LIBYE - 23 décembre 2005 - AFP
La Cour suprême libyenne tiendra dimanche une nouvelle
audience pour entendre la plaidoirie de l'avocat chargé
du contentieux de l'Etat dans le dossier cinq infirmières
bulgares et du médecin palestinien condamnés à
mort sous l'accusation d'avoir inoculé le virus du sida
à des enfants libyens.
"La Cour ne prendra aucune décision à l'issue
de cette audience, qui sera consacrée à la plaidoirie
de l'avocat de l'Etat. Celui-ci doit rejeter toute responsabilité
publique dans ce crime", a indiqué l'avocat des
infirmières bulgares, Me Osmane al-Bizanti.
L'audience, prévue initialement le 31 janvier, a été
avancée au 25 décembre, a confirmé M. Bizanti.
Selon lui, elle devrait être la dernière avant
que la Cour n'annonce sa décision. Emprisonnés
depuis près de sept ans, les six accusés clament
leur innocence. Ils ont obtenu le soutien de l'Union européenne
et des Etats-Unis. En mai 2004, la justice libyenne les avait
condamnés à mort après les avoir reconnus
coupables d'avoir inoculé le sida à 426 enfants
libyens, dont 51 sont morts, dans un hôpital de Benghazi
(nord).
La Cour doit examiner la recevabilité d'un appel des
cinq infirmières et du médecin palestinien. Elle
peut confirmer la peine de mort ou ordonner un nouveau procès.
Réunie la dernière fois le 15 novembre, la Cour
avait reporté sa décision, provoquant la déception
des autorités bulgares qui demandent une issue rapide
du procès et la libération des infirmières.
Le report de la décision de la Cour "ne fait que
prolonger le drame de nos cinq infirmières innocentes
et du médecin palestinien", avait déclaré
à Sofia le président bulgare, Gueorgui Parvanov.
Lors du procès de première instance, le co-découvreur
du virus du sida, le Pr français Luc Montagnier, avait
estimé que l'épidémie avait commencé
avant l'arrivée des infirmières buylgares en Libye
et qu'elle était due aux mauvaises conditions d'hygiène
à l'hôpital de Benghazi. L'avocat libyen des infirmières
avait plaidé "la solidité des preuves fournies
par la défense" dans ce sens. L'avocat des familles
des enfants libyens contaminés, Me Abdallah el-Moghrabi,
avait affirmé pour sa part que l'aboutissement des discussions
en cours pour indemniser les victimes "faciliterait la
commutation de la peine capitale en prison à perpétuité",
qui pourrait être suivie d'une mesure de grâce,
selon lui.
Des négociations à ce sujet se déroulent
entre deux associations libyenne et bulgare sous les auspice
de la Fondation Khadafi. Selon un autre avocat des victimes,
le "principe d'une indemnisation est acquis par la partie
bulgare, mais les Libyens refusent que l'indemnisation soit
qualifiée d'humanitaire, parce qu'il y va de leur dignité".
Sofia devra payer un prix "très élevé"
pour la libération de cinq infirmières bulgares
condamnés à mort en Libye sous l'accusation d'avoir
inoculé le virus du sida à des enfants, a déclaré
le président bulgare Georgy Parvanov dans une interview
à paraître samedi. Evoquant les négociations
en cours avec Tripoli, M. Parvanov a dit croire à une
issue positive, tout en avertissant que la libération
des infirmières "aura un prix très élevé",
dont il n'a précisé ni le montant ni la nature.
"J'ai des raisons de croire que des progrès dans
les négociations vont aboutir à une percée
et au résultat heureux attendu depuis longtemps",
affirme M. Parvanov dans cette interview au quotidien bulgare
24 Tchassa qui en a diffusé des extraits vendredi.
L'accusation, jugée fantaisiste par des scientifiques
occidentaux, a été rejetée par l'Union
européenne et les Etats-Unis. Emprisonnés depuis
près de sept ans, les six accusés clament leur
innocence. Fin novembre, le chef de la diplomatie libyenne Abderrahman
Chalgham avait déclaré que les peines de mort
pourraient être "levées" en échange
d'une aide humanitaire aux familles des victimes.
La chanteuse française Sylvie Vartan, d'origine bulgare,
a lancé jeudi un nouvel appel à la "clémence"
au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. "Je vous écris
au nom des femmes de bonne volonté pour demander votre
clémence", a écrit la chanteuse dans une
lettre rendue publique à Paris. Sylvie Vartan a multiplié
les initiatives pour obtenir la grâce des infirmières
bulgares et du médecin palestinien.