ETATS-UNIS - 30 janvier 2005-
par SAMIR GHARBI
Aux États-Unis, les avocats ne reculent devant rien
pour inciter les victimes à poursuivre les coupables
présumés et à leur réclamer des
dommages et intérêts. Et ce, indépendamment
des procédures pénales. Les avocats sont en fait
des cabinets d'affaires : ils tirent des procès autant
de profits, sinon davantage, que leurs clients.
Dans l'affaire de l'attentat de Lockerbie (décembre 1988),
la part des avocats a été supérieure à
celles des ayants droit (voir J.A.I. n° 2297) : ces derniers
n'ont touché qu'entre 20 % et 30 % de la somme versée
par la Libye (10 millions de dollars). Pourtant, les avocats
n'ont même pas eu à plaider, la Libye ayant préféré
un accord amiable (août 2003).
C'est grâce à ce précédent que les
ayants droit des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA (septembre
1989) ont, en janvier 2004, obtenu de cette même Libye
- sans le concours d'aucun avocat - une indemnisation de 1 million
de dollars par victime. Idem pour les victimes de l'attentat
contre la discothèque berlinoise La Belle (en avril 1986),
qui ont solidairement reçu, en septembre 2004, 35 millions
de dollars (1 million pour la jeune femme turque décédée
et 34 millions pour les 168 blessés).
Rien de tout cela n'a été fait pour les victimes
des attentats qui ont antérieurement frappé la
France, en 1995 et 1996 (12 morts et 324 blessés). Deux
accusés membres des GIA algériens ont été
arrêtés et condamnés, le 30 octobre 2002,
à la réclusion à perpétuité.
Les victimes ou leurs ayants droit n'ont poursuivi ni les autres
présumés coupables ni leurs complices, et encore
moins leurs familles.
De même, aucun procès au civil n'est en vue pour
les attentats de Casablanca (mai 2003, 45 morts) et de Madrid
(mars 2004, 191 morts et plus de 1 000 blessés).