victimes attentat

victimes attentat
(Lundi 29 juillet 2002)
Le "Dossier DC10" n'est pas clos.

Le 19 septembre 1989, le DC10 UTA assurant le vol UT772 Brazzaville-Paris via Njamena disparaissait en vol au-dessus du Ténéré. À bord, 170 innocents, dont de nombreux enfants, de toute condition ou nationalité ont péri brutalement, dont mon père Jean-Henri. C'était un attentat, sans doute le plus meurtrier perpétré contre la France. Il reste impuni.

Depuis 13 ans, je me bats au côté des autres familles pour obtenir justice.
Paradoxalement, si cet acte de guerre a visé la France, ce sera à nous, les familles meurtries, de poursuivre les assassins, de lever le voile de la raison d'Etat. SOS Attentats nous a permis de nous organiser, de nous faire entendre. Avec ses embûches et ses succès, cette lutte nous a rapprochés, nous a aussi appris la patience et la détermination.
Suite à la longue enquête du juge Bruguière, 6 hauts responsables des services secrets ou de la diplomatie libyenne, dont le beau-frère de Kadhafi, Abdallah Senoussi, ont été condamnés à une peine de prison à perpétuité par la Cour d'Assises de Paris, lors d'un procès par contumace en 1999. Un mandat d'arrêt international a été délivré contre eux, il court jusqu'en 2019 !

Le même jour il a été statué sur les dommages et intérêts des parties civiles. Par rapport au procès d'assises, c'est accessoire. Rares sont les familles qui ayant assisté au procès pénal se sont rendues au procès civil. Les 6 libyens ont été condamnés à verser aux familles des sommes ridicules : 20.000 à 200.000 F selon le lien de parenté avec le parent tué.

De plus, de nombreuses victimes n'ayant pas pu ou pas voulu s'engager dans cette procédure qui a mis 10 ans à aboutir, leur préjudice n'a pas pu être pris en compte. Le principal de cette condamnation au civil concernait le préjudice de sociétés comme Air France.

À notre grande surprise, la Libye s'est empressée de payer les dommages et intérêts fixés par ce procès civil, en la présentant comme une indemnité permettant de conclure l'affaire. Il s'agit là pour la Libye d'un moyen bien économique de tourner la page. Le procès pénal est passé aux oubliettes ! Oubliées les condamnations de ses ressortissants ! Oubliées les responsabilités de l'Etat libyen ! Cette attitude nous a tous beaucoup choqués, même si c'est une forme de reconnaissance.
La décision pénale de la cour d'assise a été rendue, nous voulons qu'elle soit exécutée. Nous voulons que la Libye assume la responsabilité de ses agents dans cet attentat. Aujourd'hui, la seule liberté qui a été enlevée aux condamnés est celle de pouvoir quitter leur pays !
Lors de sa visite à Paris en février 2002, destinée à redorer l'image internationale de la Libye, Seïf al Islam Kadhafi, fils du colonel, a donné une conférence consacrée aux relations franco-libyennes et en grande partie au DC10. Pour lui, le "dossier DC10 est clos" et "rien ne s'oppose plus à la reprise des relations franco-libyennes". À la fin de cette conférence, j'ai pu l'interpeller et lui faire part de mon opinion, nous avons discuté quelques minutes. Deux jours plus tard, j'étais reçu par la délégation libyenne.

Pendant deux heures, nous avons confronté nos points de vue, exposé nos litiges et nos attentes. À la fin de cette réunion, j'ai été invité en Libye par Seïf al Islam Kadhafi et la Fondation qu'il dirige pour prolonger nos débats.

Après à cette rencontre, j'ai informé autant de familles du DC10 que possible et leur ai demandé leur avis. Depuis un groupe de travail s'est constitué, les discussions et les rencontres se sont succédées. Aujourd'hui je représente un groupe de plus de 250 personnes, qui espèrent que la Libye assumera enfin ses responsabilités.
Pour l'ensemble des victimes, j'ai accepté l'invitation de Seïf al Islam Kadhafi. Le voyage est en préparation, nous en négocions les modalités.
Monsieur Seïf al Islam Kadhafi, le "dossier DC10" n'est pas encore clos. Les familles demandent à la Libye reconnaissance et réparation pour cet attentat. Vous avez entendu cette demande. Sera-t-elle suivie d’effets ? La reprise des relations Franco-Libyennes ne pourra pas se faire sans que justice nous soit rendue.


Guillaume Denoix de Saint Marc
gsaintmarc@wanadoo.fr

Profitant de la diffusion africaine de ce magazine, j'encourage les familles victimes de cet attentat et qui découvrent notre action à se manifester, à nous rejoindre en écrivant au journal, qui transmettra ou en m'envoyant un e-mail. Cette action les concerne au premier chef

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