Quand la Libye s’éveillera

Edito international du 06/10/2004

La normalisation du régime politique du bouillant colonel Kadhafi se poursuit à marche forcée. Ce processus du retour de la Libye dans la communauté des nations qui s'est amorcé le 19 décembre 2003 - lorsque Tripoli a déclaré renoncer à toute armes de destruction massive - devrait déboucher, dans les prochaines semaines, sur la levée des dernières sanctions de l'Union européenne visant, notamment l'interdiction de livraisons d'armes.

Le moment fort de ces retrouvailles a été marqué par la visite officielle - effectuée en avril dernier, quinze ans après son dernier voyage occidental - par le colonel Khadafi en Belgique et auprès de la Commission européenne où son ami Romano Prodi, l'ancien président de la Commission lui a déroulé le tapis rouge.

Le chef de la diplomatie française Michel Barnier rencontrera, aujourd'hui son homologue Abdel-Ramane Chalkham, le Premier ministre Choukri Khanem et peut-être, le guide lui-même, sans qu'aucune confirmation officielle comme d'habitude ne soit possible.

Ces rencontres font suite à la visite en France du Premier ministre libyen en avril après la signature d'un accord sur une indemnisation des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 89. Tripoli s'était engagé à verser 170 millions de dollars aux familles. Ce montant a été versé en quatre tranches, dont la première a été acquittée en juillet dernier.

La relation bilatérale peut, désormais s'approfondir. La position de la France, troisième partenaire commercial, offre des perspectives prometteuses malgré une concurrence internationale au couteau. Le pétrole constitue toujours 96% des importations françaises. La société Total qui a manqué, l'été dernier, une attribution importante de champ pétrolifère devrait produire plus de 100 000 barils/jour d'ici deux ans et finaliser un ambitieux projet de partenariat stratégique avec la compagnie nationale libyenne N.O.C.

Dans le domaine de l'aéronautique civil, les flottes et les installations terrestres libyennes sont à renouveler dans leur totalité et la compagnie E.A.D.S propose la fourniture d'une vingtaine d'Airbus. La formation des équipages et du personnel au sol complète ces contrats qui pourraient atteindre un montant de quelque trois milliards de dollars, à partager - pour des raisons politiques bien-sûr - avec les Etats-Unis.

Par ailleurs Alstom, Alcatel, Areva, Sidem et Thales sont engagés dans des négociations prometteuses. Et la visite de Michel Barnier ne manquera pas d'appuyer ces projets des entreprises françaises qui pourraient également bénéficier, dit-on à l'Elysée : «d'un prolongement au plus haut niveau».

En effet, Jacques Chirac pourrait se rendre à Tripoli dans l'hiver pour officialiser cette réconciliation franco-libyenne et assurer le colonel Kadhafi d'un retour effectif de son pays dans le processus Euro-méditerranéen, les discussions initiées en 1995 à Barcelone, qui vont connaître, ces prochains mois, des avancées réelles pour une meilleure intégration méditerranéenne.

Richard Labévière
Article publié le 06/10/2004
Dernière mise à jour le 06/10/2004 à 08:39 (heure de Paris)

photo RFI

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