victimes attentat

victimes attentat
(Lundi 21 octobre 2002)
En mémoire de Michel
Veuve d'un passager du DC 10 N'Djamena-Paris détruit dans un attentat en 1989,
Carole Grisot manifeste ce matin devant le quai d'Orsay à Paris.
Combat contre l'oubli.


Carole Grisot : « C'est révoltant de voir que la raison d'Etat prend finalement le dessus.... ».
Photo Jean-Luc Gillmé

Il est là, sur le buffet de la salle à manger, dans la petite maison de L'Isle-sur-le-Doubs. Souriant sur un portrait que son épouse Carole dépose délicatement sur la table. Lorsqu'elle évoque son souvenir. Comme pour le faire participer à la conversation. Michel Grisot est décédé à 39 ans dans le DC 10 de la compagnie UTA qui reliait le 19 septembre 1989, N'Djamena à Paris. Une bombe déposée à bord. Cent-soixante-dix morts. Une longue souffrance qui ne s'est jamais atténuée depuis treize ans.
« Il travaillait comme artificier au Congo
et rentrait à la maison, explique Carole. C'était son premier voyage aérien. Michel devait prendre le vol suivant, mais il était pressé de rentrer. Je devais aller le chercher à la gare de Belfort à trois heures du matin. Lorsque j'ai écouté la radio, j'ai su que c'était son avion...».


Le beau-frère de Kadhafi
Terribles souvenirs tatoués dans la mémoire, à jamais. Au point de devoir vivre avec ce vide incommensurable de la punition inacomplie « Suite à l'enquête du juge Bruguière, la cour d'assises de Paris a condamné par contumace six hauts responsables des services secrets et diplomatiques libyens à la prison à perpétuité, rappelle Carole. Ils sont toujours en liberté, dont Abdallah Senoussi, le beau-frère de Kadhafi. Or, ce lundi 21 octobre la commission
mixte franco-libyenne se réunit à Paris pour discuter somme si de rien n'était, des relations entre les deux pays. C'est révoltant de voir que la raison d'Etat prend toujours le dessus...»
. Aussi à l'appel de Guillaume Denoix de Saint Marc, dont le père est mort dans l'attentat et qui dirige l'association des victimes, l'épouse de Michel manifestera ce matin devant le Quai d'Orsay.

L'occasion malheureusement, de retrouver des visages connus : «.A force de se voir tous les 19 Septembre devant la stèle du Père Lachaise ou la sculpture-fontaine de Nicolas Alquin, on sympathise. Et dans ce grand malheur, on se découvre des amis... ». Mélanie qui avait 8 ans lors de l'attentat, accompagnera sa mère. La mémoire de Michel se défend en famille, même si la vie continue. Sandra (12 ans au moment du drame), est mère de famille, Jérémie (3 ans en 1989) est lycéen. Ils n'oublieront jamais, comme leur grand-mère Jeanine Xeuxet qui a
quitté ses Vosges natales pour se rapprocer de sa fille. « On ne peut pas faire son deuil, résume Carole. Je suis tombée malade au moment de l'attentat du World Trade Center. Après ce qui est arrivé à Michel, je n'ai jamis pu prendre l'avion. Mais c'est surtout l'oubli dont j'ai peur...».

François ZIMMER

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