Le
président français se rend aujourd'hui en visite
officielle en Libye pour tourner la page après des années
de tension
C'est la première visite officielle d'un
président en Libye depuis l'indépendance en 1951
de ce pays d'Afrique du Nord.
Elle a été permise par la renonciation du régime
du colonel Kadhafi au terrorisme et aux armes de destruction massive
et le versement d'indemnisation (170 M USD) aux familles des victimes
de l'attentat contre le DC-10 d'UTA (1989).
Le dirigeant libyen Moummar Kadhafi a estimé, dans "Le
Figaro" du 24 novembre, jour de l'arrivée de Jacques
Chirac à Tripoli, que la France a eu tort d'intervenir
en Côte d'Ivoire et que la Libye n'a pas été
vraiment récompensée pour sa renonciation à
son programme d'armes nucléaires et chimiques.
Le dirigeant libyen souhaite cependant que Paris et Tripoli conjuguent
leurs efforts pour aider l'Afrique.
Moummar Kadhafi estime également avoir été
"un peu déçu par la réaction de l'Europe,
des Etats-unis et du Japon" au démantèlement
de ses programmes d'armes nucléaires et chimiques.
Pour le dirigeant libyen, un pays qui se débarrasse de
ses armes de destruction massive "devrait au moins obtenir
des garanties quant à sa sécurité nationale
de la part de la communauté internationale".
De même, il considère que le problème du
terrorisme "n'est pas traité de façon appropriée"
car "on mène une sorte de course derrière le
terrorisme" et "parfois une sorte de fuite en avant",
au lieu de mettre un terme à "l'idéologie du
terrorisme".
Il critique ainsi l'intervention de la coalition en Irak, "un
régime très fort, laïc, mené par un
parti Baas qui était contre les orientations religieuses".
"On l'a attaqué et ce rempart contre le terrorisme
s'est effondré", déplore-t-il, soulignant que
les régimes terroristes eux, "existent toujours".
M.Chirac a été précédé à
Tripoli depuis mars par les chefs de gouvernement britannique,
italien et allemand, un signe que la Libye est de nouveau jugée
fréquentable après avoir incarné le terrorisme
international et avoir été soumise à un sévère
embargo par l'ONU.
A Tripoli, il aura deux entretiens avec le colonel Khadafi et
sera son hôte à dîner au palais de Bab Azizia.
Les discussions devraient porter sur l'Irak, l'Afrique, la lutte
contre le terrorisme, ainsi que sur la coopération économique.
Il doit aussi évoquer les droits de l'homme et le sort
des cinq infirmières bulgares condamnées à
mort sous l'accusation d'avoir provoqué une épidémie
de sida dans un hôpital pour enfants.
La Libye, qui veut profiter de ses importantes ressources pétrolières,
veut, avec des réserves prouvées de plus de 30 milliards
de barils, doubler sa production pour atteindre 3 millions de
barils/jour en 2010, ce qui nécessite des investissements
de 30 milliards de dollars d'ici à 2010.
Sur ce marché dominé par les sociétés
américaines, le Français Total espère conclure
des accords, notamment sur l'exploration et l'ingéniérie.
Jacques Chirac sera accompagné de trois ministres Michel
Barnier (Affaires étrangères), Gilles de Robien
(Transports) et François Loos (Commerce extérieur)
et d'une délégation d'une vingtaine de chefs d'entreprise.
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