9
février 2005 / 12 h 49
Par Time Europe
On ne nous changera pas Kadhafi. Quatre mois après avoir
réintégré la communauté internationale,
le colonel-leader de la Jamahirya libyenne n'a rien perdu de sa
suffisance ni de ses certitudes. Extraits de son interview accordée
à Scott Mac Leod et Armany Radwan, dans l'édition
du 14 février de Time Europe.
Etes-vous surpris
de vous retrouver en relativement bons termes avec les Etats-Unis
?
Il n'existe pas d'inimitiés ni d'amitiés permanentes.
Quand quelqu'un est fautif et regrette ses erreurs passées,
ceci doit être pris en considération. Je réalise
que l'Amérique et l'Occident ont compris qu'ils avaient
commis une erreur. Il est ironique d'entendre Bush répéter
à présent ce que je disais : nous soutenions les
mouvements de libération à travers le monde (…).
L'attentat
de Lockerbie entre-t-il dans la catégorie des erreurs libyennes
?
Jusqu'à présent, ses commanditaires sont inconnus.
Pourquoi la
Libye avait-elle acquis des armes de destruction massive ?
Le programme a commencé au tout début de la révolution.
Le monde était différent à cette époque.
Ce n'est pas seulement la Libye qui y songeait. Je sais que Ceaucescu
avait l'habitude de dire que la Roumanie était capable
de fabriquer la bombe nucléaire.
Pourquoi la
Libye a-t-elle décidé de démanteler ses armes
de destruction massive ?
Nous avons commencé à nous demander : 'Ces armes
que nous allons fabriquer, contre qui allons-nous les utiliser
?' Les alliances mondiales ont changé. Nous n'avions plus
de cible. Puis nous avons réfléchi au coût.
Si quelqu'un vous attaque et que vous utilisez une bombe nucléaire,
vous l'utilisez en fait contre vous-même (…).
Le plan d'assassinat
du prince héritier Abdallah d'Arabie Saoudite, imputé
à la Libye, explique-t-il que la Libye demeure sur la liste
américaine des pays terroristes ?
Nous avons de bonnes relations avec l'Arabie Saoudite. Mes relations
personnelles avec le prince Abdallah sont bonnes. C'est une affaire
montée de toutes pièces, intentionnellement destructive.
Nous voyons l'Amérique prêter autant d'attention
à Abdallah que s'il était un de ses citoyens. Ils
n'ont pas retenu les leçons du passé. La liste des
accusations portées contre la Libye est très longue.
Elles se sont toutes révélées fausses. Nous
sommes dans un cercle vicieux (…).
Malgré
le scepticisme international et local, la Libye est-elle réellement
en train de se réformer ?
Au sujet de l'économie, c'est possible. Nous avons commencé
à appliquer le Livre Vert. C'est ce que nous appelons le
socialisme populaire et que Thatcher appelle le capitalisme populaire.
Des élections ? Pourquoi faire ? Nous avons dépassé
ce stade où vous vous trouvez encore ! Tout le monde est
au pouvoir maintenant. Voulez-vous qu'ils régressent et
élisent quelqu'un pour les remplacer ?
Que vous disent
les Libyens ?
Si vous les mettez au paradis, ils continueront à se plaindre.
Les Libyens sont au paradis.
Traduit
de l'anglais par Proche-Orient.info.
Copyright Proche-Orient.info pour la traduction française.
|