victimes attentat

(mercredi 24 novembre 2004, 20h47

Kadhafi fait visiter à Chirac les vestiges d'un bombardement

Par Gérard Bon

TRIPOLI (Reuters) - Mouammar Kadhafi a fait visiter mercredi à Jacques Chirac le bâtiment, toujours en ruines, que les Américains avaient bombardé en 1986 à Tripoli avec l'intention, selon lui, de le tuer.

Le président français a marché dans les gravats et observé les débris d'un missile au coeur de la caserne Bab Aziza, qui abrite la résidence officielle du dirigeant libyen.

Dès leur arrivée à Tripoli, Jacques Chirac et la délégation française se sont rendus au "palais" Bab Aziza et ont salué les responsables libyens au son d'une fanfare, face à des panneaux géants reproduisant des scènes de la Révolution française et célébrant les "retrouvailles" entre deux pays "pionniers".

Le colonel Kadhafi, qui s'est dit "heureux d'accueillir un ami", a ensuite rapidement entraîné Jacques Chirac dans le bâtiment bombardé, devenu un monument de la révolution libyenne.

Là, le président français, le visage grave, a signé un registre où figuraient déjà les commentaires de visiteurs étrangers, comme le président du Nicaragua. Mais Jacques Chirac n'a apposé que son nom, avec la date.

"Lors du bombardement de 1986, Kadhafi ne se trouvait pas là mais il avait perdu une fille adoptive", explique une journaliste africaine qui se rend souvent dans la capitale libyenne.

"Depuis, tout est bunkérisé dans le quartier parce que Kadhafi vit avec une épée de Damoclès sur la tête. Il ne passe jamais la nuit ici", ajoute-t-elle.


"UN FILS DU DESERT"

Le guide de la révolution libyenne a ensuite fait visiter à Jacques Chirac le parc attenant, où il a fait installer de grandes tentes de nomades et où déambulent chèvres et dromadaires. "C'est un symbole, il est resté un fils du désert", avance un Libyen.

Un peu plus loin, une affiche célèbre effectivement "l'épopée du désert".

Le président français, qui est venu en Libye pour y tourner la page de l'embargo, a eu ensuite un premier entretien avec le colonel Kadhafi, avec lequel il devait dîner dans la soirée.

Le dirigeant libyen a alors dit avoir apprécié "l'esprit" dans lequel "tous les contentieux bilatéraux ont été réglés", a rapporté Jérôme Bonnafont, porte-parole de l'Elysée.

Il a également exprimé "sa reconnaissance à la France pour ce qu'elle a fait à propos de l'Irak et pour avoir accueilli Yassert Arafat à Paris", a-t-il ajouté.

De son côté, Jacques Chirac a proposé au dirigeant libyen de sceller le rapprochement des deux pays dans plusieurs directions, notamment en organisant un "partenariat politique", c'est-à-dire des échanges réguliers permettant d'aborder les sujets communs, et en développant la coopération économique.

A ce sujet, Mouammar Kadhafi a indiqué que, comme la Libye avait renoncé aux armes de destruction massive, elle souhaitait que des transferts de technologie lui permettent de "développer des industries civiles à usage pacifique".

Jérôme Bonnafont a précisé que le dirigeant libyen songeait "au nucléaire civil, où la Libye a des ambitions", et que Jacques Chirac avait précisé qu'une coopération était possible si Tripoli respectait "les règles internationales en vigueur".

Retour au menu presse 2004