Premier président
français à se rendre en Libye depuis l'indépendance
du pays en 1951, Jacques Chirac entend sur place normaliser des
relations franco-libyennes marquées par l'explosion d'un
DC10 d'UTA en 1989. C'est l'un des derniers responsables européens
à faire le déplacement depuis la levée des
sanctions de l'UE en janvier 2004.
'Un nouveau
chapitre'
Un peu plus de 15 ans après l’explosion
en plein vol au-dessus du désert du Ténéré
d’un DC10 d'UTA, la France s’apprête par la
visite inédite de son président à tourner
une page dans ses relations houleuses avec la Libye. En septembre
dernier, le gouvernement libyen et les associations de familles
des 54 morts français ont abouti à un accord d'indemnisation
d'un million de dollars par victime. La Libye a également
publiquement renoncé au terrorisme et aux armes de destruction
massive et a aussi accepté de régler sa dette de
44,4 millions d'euros à l'égard de la Coface, la
compagnie française d'assurance-crédit des exportations.
Jacques Chirac aura à Tripoli deux entretiens avec le
colonel Khadafi et sera son hôte à dîner au
palais de Bab Azizia. Les discussions devraient porter sur l'Irak,
l'Afrique, la lutte contre le terrorisme et la coopération
économique. Il devrait aussi être question de droits
de l'homme et du sort de cinq infirmières bulgares et d’un
médecin palestinien condamnés à mort sous
l'accusation d'avoir provoqué une épidémie
de sida dans un hôpital pour enfants.
En décembre dernier, lors d'un sommet euro-maghrébin
"5+5" 2003 en Tunisie, les deux hommes s'étaient
ostensiblement ignorés, n'échangeant même
pas un regard. Depuis la levée des sanctions de l'UE en
janvier 2004, Jacques Chirac a d’ailleurs déjà
été précédé sur place par José
Maria Aznar, Tony Blair, Silvio Berlusconi et Gerhard Schroeder.
D’où notamment un gazoduc de plusieurs milliards
de dollars reliant la Libye à l'Italie et un puits de pétrole
allemand dans le désert.
Jacques Chirac sera accompagné d’une vingtaine de
chefs d'entreprise, dont le PDG de Dassault Aviation, celui de
Gaz de France ou de Total. Comme beaucoup d’autres, les
sociétés pétrolières françaises
comptent en effet sur des ressources libyennes estimées
à 29,5 milliards de barils, soit 3% du total mondial. Jusqu’ici,
les échanges franco-libyens ont été qualifiés
de « modestes » par le porte-parole de l'Elysée.
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