victimes attentat

victimes attentat
(Dimanche 20 octobre 2002)
Visite d’un ministre libyen en France :
« Provocation insupportable » pour les familles du DC-10
A Saint-Cyr-sur-Mer (Var), les parents du pilote du DC-10 d’UTA victime d’un attentat en 1989 sont indignés par cette visite officielle. Une manifestation est prévue demain
à 11 heures devant le quai d’Orsay.

Il n’aura été commandant de bord que quelques heures. Jean-Pierre Hennequin, copilote depuis onze ans à UTA, marié et père de deux petites filles, effectuait son vol inaugural lorsque le DC-10 a explosé au-dessus du Niger, le 19 septembre 1989. Au total 170 personnes ont péri dans cet attentat, à l’instigation des services secrets libyens (1).
Treize ans après, les parents du pilote, toujours installés à Saint-Cyr-sur-Mer (Var), où il a été enterré quatorze jours après le drame , continuent avec les autres familles de victimes à suivre de près l’actualité internationale. Aussi s’indignent–ils aujourd’hui de constater que les relations entre la France et la Libye sont en voie de normalisation. Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, s’est en effet rendu à Tripoli vendredi et recevra son homologue libyen demain à Paris.

« Quoi qu’on fasse, cela ne nous rendra pas notre fils. Mais comment supporter cette visite officielle alors que l’attenta du DC-10 reste impuni, que les auteurs, bien que condamnés par la justice sont toujours en liberté ? », s’indignent M.et Mme Hennequin. Comme eux toutes les familles des victimes, ainsi que l’association SOS-Attentats, appellent à manifester demain lundi à 11 heures devant le quai d’Orsay. « Pour la Justice, pour la solidarité à l’égard des victimes, contre le terrorisme, contre la mémoire courte, contre ceux qui veulent tourner la page ».
« Nous, on ne veut pas tourner la page », insistent les parents de Jean-Pierre. Même s’ils sont bien conscients que leur lutte est celle « du port de terre contre le pot de fer », il assurent qu’ils continuerons à se battre
« pour que les décision de justice soient appliquées ».

Et les récentes indemnisations consenties par les autorités libyennes aux familles des victimes –« uniquement celle qui s’étaient constituées partie civile »- n’atténuent en rien leur détermination.
« Au contraire, c’est une nouvelle preuve de leur culpabilité », selon M. Hennequin. « Aujourd’hui, notre action se situe sur un plan plus général poursuit sa femme. Même si c’est un vœu pieux ». Elle espère ainsi une « modification des lois internationales qui permettrait de poursuivre tous les auteurs d’attentats »(2). Car au lendemain du drame de Bali, et à l’heure où des menaces ne cessent de planer sur les Etats-Unis et la France, les époux Hennquin s’avouent « très pessimistes. Le terrorisme est une guerre moderne qui se généralisera, estiment-ils. Et qui est particulièrement difficile à prévenir ».

A.T.


M. et Mme Hennequin se battent deouis treize ans pour que justice soit faite.
(Photo Dominique Leriche)

(1) Le 10 mars 1999, soit presque 10 ans après l'attentat, la Cour d'assises de Paris a rendu un arrêt par contumace condamnant six hauts fonctionnaires libyens à des peines de prison à perpétuité, dont le beau-frère du colonel Kadhafi. En liberté dans leur pays, ils sont sous le coup de mandats d'arrêts internationaux jusqu'en 2019.

(2) Le 16 juin 1999, l'association SOS Attentas a déposé une plainte contre Muammar Kadhafi pour sa complicité dans l'assassinat de 170 personnes. Le 13 mars 2001, les magistrats de la Cour de cassation ont admis l'immunité d'un chef d'Etat en exercice quelle que soit la gravité du fait commis.

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