La France et la Libye ont renoué leur coopération
de défense, samedi, lors de la visite de Michèle
Alliot-Marie à Tripoli. Plus tôt elle avait rencontré
Mouammar Kadhafi.
La ministre française de la Défense et le général
Abou Bakr Younes Jaber, secrétaire du comité général
provisoire de la Défense libyenne, ont signé samedi
5 février un accord cadre définissant les futures
relations de défense entre les deux pays, première
étape de la reprise concrète de la coopération
bilatérale de défense.
Cet accord comprend trois volets --dialogue stratégique,
coopération militaire et coopération en matière
d'armement--, et prévoit la constitution d'un comité
bilatéral pour chacun de ces chapitres.
Sous la forme d'une lettre d'intention, il fixe le cadre des
relations à venir, et constitue de facto une reprise
des relations bilatérales de défense, suspendues
au début des années 80 lors de l'invasion du Tchad
par la Libye.
Mme Alliot-Marie a souligné devant la presse "la
volonté de la Libye de mettre fin à ses programmes
d'armes de destruction massive et de rentrer totalement dans
la communauté internationale".
"Intérêts communs"
Elle a jugé que "les intérêts que
nous avons en commun", notamment "la stabilité
de certaines zones et la lutte contre les trafics" justifiait
que la France et la Libye "retravaillent ensemble".
En matière de défense, cela signifie notamment
la mise en place d'une coopération militaire et un échange
de renseignements. "Il faut aussi avoir du matériel
qui soit compatible", a-t-elle souligné, laissant
entendre la possibilité d'une participation française
à la rénovation et à la modernisation du
matériel militaire libyen.
Mme Alliot-Marie a aussi été longuement reçue
samedi matin par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi au palais
Bab Azizia de Tripoli.
La rencontre, qui a duré 1h45 environ, s'est achevée
par une vingtaine de minutes d'entretien en tête-à-tête.
Mouammar Kadhafi a accueilli le ministre dans un bureau de son
palais en lui demandant "des nouvelles de (son) ami Jacques
Chirac".
"Ce fut un très bon dialogue dans une atmosphère
excellente et très cordiale", ont jugé des
membres de la délégation française à
l'issue de la rencontre.
Assis derrière un monumental bureau et prenant parfois
des notes, le dirigeant libyen a écouté Mme Alliot-Marie
lui faire part de sa volonté de "concrétiser
les relations de confiance entre la Libye et la France".
Entretien avec Kadhafi
L'entretien qui s'est ensuite déroulé à
huis clos a notamment porté sur l'Afrique et la présence
française sur ce continent, notamment en Côte d'Ivoire,
la position de la France face à la guerre menée
par les Américains en Irak, la situation au Darfour (Soudan),
les relations entre Paris et Djibouti, et la question de l'immigration
clandestine vers l'Europe à partir de l'Afrique.
La visite du ministre de la Défense fait suite à
celle du président Jacques Chirac en novembre 2004, la
première d'un chef d'Etat français depuis l'indépendance
de la Libye en 1951, qui avait consacré la relance des
relations bilatérales après le règlement
pour l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat
contre le DC-10 d'UTA, qui avait fait 170 morts en 1989.
Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin avait
jugé samedi dernier, à l'occasion d'une visite
en Tunisie voisine, que la Libye était désormais
un "interlocuteur incontournable" qui devait retrouver
sa place dans "le concert des nations" comme au plan
régional.
© Le Nouvel Observateur 1999/2000