victimes attentat

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(Vendredi 15 août 2003)

«Ne pas oublier les victimes du DC 10»

Guillaume Denoix de Saint-Marc, porte-parole du collectif des familles des victimes de l'attentat contre le DC 10 français d'UTA en 1989, commente pour Le Figaro les conséquences de l'accord sur Lockerbie.

Propos recueillis par Luc de Barochez

LE FIGARO. – Que vous inspire l'accord signé par la Libye pour indemniser les victimes de Lockerbie ?
Guillaume DENOIX DE SAINT-MARC. – Nous sommes très heureux que les victimes de Lockerbie voient le bout du tunnel. Mais il serait inacceptable que les familles de l'attentat du DC 10 soient oubliées. Nous réclamons un traitement équitable pour les victimes. La responsabilité de l'État libyen dans l'attentat a été établie par l'enquête du juge Bruguière et le procès qui s'est tenu à Paris en 1999. Les responsables libyens condamnés par contumace sont toujours en liberté en Libye. Nous première demande était de rouvrir le procès, en France, en présence des inculpés. A défaut, nous voulons une compensation pour la non-application des décisions de justice. Nous réclamons une reconnaissance de la responsabilité de l'État libyen et un règlement de l'aspect financier.

Comment se passent vos négociations ?
Officiellement, nous discutons avec la Fondation internationale Kadhafi de bienfaisance, dirigée par Seïf el-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi. Nous avons séjourné du 12 au 15 juillet à Tripoli et rencontré à deux reprises Seïf el-Islam. Nous nous sommes rendus de nouveau à Tripoli cette semaine, du 10 au 12 août. Nous avons un accord de principe sur un protocole de résolution de l'affaire. Il reste à trouver une entente sur le montant. Nous avons avancé un chiffre. Nous attendons une réponse. Nous espérons être recontactés dans les jours qui viennent.


Combien demandez-vous ?
Nous réclamons un traitement équitable par rapport aux victimes de Lockerbie, qui viennent de se voir reconnaître des indemnités de 10 millions de dollars par famille – en fait 7 millions de dollars environ, une fois défalqués les frais d'avocats et les retenues fiscales.


Si vous obtenez satisfaction, que se passera-t-il ?
Nous essayons de construire une solution définitive, pour l'ensemble des familles. Notre objectif est de créer une fondation indépendante qui recevra l'argent et distribuera les indemnités à tous les ayants droit. Parallèlement, nous avons proposé à la Fondation Kadhafi d'être associée à un geste de réconciliation, qui pourrait être l'organisation d'un voyage dans le désert du Ténéré pour les familles, afin de clore symboliquement le dossier.


Êtes-vous satisfaits du refus de la France de lever les sanctions de l'ONU contre la Libye tant que vous n'aurez pas obtenu justice ?
Nous apprécions la détermination de la France. Cela fait d'autant plus de bien que nous avions le sentiment ces dernières années d'avoir été abandonnés et trahis. On nous avait fait accepter en 1999 le procès par contumace, que nous trouvions très frustrant, comme une base juridique pour demander ultérieurement des comptes à la Libye. Mais une fois le procès achevé, plus rien ne s'était passé, au nom de la réconciliation franco-libyenne ! C'était quand même la France qui avait été visée dans l'attentat ! Grâce à notre action, il y a eu un revirement au plus haut niveau, au moment du voyage de Dominique de Villepin à Tripoli en octobre 2002. C'est notre collectif qui mène les tractations, ce sont des négociations privées, mais le soutien officiel est déterminant. Nous agissons en transparence complète avec le Quai d'Orsay.

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