TRIPOLI, 5 fév (AFP)
La ministre française de la Défense
Michèle Alliot-Marie a été longuement reçue
par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, samedi dans son palais
Bab Aziziyah de Tripoli, a constaté un journaliste de
l'AFP.
La rencontre de près de deux heures s'est achevée
par une vingtaine de minutes d'entretien en tête-à-tête.
"Ce fut un très bon dialogue dans une atmosphère
excellente et très cordiale", a jugé un des
membres de la délégation française à
l'issue de l'entretien.
Mouammar Kadhafi a accueilli la ministre dans un bureau de
son palais en lui demandant "des nouvelles de (son) ami
Jacques Chirac".
Assis derrière un monumental bureau et prenant parfois
des notes, le dirigeant libyen a écouté la ministre
française lui faire part de sa volonté de "concrétiser
les relations de confiance entre la Libye et la France".
"Nos bonnes relations dans le domaine de la Défense
sont très anciennes, et la nécessité aujourd'hui
de faire face à des risques (communs) nous conduit à
renouer des relations de même niveau", a ajouté
Mme Alliot-Marie à Mouammar Kadhafi.
L'entretien, qui s'est ensuite déroulé à
huis clos, a porté sur l'Afrique et la présence
française sur ce continent notamment en Côte d'Ivoire,
la position de la France face à la guerre menée
par les Américains en Irak, la situation au Darfour (ouest
du Soudan), les relations entre Paris et Djibouti, et la question
de l'immigration clandestine vers l'Europe à partir de
l'Afrique.
Face à Mouammar Kadhafi, qui a plaidé pour que
l'Afrique résolve elle-même ses conflits internes,
Mme Alliot-Marie a assuré que la présence française
en Côte d'Ivoire était justifiée par le
mandat des Nations unies, à la demande d'Abidjan.
Selon l'entourage de Mme Alliot-Marie, le dirigeant libyen
l'a également questionnée sur les relations entre
la France et Djibouti, marquées par l'affaire Bernard
Borrel, du nom du juge français décédé
dans des conditions mystérieuses à Djibouti en
1995.
M. Kadhafi a rappelé, selon cette source, que l'opposition
française de participer à la guerre en Irak avait
contribué à rehausser l'image de la France dans
la région.
Mme Alliot-Marie a insisté pour sa part sur la nécessité
de bâtir une relation basée sur la confiance, qui
est la seule à même, selon elle, de permettre aux
deux pays de gérer des dossiers d'intérêts
communs, dont celui de l'immigration clandestine.
La ministre a rappelé que la France avait organisé
en décembre dernier à Paris une conférence
dite "5+5", où les ministres de la Défense
de dix pays de l'Europe du Sud et du Maghreb, dont la Libye,
avaient décidé de mettre en place une structure
permanente consacrée à "la sécurité
en Méditerranée occidentale" pour faire face
notamment au terrorisme et aux trafics illégaux.
La visite de Mme Alliot-Marie, arrivée vendredi soir
en Libye, fait suite à celle du président français
Jacques Chirac en novembre et la levée de l'embargo européen
sur les armes à destination de Tripoli en octobre dernier.
La France s'est déclarée disposée à
participer à la rénovation de matériels
militaires libyens affectés par l'embargo, et par la
fourniture de nouveaux matériels.
© 2005 AFP