PARIS (AFP) - Le ministre des Affaires étrangères 
              Dominique de Villepin se rend vendredi à Tripoli pour une 
              visite qui consacre la normalisation des relations franco-libyennes, 
              mais suscite la colère des familles des victimes de l'attentat 
              de 1989 sur un vol d'UTA. 
              Cette brève visite doit précéder la réunion 
              de la commission mixte franco-libyenne prévue lundi à 
              Paris, destinée à revitaliser la coopération 
              entre les deux pays. Il s'agit de la première réunion 
              de cette commission depuis 20 ans. 
              Après une longue période de froid entre Paris et Tripoli, 
              à la suite de l'attentat contre un avion de la compagnie 
              française UTA qui avait fait 170 morts (dont 53 Français) 
              en septembre 1989, et l'embargo de l'ONU contre la Libye, suspendu 
              en 1999, pour sa participation à des actes terroristes, les 
              relations franco-libyennes ne cessent de s'améliorer. "La 
              Libye du colonel Kadhafi s'assagit" depuis l'époque 
              où son nom était étroitement associée 
              au terrorisme international, indique-t-on à Paris. 
              Depuis la suspension des sanctions de l'ONU et des attentats du 
              11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le colonel Mouammar Kadhafi n'a 
              cessé d'afficher sa volonté de participer à 
              la lutte anti-terroriste et de jouer les médiateurs pour 
              les bonnes causes. 
              En témoigne le rôle vital joué par Seif al Islam 
              Kadhafi, fils et successeur présumé du dirigeant libyen, 
              dans la libération des otages occidentaux (dont des Français) 
              de l'île philippine de Jolo à l'automne 2000. 
              Lors d'un séjour en février dernier à Paris, 
              Seif al Islam Kadhafi s'était fait le chantre de l'amélioration 
              des relations franco-libyennes. Les questions africaines seront 
              aussi au menu de l'entretien de M. de Villepin vendredi avec son 
              homologue libyen Abdel Rahmane Chalgham. 
              Sur le plan des relations économiques, les résultats 
              s'améliorent aussi, même s'il reste encore beaucoup 
              à faire à la France pour rattraper son retard par 
              rapport à autres pays européens. Riche pays pétrolier, 
              la Libye est actuellement à la recherche d'investisseurs 
              pour développer ses infrastructures et souhaite devenir une 
              grande destination touristique. 
              Les vols Paris-Tripoli ont repris début octobre et sont assurés 
              désormais par la compagnie française Air Lib. En 2001, 
              les échanges commerciaux entre la France et la Libye ont 
              presque doublé par rapport à l'année précédente, 
              à 1,011 milliard d'euros. 
              Sur le plan bilatéral, le ministre français évoquera 
              notamment "les suites de l'affaire de l'UTA" qui reste 
              le seul point noir des relations entre Paris et Tripoli. Aujourd'hui, 
              les familles françaises des victimes de l'attentat réclament 
              que les coupables jugés par contumace à Paris purgent 
              leur peine. Elles veulent aussi être dédommagés 
              par Tripoli au même titre que les familles des victimes américaines 
              et britanniques de l'attentat de Lockerbie (Ecosse) contre un avion 
              de la Pan Am, qui avait fait 270 morts en 1988, à qui Tripoli 
              promet 10 millions de dollars par victime. 
              "Le gouvernement français s'est montré très 
              frileux dans cette affaire. Les Libyens eux-mêmes reconnaissent 
              que ce que nous avons touché est plus de l'argent de poche 
              qu'une véritable réparation", a indiqué 
              mercredi Guillaume Denoix de Saint Marc, un des parents des victimes. 
              Pour exprimer leur colère, les proches des victimes iront 
              protester lundi devant le Quai d'Orsay où se se réunira 
              la commission mixte franco-libyenne, sous la présidence de 
              MM. de Villepin et Chalgham |