victimes attentat

(Vendredi 15 août 2003 14h30)

 Paris insiste sur une hausse des indemnisations dans l'attentat d'UTA

PARIS (AFP) - Les autorités françaises insistent depuis plusieurs jours sur une révision à la hausse des dédommagements des familles des victimes de l'attentat contre un avion d'UTA en 1989 attribué à la Libye, pour approuver une levée des sanctions internationales contre Tripoli.

Selon des responsables américains, la France serait prête à mettre son veto à une levée de ces sanctions imposées depuis 1992 contre Tripoli si une majoration de ces indemnisations n'était pas conclue. Et un responsable américain a dénoncé un "chantage" de Paris dans cette affaire.A Paris, les responsables se sont gardés de préciser jusqu'où pourrait aller la France mais le ministère des Affaires étrangères a rappelé jeudi qu'une solution à cette question était "une condition indispensable à la levée définitive des sanctions contre la Libye".

La levée des sanctions pourrait être envisagée rapidement au Conseil de sécurité des Nations unies après la conclusion d'un accord entre la Libye et les avocats des ayants droit des familles des victimes d'un autre attentat, celui de Lockerbie, le 21 décembre 1988. L'explosion d'un Boeing de la Panam, au-dessus du village écossais de Lockerbie, avait fait 270 victimes.

Aux termes de cet accord, 2,7 milliards de dollars au total seraient versés aux parents des victimes de manière échelonnée. Quatre millions de dollars seraient versés à chaque famille de victimes de l'attentat à la levée des sanctions de l'ONU, quatre millions supplémentaires à la levée des sanctions américaines et encore deux millions quand la Libye ne figurera plus sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme.

En regard, le règlement de l'attentat du 19 septembre 1989 contre un appareil de la compagnie française UTA, qui reliait Brazzaville à Paris et a explosé au-dessus du Niger, faisant 170 morts, apparaît déséquilibré.

En 1999, six Libyens avaient été condamnés par contumace par un tribunal parisien et la Libye s'était engagée à payer 35 millions de dollars aux familles des victimes, soit entre 3.000 et 30.000 euros par partie civile, au nombre de 313.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hervé Ladsous, avait souhaité récemment que "les indemnités versées dans l'affaire UTA soient jugées en équité par rapport aux compensations que recevront les ayants droit des victimes de Lockerbie".

Cette question a été soulevée par le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin avec ses homologues libyen, américain et britannique dans des conversations téléphoniques mardi et mercredi.
Mais des responsables américains ont considéré que l'insistance de la France relevait du "chantage". "Le chantage est un mot affreux mais c'est ce que les Français sont en train de faire", a estimé un responsable, sous couvert de l'anonymat. "Ils tiennent l'accord sur Lockerbie en otage", a-t-il ajouté.
Paris apparaît déterminé à gagner du temps dans la mesure où des progrès semblent avoir été réalisés avec la Libye.

Le collectif des familles des victimes de l'attentat contre le vol UTA est en négociation directe avec Tripoli pour obtenir une revalorisation des indemnisations, selon son porte-parole Guillaume de Saint-Marc. "On cherche à obtenir un document conjoint qui donne un chiffre ou, à défaut, une fourchette", avec une somme "comparable à celle de Lockerbie, déduction faite des taxes et des frais d'avocats, puisque nous sommes en négociation directe", a précisé M. de Saint-Marc.

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