1 novembre
– Les inspections et le
dialogue sont des outils efficaces dans la lutte contre la prolifération
nucléaire, a déclaré aujourd'hui le chef
de l'agence de l'ONU pour l'énergie atomique, se référant
notamment aux enseignements à tirer a posteriori de la
crise iraquienne tandis que les cas de l'Iran et celui de la Libye
montrent clairement, selon lui, l'impuissance des systèmes
actuels de contrôle à l'exportation à endiguer
le trafic de produits nucléaires.
« Les activités d'enrichissement
de l'uranium en Iran, leur ampleur et leur nature restent une
question centrale dans notre compréhension du programme
nucléaire iranien », a déclaré aujourd'hui
le directeur général de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, qui s'exprimait
devant l'Assemblée générale de l'ONU.
Il a toutefois ajouté que des investigations
complémentaires étaient en cours et qu'il pensait
pouvoir être en mesure de fournir un rapport complet au
Conseil des gouverneurs de l'agence, plus tard pendant le mois
en cours.
« J'ai continué à insister
auprès de l'Iran pour lui transmettre que, à la
lumière des graves préoccupations internationales
entourant son programme nucléaire, elle devait faire son
possible pour restaurer la confiance par l'adoption de mesures
volontaires », a déclaré Mohamed El Baradei.
Il a rappelé que l'Iran était revenue
sur certaines des mesures de suspension volontaires de toutes
ses activités liées à l'enrichissement et
au retraitement de l'uranium, mesures prises en novembre l'an
dernier, à la demande du Conseil des Gouverneurs de l'AIEA.
Les Gouverneurs avaient alors réitéré leur
demande.
« J'ai demandé à l'Iran de
mener une politique de transparence maximum afin que nous puissions
parvenir à un règlement des questions en suspens
et avec le temps apporter à la communauté internationale
les garanties qu'elle réclame », a également
indiqué le directeur de l'agence.
Il avait auparavant indiqué que la coopération
de l'Iran s'était récemment considérablement
améliorée et que les inspecteurs de l'AIEA avaient
pu accéder aux sites de leur choix et que l'Iran avait
fourni l'information requise par l'agence, même si, dans
quelques cas, la réponse avait encore été
lente.
A propos de l'Iraq, Mohamed El Baradei a souligné
que le mandat confié à l'agence par différentes
résolutions du Conseil de sécurité restait
toujours valide. Il a rappelé que la résolution
1546 de juin 2004 réaffirmait notamment l'intention du
Conseil d'examiner à nouveau cette question et souhaité
que celui-ci donne prochainement son avis sur l'avenir de ce mandat.
Il a insisté sur l'importance de refermer
une fois pour toutes et le plus rapidement possible le dossier
des armes de destruction en Iraq et, en ce qui concerne l'agence,
de reprendre, dès que les conditions de sécurité
le permettraient, des activités de vérification
et de contrôle en Iraq qu'il a qualifiées de «
nécessaires »,
« Comme je l'indiquais devant vous l'an
dernier », a fait observer le chef de l'AIEA, « au
moment où il a été demandé en mars
2003 à l'agence de cesser les activités de vérification
en Iraq dont l'avait chargé le Conseil de sécurité,
nous n'avions trouvé aucune preuve d'une reprise des activités
nucléaires prohibées au titre des résolutions
pertinentes du Conseil de sécurité. »
« Il est naturellement rassurant pour la
communauté internationale que ces conclusions aient été
depuis lors validées », a-t-il ajouté.
Quant à la République populaire
démocratique de Corée, le directeur général
de l'AIEA a fait état d'une situation inchangée,
l'agence n'ayant pu effectuer de vérifications dans le
pays depuis décembre 2002. « Nous continuons à
mettre l'accent sur la nécessité d'un règlement
global de la crise coréenne à travers un dialogue
qui prendrait en compte toutes les questions sous-jacentes »,
a-t-il déclaré.
De façon générale, de tous
les enseignements tirés par l'AIEA de son expérience
récente en matière de vérifications de programmes
nucléaires non déclarés, « la leçon
peut-être la plus importante est que les vérifications
et la diplomatie, quand elles sont menées de front, peuvent
être efficaces ».
« L'expérience iraquienne a montré
que les inspections, même si elles requièrent du
temps et de la patience, peuvent être efficaces même
quand le pays soumis aux inspections est loin d'apporter une coopération
active », a-t-il fait observer.
En revanche, la « leçon perturbante
» émergeant du travail de l'AIEA en Iran et en Libye
est de constater l'existence d'un marché illégal
de fournitures de produits nucléaires, « un marché
prospère en raison de l'importance de la demande, ce qui
met en évidence, pour Mohamed El-Baradei, « l'évidence
inadéquation du système actuel de contrôles
à l'exportation. »
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