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(Lundi 18 août 2003 7h48)

Attentat de Lockerbie: le décor du dernier acte se met en place à l'Onu

NEW YORK (AFP) - Le décor du dernier acte de la tragédie de Lockerbie (270 morts en 1988) se met en place lundi à l'Onu, avec le dépôt au Conseil de sécurité d'un projet de résolution britannique levant les sanctions prises contre la Libye, qui a reconnu sa responsabilité dans l'attentat.

Le rideau cependant ne tombera qu'après le vote par le Conseil de sécurité de cette résolution, qui doit lever les sanctions internationales prises contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et redonner à la Libye sa place dans le concert des nations.

Ce dénouement, qui n'est pas complètement acquis, fait grincer quelques dents, notamment parmi les familles des victimes et les opposants au régime libyen, qui estiment que le colonel Kadhafi ne mérite pas d'être récompensé.

La France, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, souhaite pour sa part, au nom de l'équité, que les victimes d'un autre attentat commis en 1989 par la Libye contre un avion de ligne français bénéficient des mêmes conditions financières que celles de Lockerbie.

La position de Washington, pourtant partie prenante à l'accord, manque de clarté: les Etats-Unis ont signalé qu'ils pourraient s'abstenir lors du vote à l'Onu, et ne semblent pas encore disposés à lever leurs propres sanctions contre la Libye.

Le vote doit intervenir "très bientôt" a indiqué vendredi Mikhaïl Wehbe, l'ambassadeur syrien qui assure ce mois-ci la présidence du Conseil de sécurité. Il s'est cependant refusé à préciser la date du scrutin, soulignant que la procédure doit être respectée.

Traditionnellement, un délai minimum de 24 heures doit intervenir entre le dépôt officiel d'un projet de résolution et sa mise au vote mais, si les auteurs du texte l'acceptent, il peut être étendu, sans limitation de durée, pour laisser la possibilité de régler d'éventuels points de désaccord.

Pour être adoptée, une résolution doit être approuvée par au moins neuf des quinze membres du Conseil de sécurité et ne faire l'objet d'aucun vote contre (veto) de l'un des cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie).

Paris n'a pas prononcé le mot de "veto" --"Ce n'est pas un mot qu'emploie un diplomate", remarque un diplomate de haut rang-- mais depuis le 7 août, avant même l'annonce de l'accord intervenu entre Washington, Londres et Tripoli, le ministère français des affaires étrangères a clairement indiqué sa position, destinée à défendre les intérêts des ayants droits des victimes du vol 772 de la compagnie française UTA.

"Les indemnités versées dans l'affaire de l'UTA doivent être jugées en équité par rapport aux compensations que recevront les ayants droits des victimes de Lockerbie. La France n'est pas prête à transiger sur ce point", avait alors dit le porte-parole du ministère, qui a eu l'occasion de le répéter depuis.

Le ministre français des affaires étrangères Dominique de Villepin a également informé la semaine dernière par téléphone ses homologues américain et britannique, Colin Powell et Jack Straw, de la position française. Rien n'indiquait dimanche que la France soit prête à l'assouplir.

Comparé à l'accord sur Lockerbie, qui prévoit que la Libye versera 10 millions de dollars par victime, celui du règlement de l'attentat du vol UTA, qui avait fait 170 morts, peut apparaître dérisoire: 35 millions de dollars au total, soit entre 3.000 et 30.000 euros pour chacune des 313 parties civiles.

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