Edito international du 06/10/2004
La normalisation du régime politique du bouillant colonel
Kadhafi se poursuit à marche forcée. Ce processus
du retour de la Libye dans la communauté des nations
qui s'est amorcé le 19 décembre 2003 - lorsque
Tripoli a déclaré renoncer à toute armes
de destruction massive - devrait déboucher, dans les
prochaines semaines, sur la levée des dernières
sanctions de l'Union européenne visant, notamment l'interdiction
de livraisons d'armes.
Le moment fort de ces retrouvailles a été marqué
par la visite officielle - effectuée en avril dernier,
quinze ans après son dernier voyage occidental - par
le colonel Khadafi en Belgique et auprès de la Commission
européenne où son ami Romano Prodi, l'ancien président
de la Commission lui a déroulé le tapis rouge.
Le chef de la diplomatie française Michel Barnier rencontrera,
aujourd'hui son homologue Abdel-Ramane Chalkham, le Premier
ministre Choukri Khanem et peut-être, le guide lui-même,
sans qu'aucune confirmation officielle comme d'habitude ne soit
possible.
Ces rencontres font suite à la visite en France du Premier
ministre libyen en avril après la signature d'un accord
sur une indemnisation des familles des victimes de l'attentat
contre le DC-10 d'UTA en 89. Tripoli s'était engagé
à verser 170 millions de dollars aux familles. Ce montant
a été versé en quatre tranches, dont la
première a été acquittée en juillet
dernier.
La relation bilatérale peut, désormais s'approfondir.
La position de la France, troisième partenaire commercial,
offre des perspectives prometteuses malgré une concurrence
internationale au couteau. Le pétrole constitue toujours
96% des importations françaises. La société
Total qui a manqué, l'été dernier, une
attribution importante de champ pétrolifère devrait
produire plus de 100 000 barils/jour d'ici deux ans et finaliser
un ambitieux projet de partenariat stratégique avec la
compagnie nationale libyenne N.O.C.
Dans le domaine de l'aéronautique civil, les flottes
et les installations terrestres libyennes sont à renouveler
dans leur totalité et la compagnie E.A.D.S propose la
fourniture d'une vingtaine d'Airbus. La formation des équipages
et du personnel au sol complète ces contrats qui pourraient
atteindre un montant de quelque trois milliards de dollars,
à partager - pour des raisons politiques bien-sûr
- avec les Etats-Unis.
Par ailleurs Alstom, Alcatel, Areva, Sidem et Thales sont engagés
dans des négociations prometteuses. Et la visite de Michel
Barnier ne manquera pas d'appuyer ces projets des entreprises
françaises qui pourraient également bénéficier,
dit-on à l'Elysée : «d'un prolongement au
plus haut niveau».
En effet, Jacques Chirac pourrait se rendre à Tripoli
dans l'hiver pour officialiser cette réconciliation franco-libyenne
et assurer le colonel Kadhafi d'un retour effectif de son pays
dans le processus Euro-méditerranéen, les discussions
initiées en 1995 à Barcelone, qui vont connaître,
ces prochains mois, des avancées réelles pour
une meilleure intégration méditerranéenne.