Par
Gérard Bon
TRIPOLI (Reuters) - Mouammar Kadhafi a fait visiter
mercredi à Jacques Chirac le bâtiment, toujours en
ruines, que les Américains avaient bombardé en 1986
à Tripoli avec l'intention, selon lui, de le tuer.
Le président français a marché
dans les gravats et observé les débris d'un missile
au coeur de la caserne Bab Aziza, qui abrite la résidence
officielle du dirigeant libyen.
Dès leur arrivée à Tripoli,
Jacques Chirac et la délégation française
se sont rendus au "palais" Bab Aziza et ont salué
les responsables libyens au son d'une fanfare, face à des
panneaux géants reproduisant des scènes de la Révolution
française et célébrant les "retrouvailles"
entre deux pays "pionniers".
Le colonel Kadhafi, qui s'est dit "heureux
d'accueillir un ami", a ensuite rapidement entraîné
Jacques Chirac dans le bâtiment bombardé, devenu
un monument de la révolution libyenne.
Là, le président français,
le visage grave, a signé un registre où figuraient
déjà les commentaires de visiteurs étrangers,
comme le président du Nicaragua. Mais Jacques Chirac n'a
apposé que son nom, avec la date.
"Lors du bombardement de 1986, Kadhafi ne
se trouvait pas là mais il avait perdu une fille adoptive",
explique une journaliste africaine qui se rend souvent dans la
capitale libyenne.
"Depuis, tout est bunkérisé
dans le quartier parce que Kadhafi vit avec une épée
de Damoclès sur la tête. Il ne passe jamais la nuit
ici", ajoute-t-elle.
"UN FILS DU DESERT"
Le guide de la révolution libyenne a ensuite
fait visiter à Jacques Chirac le parc attenant, où
il a fait installer de grandes tentes de nomades et où
déambulent chèvres et dromadaires. "C'est un
symbole, il est resté un fils du désert", avance
un Libyen.
Un peu plus loin, une affiche célèbre
effectivement "l'épopée du désert".
Le président français, qui est
venu en Libye pour y tourner la page de l'embargo, a eu ensuite
un premier entretien avec le colonel Kadhafi, avec lequel il devait
dîner dans la soirée.
Le dirigeant libyen a alors dit avoir apprécié
"l'esprit" dans lequel "tous les contentieux bilatéraux
ont été réglés", a rapporté
Jérôme Bonnafont, porte-parole de l'Elysée.
Il a également exprimé "sa
reconnaissance à la France pour ce qu'elle a fait à
propos de l'Irak et pour avoir accueilli Yassert Arafat à
Paris", a-t-il ajouté.
De son côté, Jacques Chirac a proposé
au dirigeant libyen de sceller le rapprochement des deux pays
dans plusieurs directions, notamment en organisant un "partenariat
politique", c'est-à-dire des échanges réguliers
permettant d'aborder les sujets communs, et en développant
la coopération économique.
A ce sujet, Mouammar Kadhafi a indiqué
que, comme la Libye avait renoncé aux armes de destruction
massive, elle souhaitait que des transferts de technologie lui
permettent de "développer des industries civiles à
usage pacifique".
Jérôme Bonnafont a précisé
que le dirigeant libyen songeait "au nucléaire civil,
où la Libye a des ambitions", et que Jacques Chirac
avait précisé qu'une coopération était
possible si Tripoli respectait "les règles internationales
en vigueur".
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