Edito international du 06/10/2004
C’est lundi prochain, à
la grande satisfaction de l’Italie, que l’Union
européenne lèvera officiellement l’embargo
sur les livraisons d’armes qu’elle avait décrété
en 1986 à l’encontre de Tripoli. Dans le même
temps, les Vingt-cinq donneront leur feu vert à l’envoi
en Libye d’une mission technique de haut niveau, chargée
d’examiner le dossier de l’immigration.
Pour lutter contre l’immigration africaine illégale
qui transite par la Libye avant de débarquer en Italie,
Tripoli réclame à l’Europe des équipements
et du matériel militaire comme des vedettes, des véhicules
tout terrain et des instruments d’observation. Pour pouvoir
livrer ce matériel, Rome avait plaidé, dès
2003, en faveur d’un assouplissement des sanctions européennes.
Mais la levée de l’embargo sur les armes ne suffira
pas, souligne-t-on à Bruxelles, à régler
le problème des migrants clandestins. La mission technique
européenne devra examiner, sur le terrain, la manière
dont Tripoli gère les flux migratoires et surtout, il
faudra que le gouvernement libyen se dote d’une législation
correcte en la matière.
Les ministres européens des Affaires étrangères
exprimeront également lundi leur attachement à
un règlement rapide et acceptable concernant le sort
des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien
condamnés à mort pour avoir, selon la justice
libyenne, infecté plus de 400 enfants avec le virus du
sida à l’hôpital de Benghazi. Mais en matière
de droits de l’homme, certains se demandent de quels moyens
de pression disposera encore l’Europe après avoir
levé son embargo. La Commission européenne compte
sur l’impact de la mission humanitaire qu’elle se
prépare à envoyer en Libye. Elle aidera à
soigner les malades du sida et montrera, explique-t-on, la solidarité
de l’Europe avec la population libyenne. Et puis, la levée
de l’embargo n’affectera pas, précise Bruxelles,
le code de conduite qui régule sur une base volontaire
les exportations des Etats européens et empêche,
en principe, la vente d’armes susceptibles d’être
utilisées à mauvais escient. Après la levée
des sanctions contre la Libye, les pays encore sous embargo
européen sont notamment le Soudan, le Zimbabwe, la Birmanie
et la Chine.