La Bulgarie retient son souffle. Le sort de
ses cinq infirmières et du médecin palestinien
accusés depuis 1999 d’avoir inoculé le sida
à 426 enfants soignés à l’hôpital
de Benghazi, en Libye, est suspendu à la décision
en appel que rend aujourd’hui la Cour suprême de
Tripoli. Ils ont déjà été condamnés
à mort en première instance en 2004. Cette fois,
le tribunal peut confirmer la sentence, ordonner un nouveau
procès ou reporter sa décision. Ivan Nenov, l’époux
de l’une des infirmières détenues en Libye
depuis 1999, est pessimiste : « Nous n’avons pas
beaucoup d’espoir, car ma femme et ses collègues
sont devenues un enjeu dans un contexte politique international.
La Libye en fera le commerce au prix qu’elle désire.
»
Les spécialistes du sida ont eu beau expliquer ce drame
par les déplorables conditions sanitaires de l’hôpital,
la Libye du colonel Kadhafi, soucieuse de masquer ses défaillances,
a réfuté les conclusions des expertises. Pour
justifier l’apparition de ces cas de sida, Kadhafi, au
pouvoir depuis trente-six ans, a évoqué un complot
orchestré par la CIA ou le Mossad, les services secrets
israéliens. De leur côté, les Etats-Unis
et l’Union européenne, sollicités par la
Bulgarie pour sauver ses infirmières, réclament
la libération des condamnés. Mais leurs relations
avec les deux pays compliquent la donne : l’UE est soucieuse
d’aider la Bulgarie, candidate à l’adhésion,
mais ne veut pas froisser la Libye, un partenaire économique
riche en pétrole. Les Etats-Unis ménagent eux
aussi la chèvre et le chou : ils soutiennent les Bulgares
(membres de la coalition en Irak), tout en évitant une
rupture avec le régime libyen, avec qui ils se sont réconciliés.
Quoi qu’il en soit, la Bulgarie a affirmé qu’elle
excluait le versement d’une compensation financière
aux familles des enfants malades pour obtenir la libération
des infirmières, comme le proposait la Libye. F. V.
Vartan Quelques dizaines de personnes
ont manifesté hier à Paris pour l’annulation
de la condamnation à mort des accusés, à
l’appel notamment de Sylvie Vartan, d’origine bulgare.