victimes attentat

(Dimanche 10 octobre 2004, 9h27)

Armes: l'UE lève son embargo contre la Libye mais tergiverse sur la Chine

BRUXELLES, 10 oct (AFP)

L'Union européenne va entériner lundi la levée de son embargo sur les livraisons d'armes à la Libye, mais peine toujours à s'entendre pour mettre fin à l'interdiction similaire en vigueur contre la Chine depuis le massacre de la place Tiananmen en 1989.

Dans le cas libyen, les ministres des Affaires étrangères de l'UE vont confirmer à Luxembourg un accord de principe arrêté par leurs ambassadeurs le 22 septembre, sous la pression de l'Italie qui menaçait de rompre unilatéralement le dispositif.

"Il n'y pas de difficulté particulière à attendre", assure un diplomate européen.

Selon un projet de déclaration commune, les 25 devraient rappeler le caractère "essentiel et urgent" d'une coopération avec la Libye dans la lutte contre l'immigration clandestine, mais aussi leur souhait d'une amélioration de la situation des droits de l'Homme dans le pays.

L'UE "pressera" Tripoli de répondre à ses préoccupations sur le sort de cinq infirmières bulgares et d'un médecin palestinien condamnés à mort pour avoir, selon la justice libyenne, provoqué une épidémie de sida dans un hôpital pédiatrique de Benghazi.

L'affaire est l'un des derniers obstacles à une normalisation complète des relations entre les Européens et le régime de Mouammar Kadhafi.

L'UE a allégé dès 1999 ses sanctions contre la Libye. Seuls subsistaient depuis l'embargo sur les armes, en vigueur depuis 1986, et une série de mesures restrictives sur la livraison de certains équipements, aéronautiques notamment, qui seront aussi abrogées lundi.

La levée de l'embargo avait été exigée le mois dernier par le ministre italien de l'Intérieur Giuseppe Pisanù. Rome souhaite livrer à Tripoli des équipements militaires pour surveiller les côtes libyennes et stopper l'afflux d'immigrés clandestins sur l'île italienne de Lampedusa.

Le règlement du dossier libyen est la seule décision concrète attendue à Luxembourg, avec le durcissement annoncé des sanctions de l'UE contre la Birmanie, faute de réponse de Rangoun aux exigences de démocratisation posées par les Européens avant le sommet euro-asiatique d'Hanoï.

La question de l'embargo sur les armes pour la Chine a en revanche toutes les chances de rester de nouveau en suspens pour cause de divisions persistantes, selon des diplomates.

"Même s'il y a évolution, une sensibilité subsiste manifestement dans encore deux ou trois Etats membres par rapport à ce que représente Tiananmen", affirme l'un d'eux.

De sources concordantes, l'Irlande et le Danemark sont les deux principaux opposants, mais pas les seuls, à la levée d'une mesure jugée au contraire "d'un autre temps" par le président français Jacques Chirac. Les Etats-Unis ont renouvelé leurs pressions ces derniers temps pour inciter l'UE à ne pas céder.

"Cela nous aiderait si la Chine faisait des progrès réels sur les droits de l'Homme", commente une source communautaire. "S'il y a un report lundi, j'imagine qu'il n'y aura pas de décision cette année", ajoute-t-elle.

Les ministres parleront aussi lundi des Balkans avec la procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) Carla Del Ponte et feront un nouveau point sur la situation au Proche-Orient, après les attentats de Taba (Egypte), sur le nucléaire iranien et la crise soudanaise du Darfour.

Le commissaire européen à l'Elargissement Guenter Verheugen leur présentera la recommandation favorable de Bruxelles à l'ouverture de négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, mais les ministres éviteront tout débat sur cette question que les dirigeants de l'Union trancheront au sommet en décembre.

Retour au menu presse 2004