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               Il est là, sur le buffet de la salle 
                à manger, dans la petite maison de L'Isle-sur-le-Doubs. 
                Souriant sur un portrait que son épouse Carole dépose 
                délicatement sur la table. Lorsqu'elle évoque son 
                souvenir. Comme pour le faire participer à la conversation. 
                Michel Grisot est décédé à 39 ans 
                dans le DC 10 de la compagnie UTA qui reliait le 19 septembre 
                1989, N'Djamena à Paris. Une bombe déposée 
                à bord. Cent-soixante-dix morts. Une longue souffrance 
                qui ne s'est jamais atténuée depuis treize ans. 
                « 
                Il travaillait comme artificier au Congo 
                et rentrait à la maison, explique Carole. C'était 
                son premier voyage aérien. Michel devait prendre le vol 
                suivant, mais il était pressé de rentrer. Je devais 
                aller le chercher à la gare de Belfort à trois heures 
                du matin. Lorsque j'ai écouté la radio, j'ai su 
                que c'était son avion...». 
               
               
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            Le 
              beau-frère de Kadhafi  
              Terribles souvenirs tatoués dans la mémoire, à 
              jamais. Au point de devoir vivre avec ce vide incommensurable de 
              la punition inacomplie « Suite 
              à l'enquête du juge Bruguière, la cour d'assises 
              de Paris a condamné par contumace six hauts responsables 
              des services secrets et diplomatiques libyens à la prison 
              à perpétuité, rappelle Carole. Ils sont toujours 
              en liberté, dont Abdallah Senoussi, le beau-frère 
              de Kadhafi. Or, ce lundi 21 octobre la commission  
              mixte franco-libyenne se réunit à Paris pour discuter 
              somme si de rien n'était, des relations entre les deux pays. 
              C'est révoltant de voir que la raison d'Etat prend toujours 
              le dessus...». Aussi à l'appel de Guillaume 
              Denoix de Saint Marc, dont le père est mort dans l'attentat 
              et qui dirige l'association des victimes, l'épouse de Michel 
              manifestera ce matin devant le Quai d'Orsay.  | 
             
                L'occasion malheureusement, de retrouver des 
                visages connus : «.A force de 
                se voir tous les 19 Septembre devant la stèle du Père 
                Lachaise ou la sculpture-fontaine de Nicolas Alquin, on sympathise. 
                Et dans ce grand malheur, on se découvre des amis... ». 
                Mélanie qui avait 8 ans lors de l'attentat, accompagnera 
                sa mère. La mémoire de Michel se défend en 
                famille, même si la vie continue. Sandra (12 ans au moment 
                du drame), est mère de famille, Jérémie (3 
                ans en 1989) est lycéen. Ils n'oublieront jamais, comme 
                leur grand-mère Jeanine Xeuxet qui a  
                quitté ses Vosges natales pour se rapprocer de sa fille. 
                « On ne peut pas faire son deuil, 
                résume Carole. Je suis tombée malade au moment de 
                l'attentat du World Trade Center. Après ce qui est arrivé 
                à Michel, je n'ai jamis pu prendre l'avion. Mais c'est 
                surtout l'oubli dont j'ai peur...». 
              François ZIMMER 
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