victimes attentat

(Mercredi 24 novembre 2004, 14h58)

Chirac à Tripoli pour sceller la réconciliation
avec la Libye


TRIPOLI (AFP) - Le président français Jacques Chirac est attendu mercredi après-midi à Tripoli pour sceller la réconciliation avec la Libye après sa renonciation au terrorisme et tenter de profiter de l'ouverture économique de ce pays riche en pétrole.

Les grandes artères du bord de mer de la capitale étaient pavoisées de drapeaux tricolores français et verts libyens. D'immenses affiches représentaient aussi de hauts faits de la Révolution française de 1789, comme la prise de la Bastille, pour saluer cette première visite d'un président de la République française depuis l'indépendance de la Libye en 1951.

En face du grand hôtel où doit résider M. Chirac, une affiche géante célèbre "2004: la rencontre des pionniers", allusion à la France révolutionnaire et à la Jamahiriya libyenne instaurée en 1969 par le colonel Mouammar Kadhafi.

Cette visite officielle de 24 heures vient "sceller la normalisation entre les deux pays après le règlement de tous les problèmes en suspens", a affirmé le Premier ministre libyen Choukri Ghanem.

En écho, le porte-parole de la présidence française Jérôme Bonnafont a déclaré que le déplacement de M. Chirac vise à "ouvrir un nouveau chapitre dans les relations" avec la Libye, "un grand pays maghrébin, méditerranéen et africain".

Cette volonté commune de tourner la page sur leurs relations tumultueuses n'empêchent pas le numéro un libyen de souffler le chaud et le froid.

Dans une interview au quotidien français Le Figaro paru mercredi, il souhaite que les deux pays "conjuguent leurs efforts pour aider l'Afrique". Mais c'est pour ajouter aussitôt: "c'était une erreur d'intervenir en Côte d'Ivoire" et cela risque d'avoir "une influence négative sur les relations afro-françaises".

M. Chirac, attendu à 17h00 (15h00 GMT) à Tripoli, doit rencontrer en fin d'après-midi le colonel Kadhafi, avant d'être son hôte à dîner au palais de Bab Azizia. Ils doivent avoir un nouvel entretien jeudi matin.

L'atmosphère devrait être plus chaleureuse que lors de leur dernière rencontre, au sommet euro-maghrébin de Tunis, en décembre 2003, où les deux dirigeants s'étaient ostensiblement ignorés, sans s'adresser un mot en public.

Les deux pays étaient alors encore en pleine négociation pour l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989 (170 morts). Ce dossier est aujourd'hui réglé, la Libye ayant versé 170 millions de dollars aux familles, comme elle l'a fait pour les attentats de Lockerbie et contre une discothèque berlinoise.

Depuis que Tripoli a également annoncé avoir renoncé au terrorisme et aux armes de destruction massive, les Européens sont venus en nombre à Tripoli, notamment le Britannique Tony Blair, l'Italien Silvio Berlusconi et l'Allemand Gerhard Schroeder.

Pour M. Ghanem, la visite de M. Chirac témoigne de la volonté de la France de renforcer sa coopération avec la Libye, "surtout dans les domaines économiques et pétrolier".

La France est soucieuse d'obtenir une part du marché pétrolier libyen aujourd'hui dominé par les Américains, au moment où Tripoli veut doubler sa production pour atteindre 3 millions de barils/jour en 2010, ce qui nécessite des investissements de 30 milliards de dollars d'ici à cette date.

M. Chirac emmène ainsi avec lui une délégation d'une vingtaine de chefs d'entreprise, dont les PDG du groupe pétrolier Total, de Gaz de France et du groupe d'électronique de défense Thalès.

Il quittera Tripoli jeudi à la mi-journée pour se rendre à Ouagadougou, au dixième sommet de la Francophonie qui sera dominé par la crise en Côte d'Ivoire.

Retour au menu presse 2004