ROME (AFP) - Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi
se rend jeudi en Libye pour assister à l'inauguration
d'un gazoduc reliant ce pays à l'Italie.
Sa visite succède à celle du ministre français
des Affaires étrangères qui a rencontré
mercredi le colonel Kadhafi dans le cadre de la préparation
d'une prochaine visite du président français Jacques
Chirac. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a invité
M. Berlusconi à assister à cette cérémonie
lors d'un entretien téléphonique entre les deux
hommes mardi soir, et le chef du gouvernement italien a assuré
qu'il participerait à l'inauguration qui doit avoir lieu
à Mellita, dans l'ouest de la Libye. Le West Libyan Gas
Project doit relier par un gazoduc la Libye à la Sicile.
Le projet auquel participent les groupes italiens ENI et Agip
a nécessité un investissement de 5,6 milliards
de dollars. La visite de M. Berlusconi intervient au moment
où l'Italie a mis en place un pont aérien qui
a permis de reconduire en Libye environ 1.000 immigrants clandestins
entre vendredi et lundi. Mardi, ce pont aérien a été
suspendu sans explication officielle.
Selon le journal italien, le Corriere della Sera, qui citait
mercredi des sources de la présidence du gouvernement
italien, "le problème du rapatriement est conditionné
par l'obligation de respecter les procédures prévues
pour l'identification des clandestins". La Libye n'a donc
"rien à voir" avec cet arrêt des vols,
selon le journal qui ajoute cependant qu'"il est clair
que Berlusconi aura l'occasion de discuter de ce problème
en tête-à-tête avec Kadhafi".
L'Italie presse depuis plus d'un an les autorités libyennes
d'agir et Rome s'est entendu avec Tripoli sur le principe d'une
coopération renforcée dont l'Italie ne cache pas
qu'elle dépend d'une levée de l'embargo européen
contre Tripoli. M. Berlusconi "tient énormément"
aux relations avec la Libye comme le démontrent ses quatre
voyages en deux ans dans ce pays dont le dernier, "très
récent", en août dernier, rappelle le Corriere.
Selon le quotidien, la visite ne durera que quelques heures
dans l'après-midi, M. Berlusconi devant recevoir dans
la matinée le président de la future Commission
européenne, le Portugais José Manuel Durao Barroso
et son retour à Rome étant prévu dans la
soirée.
Le ministre français des Affaires étrangères
Michel Barnier a quitté dans la nuit de mercredi à
jeudi Tripoli après des entretiens avec le dirigeant
libyen Mouammar kadhafi pour préparer une visite "avant
la fin de l'année ou au plus tard au début"
de 2005 du président Jacques Chirac, la première
d'un chef d'Etat français en Libye depuis plus de deux
décennies.
M. Barnier a indiqué avoir remis "un message personnel"
de M. Chirac au colonel Kadhafi, précisant avoir discuté
avec lui du conflit israélo-palestinien, de l'Irak, du
Darfour ainsi que des relations bilatérales.
"Nous avons évoqué avec le colonel Kadhafi
les grands sujets qui touchent à la sécurité
et à la stabilité au Proche et Moyen Orient. Aussi
bien en Irak que dans le conflit israélo-palestinienne,
nous souhaitons que s'interrompe la spirale de la violence actuelle",
a-t-il déclaré à la presse avant de quitter
Tripoli pour regagner Paris. Il a indiqué avoir également
discuté de "la stabilisation du Darfour" avec
son homologue libyen Abdel Rahmane Chalgam. Rappelant que la
Libye doit accueillir avant le 21 octobre un mini-sommet africain
sur le Darfour avec la participation du gouvernements soudanais
et des deux mouvements rebelles, le ministre français
a appelé toutes les parties à "reprendre
le chemin du dialogue politique".
"Il faut que chacun tienne ses engagements, on ne règlera
pas le problème du Darfour sans le Soudan ou contre lui
mais avec lui", a-t-il dit soulignant que "l'Union
européenne accompagnera les efforts de l'Union africaine".
Par ailleurs, selon une source proche de sa délégation,
M. Barnier a discuté avec le leader libyen de la question
de l'immigration clandestine en Europe à partir de la
Libye et a évoqué des mesures à court terme
et d'autres à long terme pour mettre fin à ce
phénomène.
Interrogé sur la prochaine conférence internationale
sur l'Irak voulue par les Etats-Unis, qui pourrait avoir lieu
fin novembre en Egypte, il a déclaré que "le
plus important c'est de bien réfléchir à
son ordre du jour et à tous ceux qui y participeront
pour qu'elle réussisse". "La France ne pose
pas de préalables pour cette conférence",
a-t-il assuré. M. Barnier avait indiqué dès
son arrivée mercredi après-midi dans la capitale
libyenne que sa visite s'inscrivait dans le cadre de la promotion
des relations franco-libyennes qui, a-t-il déclaré
à la presse, "ont connu un nouveau départ,
un nouvel élan depuis le 9 janvier dernier".
l faisait ainsi référence à la date de
la signature de l'accord en vertu duquel Tripoli s'était
engagé à verser 170 millions de dollars aux familles
des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, un montant
versé en quatre tranches dont la dernière a été
acquittée en juillet. Outre MM. Kadhafi et Chalgam, M.
Barnier a rencontré le Premier ministre libyen, Choukri
Ghanem.
Ce déplacement fait suite à la visite en avril
de M. Ghanem en France, au cours de laquelle quatre accords
de coopération bilatéraux ont été
signés concernant l'encouragement et la protection des
investissements, le règlement des arriérés
dus par la Libye à la France (44,4 millions d'euros qui
devraient être versés avant la fin de l'année),
les coopérations culturelle, scientifique et technique,
ainsi que la coopération universitaire.