BRUXELLES, 10 oct (AFP)
L'Union européenne va entériner
lundi la levée de son embargo sur les livraisons d'armes
à la Libye, mais peine toujours à s'entendre pour
mettre fin à l'interdiction similaire en vigueur contre
la Chine depuis le massacre de la place Tiananmen en 1989.
Dans le cas libyen, les ministres des Affaires
étrangères de l'UE vont confirmer à Luxembourg
un accord de principe arrêté par leurs ambassadeurs
le 22 septembre, sous la pression de l'Italie qui menaçait
de rompre unilatéralement le dispositif.
"Il n'y pas de difficulté particulière
à attendre", assure un diplomate européen.
Selon un projet de déclaration commune,
les 25 devraient rappeler le caractère "essentiel
et urgent" d'une coopération avec la Libye dans
la lutte contre l'immigration clandestine, mais aussi leur souhait
d'une amélioration de la situation des droits de l'Homme
dans le pays.
L'UE "pressera" Tripoli de répondre
à ses préoccupations sur le sort de cinq infirmières
bulgares et d'un médecin palestinien condamnés
à mort pour avoir, selon la justice libyenne, provoqué
une épidémie de sida dans un hôpital pédiatrique
de Benghazi.
L'affaire est l'un des derniers obstacles à
une normalisation complète des relations entre les Européens
et le régime de Mouammar Kadhafi.
L'UE a allégé dès 1999
ses sanctions contre la Libye. Seuls subsistaient depuis l'embargo
sur les armes, en vigueur depuis 1986, et une série de
mesures restrictives sur la livraison de certains équipements,
aéronautiques notamment, qui seront aussi abrogées
lundi.
La levée de l'embargo avait été
exigée le mois dernier par le ministre italien de l'Intérieur
Giuseppe Pisanù. Rome souhaite livrer à Tripoli
des équipements militaires pour surveiller les côtes
libyennes et stopper l'afflux d'immigrés clandestins
sur l'île italienne de Lampedusa.
Le règlement du dossier libyen est la
seule décision concrète attendue à Luxembourg,
avec le durcissement annoncé des sanctions de l'UE contre
la Birmanie, faute de réponse de Rangoun aux exigences
de démocratisation posées par les Européens
avant le sommet euro-asiatique d'Hanoï.
La question de l'embargo sur les armes pour
la Chine a en revanche toutes les chances de rester de nouveau
en suspens pour cause de divisions persistantes, selon des diplomates.
"Même s'il y a évolution,
une sensibilité subsiste manifestement dans encore deux
ou trois Etats membres par rapport à ce que représente
Tiananmen", affirme l'un d'eux.
De sources concordantes, l'Irlande et le Danemark
sont les deux principaux opposants, mais pas les seuls, à
la levée d'une mesure jugée au contraire "d'un
autre temps" par le président français Jacques
Chirac. Les Etats-Unis ont renouvelé leurs pressions
ces derniers temps pour inciter l'UE à ne pas céder.
"Cela nous aiderait si la Chine faisait
des progrès réels sur les droits de l'Homme",
commente une source communautaire. "S'il y a un report
lundi, j'imagine qu'il n'y aura pas de décision cette
année", ajoute-t-elle.
Les ministres parleront aussi lundi des Balkans
avec la procureur du Tribunal pénal international pour
l'ex-Yougoslavie (TPIY) Carla Del Ponte et feront un nouveau
point sur la situation au Proche-Orient, après les attentats
de Taba (Egypte), sur le nucléaire iranien et la crise
soudanaise du Darfour.
Le commissaire européen à l'Elargissement
Guenter Verheugen leur présentera la recommandation favorable
de Bruxelles à l'ouverture de négociations d'adhésion
de la Turquie à l'UE, mais les ministres éviteront
tout débat sur cette question que les dirigeants de l'Union
trancheront au sommet en décembre.