victimes attentat

(Mardi 23 novembre 2004, 20h52)

Kadhafi célèbre avec son "ami" Chirac les "retrouvailles" franco-libyennes

TRIPOLI (AP) - La page sombre du terrorisme d'Etat libyen est bel et bien tournée pour Paris. Accueilli "en ami" par le colonel Kadhafi, Jacques Chirac a célébré mercredi à Tripoli les "retrouvailles" franco-libyennes.

Premier président français à fouler le sol libyen depuis l'indépendance du pays en 1951, Jacques Chirac a été salué dès sa descente de voiture par le "guide de la révolution", Moammar Kadhafi, devenu fréquentable depuis la levée des dernières sanctions pesant contre son pays, en janvier dernier.

Dans l'enceinte du palais Bab Azizia, les deux hommes ont passé en revue les troupes libyennes, puis le colonel Kadhafi a longuement montré à son invité six panneaux géants disposés autour de l'esplanade, reproduisant des scènes célèbres de la Révolution française, pour mieux faire un parallèle avec celle qui l'avait porté au pouvoir en 1969.

Le colonel Kadhafi a ensuite entraîné Jacques Chirac à l'intérieur de son ancienne résidence, frappée en 1986 par des missiles américains. Sans faire de commentaires, le président français a signé le registre qui s'y trouvait pendant que le leader libyen lui montrait, au sol, les fragments d'un missile américain.

Certes, les relations entre la France et la Libye ont "connu de fortes turbulences" dans le passé, notamment avec les attentats de Lockerbie, du DC10 d'UTA et de la discothèque La Belle à Bern, a reconnu Jacques Chirac. Mais "cette période difficile" est désormais "révolue".

Tripoli ayant renoncé aux armes de destruction massive et indemnisé les familles des victimes des attentats, l'heure était donc mercredi aux "retrouvailles". "Nous voici entrés dans une phase dynamique et positive, avec la volonté de part et d'autre de reconstruire un dialogue fort et d'établir un vrai partenariat", s'est félicité Jacques Chirac. Il s'exprimait devant les représentants de la communauté française en Libye, forte de seulement 481 membres. Déjà, "le chemin parcouru" depuis janvier 2004 s'annonce prometteur, a-t-il estimé. "Nous devons maintenant le consolider et avancer".

Lors d'un entretien entre les deux hommes dans la tente du colonel Kadhafi, le "guide" s'est dit "heureux d'accueillir un ami", selon le porte-parole de l'Elysée, Jérôme Bonnafont.

Dans ce contexte, Jacques Chirac a souhaité l'établissement entre les deux pays d'un "partenariat politique régulier" pour évoquer les "questions d'intérêt commun", mais aussi celles de sécurité.

Venu accompagné d'une vingtaine de chefs d'entreprises français, dont le pétrolier Total, M. Chirac a aussi plaidé pour un renforcement de la coopération économique entre Paris et Tripoli, en particulier dans les secteurs pétroliers et aéronautiques et dans les domaines de l'énergie et des télécommunications.

Moammar Kadhafi, après avoir renoncé à ses programmes d'armes de destruction massive, notamment nucléaires, a de son coté réclamé en contrepartie des transferts de technologies pour développer son industrie civile. Selon son porte-parole, le président français lui a réaffirmé que la France était "prête" à de tels transferts "en direction de tous les pays qui respecteraient les normes internationales", notamment en matière de non-prolifération.

Les propos tenus par le colonel Kadhafi, dans lesquels il qualifiait d'"erreur" l'intervention de l'armée française en Côte d'Ivoire, ne paraissait en tout cas pas devoir gâcher l'ambiance. MM. Chirac et Kadhafi devaient évoquer les questions internationales lors d'un dîner officiel mercredi soir.

Paris envisage désormais de construire une nouvelle ambassade à Tripoli. "Le moment est venu d'offrir à la France les moyens de tenir sa place et son rang en Libye", a déclaré Jacques Chirac.

AP
co/cre/sop

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