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(Mercredi 24 novembre 2004)

Le président Chirac se rend en Libye pour "ouvrir un nouveau chapitre" avec le pays

LEMONDE.FR | 24.11.04 | 09h35

Jacques Chirac commence, mercredi 24 novembre, la première visite officielle d'un président français en Libye depuis l'indépendance du pays, en 1951. M. Chirac a déjà été précédé à Tripoli depuis mars par les chefs de gouvernement britannique, italien et allemand.

Le président Jacques Chirac devait se rendre, mercredi 24 novembre, en visite officielle en Libye pour ouvrir "un nouveau chapitre" avec Tripoli après des années de tension, avant de participer, à Ouagadougou en fin de semaine, au Xe Sommet de la francophonie, qui sera dominé par la crise en Côte d'Ivoire.

Il s'agira de la première visite officielle d'un président de la République en Libye depuis l'indépendance, en 1951, de ce pays d'Afrique du Nord, a souligné le porte-parole de l'Elysée, Jérôme Bonnafont. Cette visite vise à "ouvrir un nouveau chapitre dans les relations avec ce pays, qui est un grand pays maghrébin, méditerranéen et africain", a-t-il dit.

"ABOUTISSEMENT D'UN PROCESSUS DE NORMALISATION"

Elle a été permise par la renonciation du régime du colonel Mouammar Kadhafi au terrorisme et aux armes de destruction massive, et par le versement de 170 millions de dollars (129,6 millions d'euros) d'indemnisation aux familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989 (170 morts). "C'est l'aboutissement d'un processus de normalisation progressive entre la Libye et la communauté internationale", qui a aujourd'hui levé toutes ses sanctions, a souligné M. Bonnafont.

M. Chirac a en effet déjà été précédé à Tripoli depuis mars par les chefs de gouvernement britannique, italien et allemand, un signe que la Libye est de nouveau jugée fréquentable après avoir incarné le terrorisme international et avoir été soumise à un sévère embargo par l'ONU.

A Tripoli, il aura deux entretiens avec le colonel Kadhafi et sera son hôte à dîner au palais de Bab Azizia. Les discussions devraient porter sur l'Irak, l'Afrique, la lutte contre le terrorisme, ainsi que sur la coopération économique. Le président français doit aussi évoquer les droits de l'homme et le sort des cinq infirmières bulgares condamnées à mort sous l'accusation d'avoir provoqué une épidémie de sida dans un hôpital pour enfants.

Néanmoins, dans un entretien à paraître au Figaro, mercredi 24 novembre, le président libyen s'est prononcé sur le rôle de la France en Côte d'Ivoire et a estimé que "c'était une erreur (pour la France) d'intervenir" et que cela risque d'avoir "une influence négative sur les relations afro-françaises". Il a ainsi préconisé la suppression de toutes les armées nationales en Afrique et la création d'une "armée africaine unique".

RELANCER LES ÉCHANGES FRANCO-LIBYENS

En effaçant son image d'"Etat voyou", la Libye veut profiter de ses importantes ressources pétrolières. Avec des réserves prouvées de plus de 30 milliards de barils, elle veut doubler sa production pour atteindre 3 millions de barils/jour en 2010, ce qui nécessite des investissements de 30 milliards de dollars (22,8 milliards d'euros) d'ici à 2010. Sur ce marché dominé par les sociétés américaines, le Français Total "espère conclure des accords avec les Libyens" sur l'exploration et l'ingénierie, a indiqué Jérôme Bonnafont.

M. Chirac, qui sera accompagné de trois ministres, Michel Barnier (affaires étrangères), Gilles de Robien (transports) et François Loos (commerce extérieur), sera à la tête d'une délégation d'une vingtaine de chefs d'entreprise, dont le groupe Total et Gaz de France. Les échanges franco-libyens ont été qualifiés de "modestes" par le porte-parole de l'Elysée, alors que les importations françaises - essentiellement pétrolières - se montent à 800 millions d'euros et les exportations à 300 millions.

Le président quittera Tripoli jeudi 25 novembre à la mi-journée pour Ouagadougou, où 51 pays et régions francophones seront réunis jusqu'à samedi. Le thème officiel du sommet étant "le développement durable", M. Chirac mettra l'accent sur le micro-crédit, un outil déjà utilisé avec succès par plus de soixante millions de pauvres dans les pays du Sud.

Mais la crise en Côte d'Ivoire sera omniprésente. "Il va de soi que la Francophonie ne saurait ignorer ce conflit et doit tout faire pour donner sa contribution à la reprise du dialogue", a dit M. Bonnafont.

Le sommet doit ainsi adopter une résolution apportant "un soutien très ferme" au processus de réconciliation nationale dans cette ancienne colonie française coupée en deux par une rébellion depuis 2002 et théâtre récemment de graves violences antifrançaises.

Avec AFP et Reuters

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