victimes attentat

(Samedi 5 février 2005)

LIBYE

Coopération de défense franco-libyenne


La France et la Libye ont renoué leur coopération de défense, samedi, lors de la visite de Michèle Alliot-Marie à Tripoli. Plus tôt elle avait rencontré Mouammar Kadhafi.

La ministre française de la Défense et le général Abou Bakr Younes Jaber, secrétaire du comité général provisoire de la Défense libyenne, ont signé samedi 5 février un accord cadre définissant les futures relations de défense entre les deux pays, première étape de la reprise concrète de la coopération bilatérale de défense.

Cet accord comprend trois volets --dialogue stratégique, coopération militaire et coopération en matière d'armement--, et prévoit la constitution d'un comité bilatéral pour chacun de ces chapitres.
Sous la forme d'une lettre d'intention, il fixe le cadre des relations à venir, et constitue de facto une reprise des relations bilatérales de défense, suspendues au début des années 80 lors de l'invasion du Tchad par la Libye.
Mme Alliot-Marie a souligné devant la presse "la volonté de la Libye de mettre fin à ses programmes d'armes de destruction massive et de rentrer totalement dans la communauté internationale".

"Intérêts communs"

Elle a jugé que "les intérêts que nous avons en commun", notamment "la stabilité de certaines zones et la lutte contre les trafics" justifiait que la France et la Libye "retravaillent ensemble".
En matière de défense, cela signifie notamment la mise en place d'une coopération militaire et un échange de renseignements. "Il faut aussi avoir du matériel qui soit compatible", a-t-elle souligné, laissant entendre la possibilité d'une participation française à la rénovation et à la modernisation du matériel militaire libyen.
Mme Alliot-Marie a aussi été longuement reçue samedi matin par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi au palais Bab Azizia de Tripoli.
La rencontre, qui a duré 1h45 environ, s'est achevée par une vingtaine de minutes d'entretien en tête-à-tête. Mouammar Kadhafi a accueilli le ministre dans un bureau de son palais en lui demandant "des nouvelles de (son) ami Jacques Chirac".
"Ce fut un très bon dialogue dans une atmosphère excellente et très cordiale", ont jugé des membres de la délégation française à l'issue de la rencontre.
Assis derrière un monumental bureau et prenant parfois des notes, le dirigeant libyen a écouté Mme Alliot-Marie lui faire part de sa volonté de "concrétiser les relations de confiance entre la Libye et la France".

Entretien avec Kadhafi

L'entretien qui s'est ensuite déroulé à huis clos a notamment porté sur l'Afrique et la présence française sur ce continent, notamment en Côte d'Ivoire, la position de la France face à la guerre menée par les Américains en Irak, la situation au Darfour (Soudan), les relations entre Paris et Djibouti, et la question de l'immigration clandestine vers l'Europe à partir de l'Afrique.
La visite du ministre de la Défense fait suite à celle du président Jacques Chirac en novembre 2004, la première d'un chef d'Etat français depuis l'indépendance de la Libye en 1951, qui avait consacré la relance des relations bilatérales après le règlement pour l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, qui avait fait 170 morts en 1989.
Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin avait jugé samedi dernier, à l'occasion d'une visite en Tunisie voisine, que la Libye était désormais un "interlocuteur incontournable" qui devait retrouver sa place dans "le concert des nations" comme au plan régional.

© Le Nouvel Observateur 1999/2000

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