SOFIA - Cinq infirmières bulgares condamnées à
mort en Libye pour avoir, selon la justice locale, provoqué
une épidémie de sida envisagent de porter plainte
pour "détention illégale" et "tortures",
a annoncé lundi le ministre bulgare de la Justice, Anton
Stankov.
"Les infirmières bulgares veulent engager des poursuites
civiles pour obtenir réparation de leur arrestations
illégales et des tortures qu'elles ont subies",
a déclaré M. Stankov dans une interview à
la télévision nationale.
"Personnellement, plutôt que de +détention+,
je parlerais d'+enlèvement+", a ajouté le
ministre.
Cette intervention intervient après qu'une soixantaine
de familles de victimes eurent déposé plainte
au civil contre les infirmières la semaine dernière.
Début mai, un tribunal de la ville de Benghazi (nord
de la Libye) avait condamné à mort les cinq Bulgares
et un médecin palestinien au terme de cinq années
de détention préventive.
Les six prévenus, qui clament leur innocence et ont
fait appel, avaient été reconnus coupables d'avoir
infecté du virus du sida 380 enfants et d'avoir causé
la mort de 46 autres alors qu'ils exerçaient dans un
hôpital pédiatrique de la ville.
Les infirmières bulgares ont affirmé à
leur procès avoir été arrêtées
sans explications à leur domicile en février 1999
et avoir été battues et torturées à
l'électricité par la police.
Sofia a fermement rejeté les accusations libyennes en
se référant notamment aux témoignages du
professeur français Luc Montagnier, co-découvreur
du virus de sida, et du professeur italien Vittorio Colizzi,
selon lesquels la mauvaise hygiène à l'hôpital
était à l'origine du drame.
M. Stankov a mis en garde Tripoli contre "une surenchère"
dans les demandes d'indemnisation. "Il peut y avoir surenchère
des deux côtés", a-t-il affirmé.
Début décembre, Sofia avait rejeté une
proposition de Tripoli de classer l'affaire contre payement
de 10 millions d'euros par patient infecté.
Un tribunal à Benghazi doit examiner le 29 décembre
une requête présentée par une famille dont
les deux enfants sont morts du sida, qui porte sur 5,7 millions
d'euros de dommages, a indiqué le ministère bulgare
des Affaires étrangères.
M. Stankov s'est déclaré "surpris"
de ces demandes alors que le verdict n'est pas définitif.
M. Stankov a par ailleurs proposé d'ouvrir un dialogue
avec la Libye "en terrain neutre" dans un pays de
l'Union européenne (UE).
"Je préfère que ce dialogue soit mené
sur un terrain neutre. Je serais heureux que l'Union européenne
accepte d'être l'hôte d'une telle rencontre",
a-t-il déclaré.
L'UE réclame la libération des infirmières
bulgares "aussitôt que possible" et propose
d'aider la Libye pour le traitement des enfants malades.