Tripoli, Libye, 17/11 - Des dizaines de parents des victimes
ont jeté des pierres, mardi, aux éléments
des forces de la sécurité publique libyennes devant
le bâtiment de la Cour suprême de Tripoli, en signe
de protestation à l`annonce du report, au 31 janvier
2006, de la décision de cette juridiction en appel dans
l`affaire des cinq infirmières bulgares et du médecin
palestinien condamnés à mort pour avoir contaminé
quelque 400 enfants libyens au VIH, en 1998 à Benghazi.
L`affaire avait été jugée en première
instance dans cette localité située à 1.050
km au nord-est de la Libye.
Les manifestants ont bloqué l`entrée principale
et les issues secondaires du siège de la Cour suprême
situé sur l`avenue Al- Fath surplombant la Corniche de
Tripoli, empêchant ainsi la sortie des avocats, journalistes,
diplomates et autres personnes qui se trouvaient à l`intérieur
du tribunal. Plusieurs mères de victimes se sont accroupies,
formant une chaîne humaine en plein milieu de l`avenue
Al-Fath pour gêner la circulation.
Les membres des familles des victimes, en colère, scandaient
des slogans sur la nécessité d`appliquer le verdict
condamnant les accusés à la peine capitale et
dénonçant la politisation de cette affaire considérée
comme l`un des plus ignobles crimes contre l`humanité
commis à la fin du siècle dernier.
Ils estiment que cette nouvelle décision de report ne
fait que prolonger les souffrances des enfants contaminés
et de leurs familles qui s`attendaient à un rejet de
l`appel interjeté et à l`application de la peine
capitale prononcée à l`encontre des cinq infirmières
bulgares et du médecin palestinien.
L`avocat des infirmières bulgares, Othman Al-Bizanti,
a déclaré à la PANA avoir été
surpris par la décision du report, affirmant sa conviction
envers l`équité de la Justice libyenne.
Quant à l`avocat des familles des victimes, Abdallah
Mahmoud Al- Margherbi, lui-même père d`un enfant
contaminé, il a indiqué que "le prolongement,
par la Justice, de cette affaire, constitue une sorte d`injustice",
soulignant qu`il s`attendait à ce que la Cour suprême
confirme, aujourd`hui, le verdict de la peine capitale.
Il a toutefois ajouté comprendre, en tant qu`avocat,
que la cour puisse avoir ses raisons, ajoutant ne pas pas s`opposer
à sa décision.
Le président de la Ligue d`assistance aux enfants libyens,
Idriss Lagha, a exprimé sa consternation face à
ce nouveau report, précisant que les familles des victimes
attendaient de la cour un rejet de l`appel interjeté
par les infirmières bulgares et la confirmation de la
sentence les condamnant à la peine de mort.
Rahma Ahmed Al-Farjani, mère de l`une des filles victimes,
a condamné ce report, ajoutant: "Nous nous posons
énormément d`autant plus de questions que le report
signifie davantage de souffrances pour les enfants encore en
vie".
Le tribunal pénal de Benghazi avait condamné
à la peine capitale cinq infirmières bulgares
et un médecin palestinien reconnus coupables d`avoir
volontairement inoculé environ 400 enfants libyens au
virus du SIDA à l`hôpital pédiatrique de
cette ville en 1998, dont 51 de ces enfants sont décédés
à ce jour.
La Cour suprême de Tripoli avait reporté, lors
de sa séance du 31 mai 2005, l`examen de l`appel interjeté
par les cinq infirmières bulgares et le médecin
palestinien au 15 novembre 2005.