LIBYE - 18 décembre 2005 - par
JEAN-DOMINIQUE GESLIN
On ne présente plus le général Dabira.
Âgé de 57 ans, cet officier supérieur de
l'armée congolaise est aussi un homme de médias,
puisqu'il dirige le groupe audiovisuel privé DRTV (Digital
Radio Television). Il préside en outre l'Association
des parents de victimes congolaises de l'attentat du DC-10 d'UTA.
Celle-ci regroupe la majorité des parents et ayants droit
(46 familles congolaises).
Norbert Dabira s'est toujours montré actif sur ce dossier.
Il est vrai qu'il a perdu un fils dans la catastrophe. Ce 19
septembre 1989, Darius Dabira est à bord de l'appareil
maudit. Passionné par le stylisme, le jeune homme se
rend à Paris pour y entamer des études de couture.
Il n'atteindra jamais la France.
Après des années de procédures, Norbert
Dabira confesse une grande déception : « La justice
française n'a finalement pris en compte que les plaintes
des parties civiles françaises, explique-t-il. On nous
a dit que l'appareil n'était pas immatriculé en
France, que l'accident ne s'était pas produit en France
et que les auteurs de ce crime n'étaient pas français...
Les autorités ont donc estimé qu'elles n'étaient
pas habilitées à prendre nos plaintes en considération.
» Visiblement désabusé, le président
de l'association des familles poursuit : « Pour ma part,
je considère que ces arguments sont irrecevables, car
l'appareil était affrété par une compagnie
française et qu'il était assuré en France.
Mais au-delà de ces éléments, on a tous
l'impression que la justice française bascule, que la
France se recroqueville sur elle-même. C'est une forme
de racisme déguisé. Quoiqu'il en soit, dans la
mort, il n'y a plus de Français, ni de Congolais, ni
d'Italiens... Il n'y a plus que des êtres humains. »
Et Norbert Dabira de conclure : « En sombrant dans le
juridisme, le tribunal de grande instance de Paris a pris une
décision moralement condamnable. »