La Cour suprême libyenne tiendra dimanche
une nouvelle audience pour entendre la plaidoirie du parquet
général dans le dossier des cinq infirmières
bulgares et du médecin palestinien condamnés à
mort sous l'accusation d'avoir inoculé le virus du sida
à des enfants libyens.
"La Cour ne prendra aucune décision à l'issue
de cette audience qui sera consacrée à la plaidoirie
de l'avocat de l'Etat. Celui-ci doit rejeter toute responsabilité
publique dans ce crime", a indiqué à l'AFP
le défenseur des infirmières bulgares, Me Osmane
al-Bizanti.
Le président bulgare Georgy Parvanov a dit croire à
un "résultat heureux" des négociations
en cours avec Tripoli, dans une interview à paraître
samedi dans le quotidien bulgare 24 Tchassa.
Cependant, selon lui, la libération des infirmières
"aura un prix très élevé" pour
Sofia, dont il n'a précisé ni le montant, ni la
nature.
Vendredi, Sofia et Tripoli ont annoncé la création
d'un fonds de compensation international au bénéfice
des enfants libyens atteints du sida et des familles des enfants
morts de cette maladie, en partenariat avec l'Union Européenne,
les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Le fonds, dont le montant n'a pas été indiqué,
financera les soins aux enfants libyens atteints du sida, l'amélioration
et l'équipement du centre hospitalier spécialisé
de Benghazi (nord) et l'aide aux familles des enfants décédés,
selon le porte-parole de la fondation caritative du fils du
dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam.
L'avocat des familles des enfants libyens contaminés,
Me Abdallah el-Moghrabi, avait affirmé que l'aboutissement
des discussions en cours pour indemniser les victimes "faciliterait
la commutation de la peine capitale en prison à perpétuité"
qui pourrait être suivie d'une mesure de grâce.
Emprisonnés depuis près de sept ans, les six
accusés clament leur innocence. Ils ont obtenu le soutien
de l'Union européenne et des Etats-Unis.
En mai 2004, la justice libyenne les avait condamnés
à mort après les avoir reconnus coupables d'avoir
inoculé le sida à 426 enfants libyens, dont 51
sont morts, à l'hôpital de Benghazi.
L'audience de dimanche devrait être la dernière
avant que la Cour n'annonce sa décision sur la recevabilité
d'un appel des accusés, selon Me Bizanti. La Cour peut
confirmer la peine de mort ou ordonner un nouveau procès.
Lors du procès en première instance, le co-découvreur
du virus du sida, le professeur français Luc Montagnier,
avait estimé que l'épidémie avait commencé
avant l'arrivée des infirmières bulgares en Libye
et qu'elle était due aux mauvaises conditions d'hygiène
à l'hôpital de Benghazi.
L'avocat libyen des infirmières avait plaidé
"la solidité des preuves fournies par la défense"
dans ce sens.
Les familles de cinq infirmières bulgares séjournent
depuis le 15 décembre à Tripoli. Elles rendent
visite quotidiennement aux détenues dans la prison Al-Jadida
dans la capitale libyenne.
Une source à la fondation Seif al-Islam a affirmé
que celle-ci avait facilité le séjour des familles
en Libye en accélérant notamment les procédures
de visas d'entrée et en leur assurant un logement.
Les familles doivent rester à Tripoli jusqu'au 23 décembre
et "fêter Noël en prison" avec les détenus,
selon la même source.
Un représentant de la Commission européenne,
qui a rendu visite aux prisonniers, a affirmé qu'ils
étaient détenus dans de bonnes conditions et qu'ils
disposaient d'une ligne téléphonique, d'une liaison
internet et de douches.
La chanteuse française Sylvie Vartan, d'origine bulgare,
a lancé jeudi un nouvel appel à la "clémence"
au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
"Je vous écris au nom des femmes de bonne volonté
pour demander votre clémence", a écrit la
chanteuse dans une lettre rendue publique à Paris.