Jean Guisnel
(à Tripoli)
Comme une statue de cire, le colonel Kadhafi attend Michèle
Alliot-Marie dans son bureau de la caserne Bab Aziza. Quand
la ministre française s'avance, il la salue d'un «
bonjour, Michèle. Comment va mon ami le président
Chirac ? ». L'homme est attentif et souriant, tandis que
le protocole raccompagne les journalistes.
Dans les années 70, la France a équipé
l'aviation militaire libyenne de dizaines de Mirage. Mais, dans
les années 80, de violents affrontements consécutifs
à l'invasion du Tchad puis à l'attentat contre
le DC-10 d'UTA en 1989 ont éclaté entre les deux
pays. Ce dossier réglé et Tripoli ayant abandonné
ses velléités nucléaires et balistiques,
Chirac avait pu effectuer une visite à Tripoli fin 2004.
Et Michèle Alliot-Marie s'est à son tour déplacée
le 5 février pour signer un accord-cadre préparant
des avancées portant sur le rôle respectif des
deux pays en Afrique noire, sur la formation en France d'officiers
libyens et surtout sur une nouvelle coopération en matière
d'armements. La partie n'est pas gagnée d'avance.
La Libye vient d'attribuer onze permis de recherche pétrolière
sur quinze à des compagnies américaines. Mais
quarante nouveaux permis seront concédés en mars,
et les dossiers militaires avancent. Kadhafi l'a dit à
Alliot-Marie : il veut des chasseurs Rafale et des hélicoptères
Tigre. Le gouvernement français préférerait
d'abord rénover quelques dizaines de vieux Mirage, de
même que les blindés russes équipant l'armée
de terre.
Kadhafi, qui a de gros problèmes d'immigration clandestine,
veut aussi acheter un système de surveillance des frontières.
Mais là c'est l'armée française qui refuse
que lui soient vendues par Sagem ou Thales mille jumelles à
intensification de lumière. Pour l'instant, la Libye
ferait de la solution de ce problème un préalable
à la poursuite de discussions. Les affaires reprennent...
© le point 10/02/05 - N°1691 - Page 49 - 286 mots