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SOFIB

(Vendredi 23 décembre 2005)

Infirmières: un fonds pour les enfants libyens infectés ou morts du sida

Vessela SERGUEVA

SOFIB

La Bulgarie et la Libye sont convenues vendredi de créer un fonds pour des enfants morts ou infectés par le sida en Libye, une affaire pour laquelle cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien ont été condamnés à mort à Benghazi (nord de la Libye).

Le fonds, auquel ont été associés l'Union européenne (UE) ainsi que les gouvernements des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, est destiné à "chercher, recueillir et distribuer une aide financière et matérielle aux familles" de 426 enfants libyens de l'hôpital pédiatrique de Benghazi infectés par le virus du sida, et dont 51 sont morts, a indiqué le ministère bulgare des Affaires étrangères dans un communiqué publié à Sofia.

Ce fonds, dont le montant n'a pas été précisé, doit permettre d'"assurer des soins médicaux permanents pour les patients contaminés par le virus du sida, contribuer à la mise aux normes internationales de l'hôpital de Benghazi et fournir une aide financière aux familles des enfants malades et décédés", précise le communiqué.

"Le fonds recueillera des sommes de sources gouvernementales et non-gouvernementales", a affirmé à Sofia le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Dimitar Tsantchev, tandis qu'à Tripoli, un porte-parole de la Fondation caritative de Seif-el-Islam Kadhafi, a confirmé qu'un accord sur la création d'un fonds avait été trouvé.

"Un accord a été conclu pour la création d'un fonds international de compensation entre la Libye et la Bulgarie, en partenariat avec l'UE, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne", a précisé ce porte-parole dans une déclaration à l'AFP.

L'accord a été conclu après des négociations menées les 12 et 18 décembre à Tripoli entre l'Association pour la promotion des relations d'amitié entre la Libye et la Bulgarie et l'Association de défense des enfants libyens victimes du sida de l'hôpital de Benghazi, selon le communiqué bulgare.

L'annonce de l'établissement du fonds intervient alors que doit se tenir, dimanche dans la capitale libyenne, une nouvelle audience de la Cour suprême sur cette affaire.

La plus haute juridiction libyenne doit statuer sur la recevabilité d'un appel interjeté par les condamnés, emprisonnés depuis près de sept ans.

"Il n'y a pas de raison d'optimisme avant de connaître la décision du tribunal", a déclaré M. Tsantchev à l'AFP.

En première instance, le co-découvreur du virus du sida, le Pr français Luc Montagnier, avait affirmé à la barre que la contamination devait être attribuée aux mauvaises conditions d'hygiène à l'hôpital de Benghazi.

Fin novembre, le ministre libyen des Affaires étrangères, Abderrahman Chalgham, avait indiqué que les peines de mort pourraient être "levées" en échange d'une aide humanitaire aux familles des victimes. Il avait ajouté que son gouvernement leur avait déjà versé plus de 76 millions d'euros de compensations.

Vendredi, le coordinateur de la défense des condamnés, le Bulgare Traïan Markovski, a souligné que, "d'un point de vue purement juridique, il ne faut voir absolument aucun lien" entre l'accord et la décision attendue de la Cour libyenne. "Le contraire signifierait que le tribunal n'est pas un organe de justice mais qu'il sert à faire pression pour obtenir des compensations", a-t-il ajouté.

Dans une interview à paraître samedi dans le quotidien bulgare 24 Tchassa, le président bulgare, Georgui Parvanov, affirme que la libération des infirmières "aura un prix très élevé" pour Sofia, dont il n'a précisé ni le montant ni la nature.

La Bulgarie a jusqu'à présent refusé de payer des compensations à la Libye, arguant que ses ressortissants étaient innocents. Mais Sofia avait accepté de lui fournir une aide humanitaire pour l'aider à combattre le sida.

"La Bulgarie est solidaire avec les efforts de la communauté internationale", mais elle "ne paiera pas de compensations car nous estimons que les infirmières sont innocentes", a souligné M. Tsantchev.

vs-rok/phc

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