victimes attentat

(lundi 20 décembre 2004 17h04)

Les infirmières bulgares veulent demander à leur tour réparation à Tripoli


SOFIA - Cinq infirmières bulgares condamnées à mort en Libye pour avoir, selon la justice locale, provoqué une épidémie de sida envisagent de porter plainte pour "détention illégale" et "tortures", a annoncé lundi le ministre bulgare de la Justice, Anton Stankov.

"Les infirmières bulgares veulent engager des poursuites civiles pour obtenir réparation de leur arrestations illégales et des tortures qu'elles ont subies", a déclaré M. Stankov dans une interview à la télévision nationale.

"Personnellement, plutôt que de +détention+, je parlerais d'+enlèvement+", a ajouté le ministre.

Cette intervention intervient après qu'une soixantaine de familles de victimes eurent déposé plainte au civil contre les infirmières la semaine dernière.

Début mai, un tribunal de la ville de Benghazi (nord de la Libye) avait condamné à mort les cinq Bulgares et un médecin palestinien au terme de cinq années de détention préventive.

Les six prévenus, qui clament leur innocence et ont fait appel, avaient été reconnus coupables d'avoir infecté du virus du sida 380 enfants et d'avoir causé la mort de 46 autres alors qu'ils exerçaient dans un hôpital pédiatrique de la ville.

Les infirmières bulgares ont affirmé à leur procès avoir été arrêtées sans explications à leur domicile en février 1999 et avoir été battues et torturées à l'électricité par la police.

Sofia a fermement rejeté les accusations libyennes en se référant notamment aux témoignages du professeur français Luc Montagnier, co-découvreur du virus de sida, et du professeur italien Vittorio Colizzi, selon lesquels la mauvaise hygiène à l'hôpital était à l'origine du drame.

M. Stankov a mis en garde Tripoli contre "une surenchère" dans les demandes d'indemnisation. "Il peut y avoir surenchère des deux côtés", a-t-il affirmé.

Début décembre, Sofia avait rejeté une proposition de Tripoli de classer l'affaire contre payement de 10 millions d'euros par patient infecté.

Un tribunal à Benghazi doit examiner le 29 décembre une requête présentée par une famille dont les deux enfants sont morts du sida, qui porte sur 5,7 millions d'euros de dommages, a indiqué le ministère bulgare des Affaires étrangères.

M. Stankov s'est déclaré "surpris" de ces demandes alors que le verdict n'est pas définitif.

M. Stankov a par ailleurs proposé d'ouvrir un dialogue avec la Libye "en terrain neutre" dans un pays de l'Union européenne (UE).

"Je préfère que ce dialogue soit mené sur un terrain neutre. Je serais heureux que l'Union européenne accepte d'être l'hôte d'une telle rencontre", a-t-il déclaré.

L'UE réclame la libération des infirmières bulgares "aussitôt que possible" et propose d'aider la Libye pour le traitement des enfants malades.

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