Qu'elle paraît lointaine, l'époque
où l'aviation américaine avait bombardé
Tripoli, tuant au passage l'un des enfants du colonel Kadhafi,
tandis que la France lui refusait le survol de son territoire.
Depuis, le guide de la révolution libyenne, figure du
terrorisme international, s'est assagi après avoir compris
au lendemain du 11-Septembre, que les Etats-Unis ne le rateraient
plus s'il ne rentrait pas dans le rang.
Outre son renoncement aux armes de destructions massives, spectaculairement
affiché, le préalable était d'apurer les
contentieux nés des attentats contre le Boeing de la
Panam au-dessus du village de Lockerbie (Ecosse) et contre le
DC 10 d'UTA qui s'était écrasé dans le
désert du Ténéré. La France s'est
battue pour revaloriser l'indemnisation de ses victimes mais,
à l'aune de leur poids respectif, Paris et Washington
n'ont pas été traitées sur un pied d'égalité.
Scruté par l'association des victimes, Jacques Chirac
s'est longtemps tenu à distance du bouillant colonel
spécialiste de l'agit-prop en Afrique. Notamment au Tchad,
qu'il ne cessera de vouloir déstabiliser en se heurtant
aux soldats français. Il fut un temps où l'évocation
de sa venue en France, fût-ce dans le cadre du Parlement
de Strasbourg, suscitait un démenti immédiat de
l'Elysée. Aujourd'hui, la France ne peut rester à
l'écart des délégations occidentales qui
se succèdent à Tripoli depuis la levée
des sanctions économiques.
Kadhafi serait-il pour autant devenu un partenaire fiable ?
Voire. Cette visite officielle en Libye suivie d'une participation
du chef de l'Etat au X e sommet franco-africain, qui se tiendra
à Ouagadougou (Burkina), prend tout son relief dans le
contexte de la crise ivoirienne. La France pourra concrètement
mesurer à travers les échanges entre partenaires
et les résolutions communes quelle est son influence
réelle sur le cours des événements dans
son ancien pré carré.