PARIS (AFP - 10:34) - Le président Jacques Chirac se
rend mercredi en visite officielle en Libye pour ouvrir "un
nouveau chapitre" avec Tripoli après des années
de tension, avant de participer, à Ouagadougou en fin
de semaine, au Xe sommet de la Francophonie qui sera dominé
par la crise en Côte d'Ivoire.
Il s'agira de la première visite officielle d'un président
de la République en Libye depuis l'indépendance
en 1951 de ce pays d'Afrique du Nord, a souligné le porte-parole
de l'Elysée, Jérôme Bonnafont.
Cette visite vise à "ouvrir un nouveau chapitre
dans les relations avec ce pays, qui est un grand pays maghrébin,
méditerranéen et africain", a-t-il dit.
Elle a été permise par la renonciation du régime
du colonel Mouammar Kadhafi au terrorisme et aux armes de destruction
massive, et par le versement de 170 millions de dollars d'indemnisation
aux familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA
en 1989 (170 morts).
"C'est l'aboutissement d'un processus de normalisation
progressive entre la Libye et la communauté internationale"
qui a aujourd'hui levé toutes ses sanctions, a souligné
M. Bonnafont. M. Chirac a en effet déjà été
précédé à Tripoli depuis mars par
les chefs de gouvernement britannique, italien et allemand,
un signe que la Libye est de nouveau jugée fréquentable
après avoir incarné le terrorisme international
et avoir été soumise à un sévère
embargo par l'Onu.
A Tripoli, il aura deux entretiens avec le colonel Khadafi
et sera son hôte à dîner au palais de Bab
Azizia. Les discussions devraient porter sur l'Irak, l'Afrique,
la lutte contre le terrorisme, ainsi que sur la coopération
économique.
Il doit aussi évoquer les droits de l'homme et le sort
des cinq infirmières bulgares condamnées à
mort sous l'accusation d'avoir provoqué une épidémie
de sida dans un hôpital pour enfants.
En effaçant son image d'"Etat voyou", la Libye
veut profiter de ses importantes ressources pétrolières.
Avec des réserves prouvées de plus de 30 milliards
de barils, elle veut doubler sa production pour atteindre 3
millions de barils/jour en 2010, ce qui nécessite des
investissements de 30 milliards de dollars d'ici à 2010.
Sur ce marché dominé par les sociétés
américaines, le Français Total "espère
conclure des accords avec les Libyens" sur l'exploration
et l'ingéniérie, a indiqué Jérôme
Bonnafont.
M. Chirac, qui sera accompagné de trois ministres Michel
Barnier (Affaires étrangères), Gilles de Robien
(Transports) et François Loos (Commerce extérieur),
sera à la tête d'une délégation d'une
vingtaine de chefs d'entreprise.
Les échanges franco-libyens ont été qualifiés
de "modestes" par le porte-parole de l'Elysée,
alors que les importations françaises - essentiellement
pétrolières - se montent à 800 millions
d'euros et les exportations à 300 millions.
Le président quittera Tripoli jeudi à la mi-journée
pour Ouagadougou, où 51 pays et régions francophones
seront réunis jusqu'à samedi. Le thème
officiel du sommet étant "le développement
durable", M. Chirac mettra l'accent sur le micro-crédit,
un outil déjà utilisé avec succès
par plus de 60 millions de pauvres dans les pays du sud.
Mais la crise en Côte d'Ivoire sera omniprésente.
"Il va de soi que la Francophonie ne saurait ignorer ce
conflit et doit tout faire pour donner sa contribution à
la reprise du dialogue", a dit M. Bonnafont.
Le sommet doit ainsi adopter une résolution apportant
"un soutien très ferme" au processus de réconciliation
nationale dans cette ancienne colonie française coupée
en deux par une rébellion depuis 2002 et théâtre
récemment de graves violences anti-françaises.