victimes attentat

(Jeudi 5 janvier 2006)

Mission discrète à Tripoli

Les autorités libyennes réclament à la France du matériel de haute technologie. Paris préfère former des policiers

C'est le missi dominici de Nicolas Sarkozy, l'homme des négociations secrètes et des tâches délicates. Le ministre délégué aux Collectivités territoriales, Brice Hortefeux, a effectué un déplacement discret en Libye les 21 et 22 décembre, deux mois et demi après celui du ministre d'Etat. Les discussions ont notamment porté sur la demande de livraison de matériel sensible destiné à lutter contre l'immigration clandestine.

La Libye est en effet devenue, ces dernières années, une plaque tournante pour les nombreux migrants originaires d'Afrique noire qui veulent tenter leur chance en Europe. Le ministre de la Sûreté publique a profité de la visite d'Hortefeux pour rappeler ses « besoins urgents » en matériel afin de sécuriser les frontières. Dès 2004, Tripoli a secrètement demandé à Paris la livraison de plusieurs vedettes et avisos, d'hélicoptères, de jumelles de vision nocturne ainsi que d'une centaine de 4 X 4. Une demande d'autant plus édifiante que ces équipements peuvent être utilisés à des fins militaires. Le ministère de l'Intérieur a diplomatiquement promis d'étudier la question « ultérieurement », mais la réponse négative fait peu de doutes.

La France, en revanche, formera dès cette année près de 150 policiers libyens. Et une mission du Raid, le service d'intervention de la police française, se rendra à Tripoli pour aider à la création d'une unité... antiterroriste. Une démarche qui risque de provoquer la colère des familles de victimes du terrorisme. Aux yeux du gouvernement, Kadhafi, ancien paria en Occident, est redevenu fréquentable depuis qu'il a démantelé un arsenal d'armes de destruction massive et accepté le versement de dommages et intérêts aux proches des 170 morts de l'attentat contre le DC10 d'UTA, en 1989. Le Guide libyen ne perd jamais une occasion de rappeler l'excellence de ses relations avec Jacques Chirac, qu'il connaît depuis le milieu des années 1970 : lors des émeutes de novembre, Kadhafi a assuré le président français de son soutien.

Eric Mandoimet et Eric Pelletier

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