Vessela SERGUEVA
SOFIB
La Bulgarie et la Libye sont convenues vendredi de créer
un fonds pour des enfants morts ou infectés par le sida
en Libye, une affaire pour laquelle cinq infirmières
bulgares et un médecin palestinien ont été
condamnés à mort à Benghazi (nord de la
Libye).
Le fonds, auquel ont été associés l'Union
européenne (UE) ainsi que les gouvernements des Etats-Unis
et de Grande-Bretagne, est destiné à "chercher,
recueillir et distribuer une aide financière et matérielle
aux familles" de 426 enfants libyens de l'hôpital
pédiatrique de Benghazi infectés par le virus
du sida, et dont 51 sont morts, a indiqué le ministère
bulgare des Affaires étrangères dans un communiqué
publié à Sofia.
Ce fonds, dont le montant n'a pas été précisé,
doit permettre d'"assurer des soins médicaux permanents
pour les patients contaminés par le virus du sida, contribuer
à la mise aux normes internationales de l'hôpital
de Benghazi et fournir une aide financière aux familles
des enfants malades et décédés", précise
le communiqué.
"Le fonds recueillera des sommes de sources gouvernementales
et non-gouvernementales", a affirmé à Sofia
le porte-parole du ministère des Affaires étrangères,
Dimitar Tsantchev, tandis qu'à Tripoli, un porte-parole
de la Fondation caritative de Seif-el-Islam Kadhafi, a confirmé
qu'un accord sur la création d'un fonds avait été
trouvé.
"Un accord a été conclu pour la création
d'un fonds international de compensation entre la Libye et la
Bulgarie, en partenariat avec l'UE, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne",
a précisé ce porte-parole dans une déclaration
à l'AFP.
L'accord a été conclu après des négociations
menées les 12 et 18 décembre à Tripoli
entre l'Association pour la promotion des relations d'amitié
entre la Libye et la Bulgarie et l'Association de défense
des enfants libyens victimes du sida de l'hôpital de Benghazi,
selon le communiqué bulgare.
L'annonce de l'établissement du fonds intervient alors
que doit se tenir, dimanche dans la capitale libyenne, une nouvelle
audience de la Cour suprême sur cette affaire.
La plus haute juridiction libyenne doit statuer sur la recevabilité
d'un appel interjeté par les condamnés, emprisonnés
depuis près de sept ans.
"Il n'y a pas de raison d'optimisme avant de connaître
la décision du tribunal", a déclaré
M. Tsantchev à l'AFP.
En première instance, le co-découvreur du virus
du sida, le Pr français Luc Montagnier, avait affirmé
à la barre que la contamination devait être attribuée
aux mauvaises conditions d'hygiène à l'hôpital
de Benghazi.
Fin novembre, le ministre libyen des Affaires étrangères,
Abderrahman Chalgham, avait indiqué que les peines de
mort pourraient être "levées" en échange
d'une aide humanitaire aux familles des victimes. Il avait ajouté
que son gouvernement leur avait déjà versé
plus de 76 millions d'euros de compensations.
Vendredi, le coordinateur de la défense des condamnés,
le Bulgare Traïan Markovski, a souligné que, "d'un
point de vue purement juridique, il ne faut voir absolument
aucun lien" entre l'accord et la décision attendue
de la Cour libyenne. "Le contraire signifierait que le
tribunal n'est pas un organe de justice mais qu'il sert à
faire pression pour obtenir des compensations", a-t-il
ajouté.
Dans une interview à paraître samedi dans le quotidien
bulgare 24 Tchassa, le président bulgare, Georgui Parvanov,
affirme que la libération des infirmières "aura
un prix très élevé" pour Sofia, dont
il n'a précisé ni le montant ni la nature.
La Bulgarie a jusqu'à présent refusé de
payer des compensations à la Libye, arguant que ses ressortissants
étaient innocents. Mais Sofia avait accepté de
lui fournir une aide humanitaire pour l'aider à combattre
le sida.
"La Bulgarie est solidaire avec les efforts de la communauté
internationale", mais elle "ne paiera pas de compensations
car nous estimons que les infirmières sont innocentes",
a souligné M. Tsantchev.
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