F. M.
[01 février 2005]
La Libye n'a pas été tendre avec
les compagnies pétrolières européennes. Sur
les quinze permis d'exploration qui viennent d'être accordés
à des entreprises étrangères, onze sont tombés
dans l'escarcelle de sociétés américaines.
Rien pour les groupes européens. Une déception d'autant
plus forte qu'il s'agissait du premier appel d'offres lancé
par Tripoli depuis quarante ans.
Certes, deux nouveaux appels d'offres doivent
être lancés d'ici à la fin de l'année
(dont le prochain dans un mois), mais ils auront du mal à
inverser la tendance. En attendant, quelque 150 sociétés,
parmi lesquelles Total et Gaz de France, ont participé
à cet appel d'offres inaugural, qui portait sur une surface
d'exploration de 127 000 km2, pour un volume global d'investissements
évalué à 750 millions de dollars. Au mois
de novembre dernier, accompagné d'une vingtaine de chefs
d'entreprise, dont ceux de Total et Gaz de France, Jacques Chirac
avait effectué une visite officielle en Libye, la première
d'un président de la République française
depuis l'indépendance du pays en 1951.
Dans cette bataille entre pétroliers,
le grand vainqueur, l'américain Occidental Petroleum, remporte
cinq permis, plus quatre autres en partenariat avec la compagnie
australienne Woodside Petroleum. Le montant de l'offre n'explique
pas tout : Occidental Petroleum, présent en Libye jusqu'en
1986 – date à laquelle l'entreprise s'est retirée
dans le sillage des sanctions décidées par Washington
–, avait pour notable avantage de bien connaître la
zone et donc de faire des offres particulièrement appropriées.
Plus aucune major de l'or noir ne peut se permettre
de faire l'impasse sur la Libye. Non seulement le pays dispose
encore de nombreux gisements inexploités – plus de
30 milliards de barils, l'équivalent de la mer du Nord
–, mais le brut libyen, de bonne qualité, se distingue
par un coût d'extraction modique aux alentours de 5 dollars
le baril. Un atout forcément porteur, surtout au regard
des évolutions de la courbe du baril, solidement installé
au-dessus de la barre des 40 dollars depuis plusieurs mois. Avantage
supplémentaire : le marché européen, si gourmand
en hydorcarbures, est tout proche de la Libye, pays qui abrite
les premières réserves pétrolières
d'Afrique du Nord.
Longtemps infréquentable sur le plan politique,
Tripoli a perdu parallèlement beaucoup de son influence
sur la scène pétrolière internationale :
la part de la Libye dans les volumes de l'Opep a été
divisée par trois, passant de 15 à 5%. Ayant chuté
à moins de 2% de la production mondiale en 2002 (à
peine 40% de son niveau de 1970), la production libyenne remonte
peu à peu, avec pour objectif d'atteindre 5 millions de
barils par jours (mbj) à l'horizon de quatre ans, contre
environ 1,5 mbj aujourd'hui. Autant dire que Tripoli a besoin
plus que jamais des investissements étrangers.
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