Le chancelier allemand Gerhard Schroeder s'est félicité
vendredi du processus de normalisation des relations de Tripoli
avec la communauté internationale et notamment l'Allemagne,
saluant sa "politique d'ouverture" au cours de sa
visite de 24 heures en Libye.
A l'issue d'une rencontre avec le dirigeant libyen Mouammar
Kadhafi à Tripoli, qualifiée de positive par la
délégation allemande, M. Schroeder a salué
devant des journalistes "l'apport très constructif
de la politique d'ouverture libyenne", en particulier son
renoncement aux armes de destruction massive.
Dans la matinée, lors d'une visite dans le désert
libyen pour inaugurer une station de forage pétrolier
allemande, le chancelier avait déclaré à
propos du processus de normalisation des relations de la Libye
avec la communauté internationale: "La direction
est la bonne". "Le pays a changé politiquement
et je ne peux que le saluer", avait-il ajouté.
Le rapprochement avec la Libye, notamment via des partenariats
entre l'Union européenne et le Maghreb, doit contribuer
à faire refluer le terrorisme islamiste fondamentaliste
et à stabiliser la région du Proche et du Moyen-Orient,
selon une source proche de la délégation allemande.
Cette première visite d'un chancelier allemand en Libye
a été rendue possible par l'accord signé
début septembre par la Fondation Kadhafi (association
caritative dirigée par Seif Al-Islam Kadhafi, le fils
du dirigeant libyen) pour dédommager les victimes de
l'attentat contre une discothèque berlinoise en 1986,
attribué aux services libyens.
L'explosion à la discothèque La Belle, fréquentée
par des soldats américains, avait fait trois morts et
260 blessés, et gelé les relations politiques
entre les deux pays.
Durant sa rencontre avec le chancelier vendredi, le colonel
Kadhafi a fait diffuser une cassette vidéo sur le problème
des mines pour illustrer le souhait libyen d'un geste de l'Allemagne
en faveur de l'élimination de celles laissées
en Libye par l'armée allemande pendant la Seconde guerre
mondiale et qui continuent à faire des victimes.
De source proche de la délégation allemande,
on précise à ce sujet que les deux parties se
sont entendues pour chercher ensemble une solution au problème,
sans qu'il soit question d'éventuels dédommagements.
Concernant les droits de l'Homme, "aucun sujet sensible
n'a été évité" lors des entretiens
avec M. Kadhafi, selon M. Schroeder, qui s'est refusé
à donner plus de détail sur les sujets abordés.
Le colonel Kadhafi a pour sa part déclaré, à
l'issue de sa rencontre vendredi avec le chancelier, que la
Libye était clairement en faveur de "la lutte contre
le terrorisme" et qu'elle attendait "pour ses bons
services en faveur de la paix internationale" des témoignages
de reconnaissance de la part d'Etats comme l'Allemagne.
Les relations avec Washington sont "bonnes", a ajouté
M. Kadhafi. Ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait pas de divergences,
selon lui, notamment en ce qui concerne la guerre en Irak. Il
a de nouveau réclamé un retrait rapide des troupes
américaines du pays.
La veille, lors d'un premier entretien avec M. Schroeder, il
avait estimé que la présence des troupes américaines
en Irak était la cause de la violence qui y règne.
M. Schroeder a par ailleurs inauguré dans la matinée
la station de forage de pétrole de la société
allemande Wintershall AG, une filiale de BASF. Il a souligné
l'importance pour la production pétrolière mondiale
de ce pays qui est le quatrième fournisseur de Berlin
après la Russie, la Norvège et la Grande-Bretagne.
Le chancelier allemand doit s'envoler vendredi soir pour Alger,
où il effectuera une visite d'une journée également
consacrée à la coopération contre le terrorisme
et au renforcement des relations économiques.