PARIS (Reuters)
- Jacques Chirac se rend ce mercredi en Libye pour y parachever
la normalisation des relations avec Tripoli, avant de participer
au Xe sommet de la Francophonie au Burkina Faso.
Lors de son périple, le chef de l'Etat français
aura l'occasion d'aborder largement les dossiers proche-orientaux
et la situation en Côte d'Ivoire, qui sera l'un des principaux
sujets discutés à Ouagadougou.
Le sommet devrait ainsi favoriser la réconciliation nationale
en Côte d'Ivoire, a déclaré mardi le porte-parole
de l'Elysée, Jérôme Bonnafont.
Jacques Chirac arrivera mercredi en fin d'après-midi à
Tripoli et en repartira le lendemain à la mi-journée
pour gagner le Burkina Faso, où il restera du 25 au 27
novembre.
La visite de Jacques Chirac à Tripoli est la première
d'un chef d'Etat français depuis l'indépendance
de la Libye en 1951.
"Il s'agit d'ouvrir un nouveau chapitre de nos relations,
cette visite est l'aboutissement d'un processus de normalisation
progressive", souligne Jérôme Bonnafont.
Pour Paris, cette visite arrive "à point nommé"
puisque les "préalables" à une normalisation
ont été levés, la Libye ayant fait "des
gestes forts et concrets" comme la renonciation complète
à la prolifération des armements et à tout
programme interdit.
Les relations franco-libyennes avaient commencé à
se réchauffer en janvier dernier après la conclusion
d'un accord d'indemnisation des familles des 170 victimes de l'attentat
contre un DC-10 d'UTA en 1989.
"Il semble que la Libye ait payé la totalité
de ce qu'elle devait" aux familles, a dit Jérôme
Bonnafont.
Une information confirmée par Guillaume Denoix de Saint
Marc, qui avait signé en janvier l'accord avec la fondation
Kadhafi pour le collectif des familles.
"L'accord, portant sur 170 millions de dollars, prévoyait
quatre versements qui ont été effectués en
temps et en heure à la Caisse des dépôts et
consignations", a-t-il dit à Reuters.
Le décret permettant la création d'une fondation
chargée de répartir cette somme entre les familles
a été publié mardi.
"VERSEMENTS EN TEMPS ET
EN HEURE"
Jacques Chirac a été précédé
à Tripoli par le Premier ministre britannique, Tony Blair,
le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, et
dernièrement par le chancelier allemand, Gerhard Schröder,
après l'accord d'indemnisation des victimes de l'attentat
de 1986 contre une discothèque de Berlin.
La normalisation entre Paris et Tripoli avait déjà
avancé lors de la visite en France de responsables libyens,
comme le ministre des Affaires étrangères Mohamed
Abdel-Rahman Chalgam.
Les grands accords avec Tripoli, notamment dans le domaine du
tourisme, ont été conclus avant le voyage de Jacques
Chirac, certains très récemment.
Le ministre libyen des Finances a signé lundi avec le
ministre français du Commerce extérieur un protocole
sur la "non double imposition" des entreprises entre
les deux pays.
Il a également entériné le règlement
par Tripoli de ses arriérés Coface d'un montant
de 44,4 millions d'euros.
Au Burkina Faso, Jacques Chirac va pouvoir défendre des
sujets qui lui sont chers puisque le thème du Xe sommet
de la Francophonie est le développement durable.
Il avait déjà proposé des "initiatives"
pour développer la microfinance - au moment où l'Assemblée
générale des Nations unies proclamait l'année
2005, année internationale du microcrédit - au G8
de Sea Island.
Le président français relancera cette idée
à Ouagadougou, parallèlement à son projet
d'impôt international pour mieux lutter contre la pauvreté,
et confirmera l'accueil par la France d'une conférence
sur le microcrédit en juin prochain.
Cependant, l'essentiel des discussions à huis clos de
la trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement présents
à Ougadougou devrait porter sur les conflits régionaux,
comme celui du Darfour et, surtout, de la Côte d'Ivoire.
Paris s'attend à l'adoption d'une résolution particulière
confirmant le "soutien ferme" du sommet aux efforts
de la communauté internationale, en particulier de la France,
pour faire aboutir le processus de réconciliation nationale.
Le sommet "réitérera que la solution militaire
n'est pas une option, que les violations du cessez-le-feu ne sont
pas acceptables et que la voie du dialogue est la seule possible",
a souligné Jérôme Bonnafont.
La France, qui a rapatrié plus de 8.000 de ses ressortissants
de Côte d'Ivoire après une vague de manifestations,
a récemment obtenu le vote par l'Onu d'un embargo sur les
ventes d'armes à ce pays.
Prié de dire si le président ivoirien Laurent Gbagbo
était susceptible de se rendre au sommet de la Francophonie,
bien qu'il ait accusé Ougadougou de servir de base arrière
aux rebelles, le porte-parole de l'Elysée a répondu
: "nous n'avons pas d'indications à cet égard".
"Le président ne devrait pas participer au sommet
et devrait être représenté par son ministre
de la Culture et de la Francophonie, Anne Malan Messou",
a déclaré pour sa part Toussaint Alain, conseiller
à la présidence ivoirienne et proche de Laurent
Gbagbo.
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