victimes attentat

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(Mardi 22 octobre 2002)

Attentat du DC 10 : la Colère des familles

Les proches des victimes de l'attentat d'un DC 10 en 1989, ne se satisfont pas des avancées obtenues par le ministre des Affaires étrangères et ont manifesté leur colère, hier à Paris.

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Cent cinquante personne, parmi lesquelles le Picard Jean-François Claisse dont la sœur a péri dans l’attentat,se sont retrouvées sur l'esplanade des lnvaIides à l'heure où les ministres français et libyen des Affaires étrangères se réunissaient pour la première fois depuis vingt ans.Les familles demandent que les six fonctionnaires libyens condamnés en mars 1999 purgent leur peine.

Drame du DC 10 :
les familles des victimes manifestent à Paris
Les familles des 170 victimes de l'attentat terroriste perpétré par la Libye en septembre 1989 ne veulent pas faire les frais du dégel en cours entre Paris et Tripoli Elles ont manifesté hier
à Paris. Parmi elles, les familles des victimes picardes.

Ce n'est pas une matinée à mettre un manifestant dehors ! Toutes les gouttières de Paris déversent leur trop-plein. La pluie est obstinée. Quand elle cesse. Un gros nuage se gonfle à nouveau au-dessus du dôme doré au-delà de l'esplanade et elle recommence sans se fatiguer. C’est un temps de chagrin. Il va tout de même bien à la manifestation.
Jacqueline Van den Acker a mis devant ses yeux des lunettes de soleil comme on se protège dans un imperméable. Derrière les verres. ses lames restent pour elle seule, Elles restent invisibles à ses compagnons d'infortune qu’elle a rejoints dans le hall de la gare des Invalides, qui sert de point de rendez-vous.
Jacqueline est venue de Lille. Originaire de Doullens, elle habitait Amiens avant la catastrophe. Des Images d'autrefois la traversent : le quartier Beauvillé. la Cité scolaire où sa fille allait à pied. Elle s'appelait Michèle Vasseur. Elle était hôtesse de l’air, chef de cabine dans le vol N'Djamena-Paris, le 19 septembre 1989.
Le DC 10 d'UTA n’a jamais atteint sa destination. La Lybie avait placé une bombe dans l'appareil. Il a explosé en vol. Les débris et les corps se sont répandus dans le désert du Ténéré. Cent soixante-dix morts, enfants, femmes, hommes, membres de l’équipage, dont les cercueils sont arrivés quinze jours plus tard. Michèle avait 33 ans.
Sur la poitrine de la mère, le portrait rayonnant de la morte contraste avec la tristesse de la vivante. Les représentants des familles sont réunis maintenant devant une sorte de tremplin lancé dans le ciel où sont: inscrits le nom des victimes. On se relaie, comme le 11 novembre pour faire l'appel des morts. Mais à la fin de chaque série, on scande : assassinés !


Elle vient témoigner
sa douleur
devant tout le monde

Alors courageusement Jacqueline
Duplot quitte son mari Gérard, et vient, petite femme dans un imperméable aussi blanc que ses cheveux. témoigner sa douleur devant tout le monde. Ils sont venus de Doingt-Flamicourt, autrement dit de Péronne. Eux aussi, ils ont perdu un entant, leur fils unique, Patrick, 37 ans. Son travail dans une société parisienne de câble l'amenait à se déplacer en Afrique...

Alors que la pluie redouble, Marie-José Millasseau lui succède au micro. C'est la soeur de Georges
Raveneau, le commandant de
bord. Son épouse, Maryvonne, est là, dans la foule recueillie, avec son
fils, sous des parapluies, derrière le
le portrait du chef de famille, disparu à 41 ans. Au nom de Senlis, le visage de Mme Raveneau s'éclaire un instant. La Ville évoque pour elle le temps où la famille était au complet, le temps du bonheur, avant celui de la souffrance. La cérémonie tire à sa fin. Les participants déposent des fleurs au
pied de l'interminable liste en forme
d'aile, au bas de laquelle on a disposé une ailette calcinée du réacteur comme relique de l'avion. Jean-François Claisse, conseiller municipal d'Amiens, se joint au cortège dans son fauteuil roulant.
Sa soeur était l'amie de Michèle Vasseur. Elle faisait le même métier et avait le même âge.
Il est venu faire entendre sa dou
leur et sa colère, celles de ses
parents qui n'ont pas pu faire le
voyage. Dire comme tous les autres qui sont ici sur l'esplanade des Invalides, que 13 années se sont écoulées, qu'ils réclament toujours des comptes, qu'ils n'ont pas pu faire leur deuil.
Le moment est particulier. Le gouvernement leur semble passer tout cela à pertes et profits.
Pour des raisons de gros sous, ne se remet-il pas à faire des courbettes au colonel Kadafhi ? Ils en voient la preuve, vendredi, dans le voyage éclair de Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères, à Tripoli,et, aujourd'hui dans la réunion de la commission mixte franco-lybienne à Paris
Avant les indemnités, les familles réclament justice. Ells exigent que les six terroristes, au lieu de se la couler douce, exécutent Ies peines auxquelles les a Condamnés la cour d'assises de Paris en mars 1999.


JEAN-MARIE DEROY

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La mère de Michèle Vasseur,
hôtesse de l'air avec la photo
de sa fille au centre.

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Les parents de Patrick Duplot au centre

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Le fils et la femme du commandant
de bord qui habitait Senlis.

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Jean-François Claisse, frère d'une
hôtesse de l'air disparue

 

Le rapprochement franco-lybien
La France et la Libye ont franchi une nouvelle étape dans leur rapprochement en tenant hier à Paris la première réunion depuis vingt ans d’une Commission mixte fixant les grandes lignes de la coopération bilatérale.
Les travaux de la commission, qui s'achèvent aujourd'hui, ont été ouverts au Centre des conférences internationales par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Dominique de Villepin et Abdel Rahmane Chagrain.
« Nous sommes engagés dans la définition d'une relation que nous voulons marquer du sceau du dialogue », après « une longue période de crise et d'incompréhension », « pour surmonter avec responsabilité et lucidité les épreuves du passé », a déclaré M. de Villepin.Cette commission ne s'était plus réunie depuis vingt ans en raison notamment des conflits au Tchad, de l'attentat contre l'avion d'UTA et de l'implication de la Libye dans des activités terroristes qui provoquèrent la mise en place jusqu'en 1999 d'un embargo de l'ONU.
Le rapprochement avait été scellé vendredi par une visite à Tripoli de M. de Villepin.
Composée en fait de deux commissiions, chargées respectivement de la coopération dans le domaine scientifique et technique et en matière économique, la Commission
mixte composée d'une vingtaine de diplomates et d'experts de chaque pays doit déterminer Ies grands axes de la coopération pour les deux ou trois prochaines années.
Riche pays pétrolier la Libye recherche aussi des investisseurs pour développer ses infrastructures, notamment dans le tourisme et souhaite accroître ses échanges commerciaux avec la France
Evoquant la lutte contre le terroirsme, M. de Villepin avait auparavant souhaité que la Libye, qui a montré clairement, seIon des sources diplomatiques, sa volonté de renoncer à l'action violente clandestine, « reste mobilisée dans ce combat collectif ».
S.O.S. Attentats : un crime contre l'humanité

Françoise Rudetski, présidente de l'association SOS Attentats, s'est montré particulièrement offensive sur l'esplanade des Invalides.
Elle n'en est pas à l'apaisement, que pourrait lui suggérer une quelconque raison d'État, avec le colonel Kadhafi et son régime Son association entend au contraire utiliser tous les moyens de droit pour demander des comptes aux six Libyens incriminés par la cour d'assises de Paris en mars 1999, au chef de l'État libyen et à l'État libyen lui-même.
Le dispositif comprend trois parties. Une Plainte a été déposé devant la Cour européenne des droits de l'homme l'an dernier.
Une autre, plus prometteuse dans le fait que les États-Unis font peu de cas de la prescription et de l'immunité des dirigeants nationaux dans ce type d'affaire, a été présentée, il y a quelques jours, à la Cour fédérale par les familles des sept victimes américaines.

Enfin, S.O.S. Attentats a l'intention de déposer une plainte pour crime contre l'humanité, ou il n'y a pas non plus de prescription, en raison de 1a gravité des faits et de leur caractère international, les victimes appartenant à dix-sept nationalités différentes. « Vous avez le droit d'être en face de vos bourreaux », a déclaré aux familles Mme Rudetzki, qui compte surtout sur la cour fédérale pour faire avancer les choses.
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