Les
autorités libyennes réclament à la France
du matériel de haute technologie. Paris préfère
former des policiers
C'est le missi dominici de Nicolas Sarkozy, l'homme
des négociations secrètes et des tâches délicates.
Le ministre délégué aux Collectivités
territoriales, Brice Hortefeux, a effectué un déplacement
discret en Libye les 21 et 22 décembre, deux mois et demi
après celui du ministre d'Etat. Les discussions ont notamment
porté sur la demande de livraison de matériel sensible
destiné à lutter contre l'immigration clandestine.
La Libye est en effet devenue, ces dernières
années, une plaque tournante pour les nombreux migrants
originaires d'Afrique noire qui veulent tenter leur chance en
Europe. Le ministre de la Sûreté publique a profité
de la visite d'Hortefeux pour rappeler ses « besoins urgents
» en matériel afin de sécuriser les frontières.
Dès 2004, Tripoli a secrètement demandé à
Paris la livraison de plusieurs vedettes et avisos, d'hélicoptères,
de jumelles de vision nocturne ainsi que d'une centaine de 4 X
4. Une demande d'autant plus édifiante que ces équipements
peuvent être utilisés à des fins militaires.
Le ministère de l'Intérieur a diplomatiquement promis
d'étudier la question « ultérieurement »,
mais la réponse négative fait peu de doutes.
La France, en revanche, formera dès cette
année près de 150 policiers libyens. Et une mission
du Raid, le service d'intervention de la police française,
se rendra à Tripoli pour aider à la création
d'une unité... antiterroriste. Une démarche qui
risque de provoquer la colère des familles de victimes
du terrorisme. Aux yeux du gouvernement, Kadhafi, ancien paria
en Occident, est redevenu fréquentable depuis qu'il a démantelé
un arsenal d'armes de destruction massive et accepté le
versement de dommages et intérêts aux proches des
170 morts de l'attentat contre le DC10 d'UTA, en 1989. Le Guide
libyen ne perd jamais une occasion de rappeler l'excellence de
ses relations avec Jacques Chirac, qu'il connaît depuis
le milieu des années 1970 : lors des émeutes de
novembre, Kadhafi a assuré le président français
de son soutien.
Eric Mandoimet et Eric Pelletier
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